Ce mardi 30 mars marque la troisième commémoration du début de la Grande Marche du Retour. Pendant près de deux ans, les Palestiniens de Gaza ont manifesté le long de la clôture israélienne pour que leurs droits fondamentaux soient protégés après plus d’une décennie de punition collective et de blocus illégal imposés par les autorités israéliennes.
En décembre 2018, selon les Nations Unies, 189 Palestiniens avaient été tués et 6 103 blessés par l’armée israélienne.
Aux yeux du Procureur de la Cour Pénale Internationale, il y a des raisons de penser que des crimes de guerre ont été perpétrés en Palestine occupée par les Forces de Défense Israéliennes – quelque chose que les associations locales des droits de l’homme avaient dénoncé depuis le début même des marches.
A ce jour, toutefois, la responsabilité de tous ces crimes continue d’être en suspens.
Quelle a été la position de l’Union Européenne dans tout ceci, pourriez-vous demander ? Après tout, l’UE a toujours maintenu une position de principe sur la responsabilité en tant que « pierre angulaire de la paix et de la sécurité ».
L’UE a aussi à sa disposition des dizaines d’instruments sur les droits de l’homme qui affirment un soutien sans failles à la justice internationale et au fait de rendre des comptes. De façon plus importante encore, en tant que premier partenaire commercial d’Israël, l’UE dispose du levier nécessaire pour faire respecter ces engagements de manière efficace.
Cependant, l’engagement ferme de l’UE en faveur de la justice internationale peut effectivement s’appliquer à la plupart des pays tiers, mais pas aux millions de Palestiniens qui vivent sous le contrôle d’Israël.
Malgré le fait que vendredi après vendredi, pendant plus d’une année, l’armée israélienne a tué des dizaines de civils palestiniens, parmi lesquels des infirmiers et des journalistes, l’UE s’est refusée à appeler Israël à cesser de tirer sur des manifestants non armés qui ne représentaient aucun danger pour qui que ce soit – une violation évidente du droit international.
Le silence de l’UE
De façon symbolique, les seuls mots de condamnation sont venus du Service Européen d’Action Extérieure et visaient les factions palestiniennes. Pas un seul mot n’a été prononcé contre l’armée israélienne bien qu’elle ait été responsable de centaines de morts et de milliers de blessures le long de la clôture du périmètre de Gaza.
A l’examen du soutien à la responsabilité internationale, l’UE est demeurée une fois de plus silencieuse sur la question.
La Belgique, la Slovénie et l’Espagne ont été les seuls trois États membres à appuyer la création en 2018 d’une Commission d’Enquête des Nations Unies.
Un an après, quand le rapport final de la Commission d’Enquête a été remis, l’Espagne a été le seul état-membre de l’UE à le soutenir au Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies. Lors de la résolution de suivi l’année dernière, pas un seul état-membre de l’UE n’a voté pour.
Jusqu’à présent, le message de l’UE aux Palestiniens est clair : « la justice existe, mais pas pour vous ».
Vous pouvez qualifier cela d’occupation militaire, d’apartheid ou d’annexion rampante, de un ou deux états – cela ne fait pas de différence : la réalité de la situation israélo-palestinienne est une impunité totale, un manque criant de justice incompatibles avec les fondements même de la dignité humaine. Et l’UE ne semble pas s’en offusquer.
Seule une lueur de responsabilité internationale pourrait briser ce schéma.
A cet égard, la récente ouverture d’une enquête en Palestine de la Cour Pénale Internationale offre une occasion historique pour l’UE d’inverser cette tendance et de soutenir efficacement la demande de rendre des comptes.
Mais là encore, le tableau est plutôt sombre.
Alors que l’UE a officiellement soutenu les procédures de la CPI dans la grande majorité des états tiers soumis à enquête, les procédures palestiniennes à la CPI dans leur intégralité, depuis l’adhésion en 2015 de l’Autorité Palestinienne au Statut de Rome jusqu’à l’ouverture de l’enquête par le ministère public, ont été accueillies par l’UE au mieux avec indifférence et au pire par le rejet.
Cette injustifiable attitude exceptionnelle que l’UE met en pratique sur la Palestine est une violation de l’universalité même des droits de l’homme et doit prendre fin : si les droits de l’homme n’existent pas pour les Palestiniens, alors les droits de l’homme n’existent pas du tout.
Traduction : AFPS