D’après des militants sur le terrain, 150 militaires forcèrent l’entrée dans la caravane avec des masses et des chaînes. La caravane fut ensuite soulevée avec une grue pour empêcher les gens d’y revenir.
L’armée israélienne a évacué jeudi après-midi (22 décembre 2005) environ 50 militants de gauche qui s’étaient barricadés dans une caravane “avant-poste” installé près du village de Bil’in en Cisjordanie sur une terre coupée du village par la clôture de séparation.
Plusieurs militants furent également détenus pour interrogatoire. Les militants à l’intérieur de la caravane comprenaient 30 Palestiniens et vingt militants de gauche Israéliens.
La caravane était située sur une terre jouxtant le quartier de Matityahu Est de Modi’in Illit, où des centaines d’habitations illégales juives ont récemment étaient construites.
« Il s’agit ici d’une terre Palestinienne privée et non d’une terre publique. Le conseil de village a approuvé l’installation d’une caravane et de ce fait cette structure est légale » déclara l’avocat Michael Sfard qui représente les habitants du village.
“Ce serait la preuve flagrante d’une exécution discriminatoire de la loi s’ils s’occupent de cette pauvre caravane avant les centaines d’habitations construites illégalement dans Modi’in Illit » ajouta-t-il.
Sfard déposa une lettre au nom de la Paix Maintenant à l’Administration Civile demandant un arrêt des constructions d’ici une semaine. A la fin de cette période, écrit-il, il s’adressera à la Cour Suprême.
“Après ce qui s’est passé aujourd’hui à Bil’in, il n’y a aucune raison que l’Etat soutienne sa décision de poursuivre la construction à Matitiyahu » déclara Sfard.
« Maintenant la vérité a éclaté, et la vérité est que les Juifs ont le droit de bafouer la loi mais pas les Palestiniens ».
« Ceci, » poursuivit Sfard, « porte le nom d’apartheid. »
Les sources militaires déclarèrent qu’ils étaient conscients qu’après l’évacuation ils devraient expliquer à la justice pourquoi ils se dépêchaient d’agir contre une installation illégale Palestinienne et tardaient à résorber les constructions illégales dans les colonies.
Selon une des sources, l’avant-poste Palestinien « devenait un problème sécuritaire dès qu’il n’y avait pas de clôture séparant les résidents de la caravane du territoire israélien. »
Mohamed Khatib, un membre du Comité Populaire de Bil’in contre le Mur, déclara que la caravane était placée sur une terre appartenant à un habitant du village et détenait un permis de construire accordé par le conseil du village de Bil’in.
La clôture coupe les habitants du village d’environ la moitié de leurs terres.
Khateb déclara aussi que le comité à l’intention d’installer un « centre pour la lutte commune pour la paix, » à l’endroit de la caravane.
Le député Roman Bronfman (Meretz), qui a récemment visité Bil’in, déclara que l’évacuation de la caravane démontrait les doubles normes du gouvernement israélien quand il s’agit de la clôture de séparation, qui vise à voler les terres Palestiniennes au profit de la colonie proche.
Le militant de la Paix Maintenant Dror Ateks a dit « il est intéressant de constater comment des centaines de maisons ont été construites illégalement, et que l’armée n’arrive toujours pas à les trouver, mais qu’à Bil’in c’était découvert en 48 heures. »
Précédemment, l’armée israélienne informa les Palestiniens qui avaient installé « l’avant-poste » qu’ils seraient bientôt évacués, et des grenades lacrymogènes furent utilisés pour disperser d’autres habitants qui se dirigeaient vers le site.
Mais malgré les efforts de l’armée, environ 20 Palestiniens portant des sacs de ciment réussirent à atteindre le site et annoncèrent leur intention de construire vendredi ce qu’ils appelaient « le quartier ouest de Bil’in ».
Bil’in est devenu le symbole de la lutte contre la clôture de séparation, devenant le lieu de dizaines de manifestations communes israélo-palestiniennes cette dernière année. Certaines de ces manifestations se terminèrent en affrontements violents avec les forces armées.
S’occuper de la caravane pourrait être embarassant pour l’armée israélienne et l’Administration Civile.
Akiva Eldar de Ha’aretz a récemment évoqué l’aveu de l’Administration Civile quant à la construction de 750 habitations de manière illégale, sans permis d’aucune sorte. La caravane, qui arriva mercredi d’Israël, est située à environ 100 mètres du site de construction Matityahu Est.
D’après la loi, l’Administration Civile peut enlever la caravane dans le mois suivant son installation sans que cela nécessite une procédure juridique. Mais l’armée israélienne sait que si cela se fait, les Palestiniens accuseront formellement de discrimination l’Administration Civile qui se dépêche de démanteler une caravane Palestinienne isolée tout en ignorant des centaines d’habitations illégales dans un proche quartier juif.
L’Administration Civile déclara que la construction dans Modi’in Illit était effectivement illégale et que « la direction de l’Administration examine les options pour aborder la situation ».
Les mêmes sources disaient être conscients que dès que la caravane serait enlevée, ils auraient à expliquer à la justice pourquoi ils se dépêchent d’agir contre une construction Palestinienne illégale tout en prenant tout leur temps pour s’occuper des habitations illégales des colons.