Deux soldats sur 10 ont voté pour le Sionisme religieux, la liste qui comprend le parti Otzma Yehudit d’Itamar Ben-Gvir. Deux soldats sur 10 sont kahanistes. Deux soldats sur 10 sont en faveur du transfert, de l’annexion, de la mort aux terroristes, de la mort aux Arabes.

Deux soldats sur 10 pensent qu’ils appartiennent à une nation supérieure et que les Palestiniens n’ont aucun droit ici. Ils pensent aussi que tout est autorisé aux soldats, qu’ils ont toujours le droit de tirer pour tuer, que les Arabes ne comprennent que la force et l’humiliation, qu’ils ne sont pas des êtres humains. Deux soldats sur dix sont kahanistes, mais parmi les soldats servant en Cisjordanie, ce nombre est beaucoup plus élevé. Dans la brigade Kfir, et en particulier dans son bataillon Netzah Yehuda, il y a certainement plus de kahanistes que dans la police des frontières, l’unité 8200 du renseignement militaire ou l’escadron Golden Eagle de l’armée de l’air israélienne.

Il n’est pas déraisonnable de penser qu’environ la moitié des soldats servant dans l’occupation ont voté pour Otzma Yehudit en déposant un bulletin pour le Sionisme religieux. Pour eux, la décision n’est pas seulement théorique. Ils ne croient pas simplement en Ben-Gvir, mais ils pratiquent ce qu’il prêche. C’est ce qui rend leur choix si horrible.L’avantage, cependant, du succès électoral de Ben-Gvir est qu’il fait remonter la vérité à la surface. Fini le temps des histoires de soldats tourmentés par leurs actes. Tout ce que nous avons toujours soupçonné sur le comportement brutal, parfois barbare, des soldats des FDI, des membres de la police des frontières et de la police israélienne a été confirmé par le décompte des voix. Les électeurs de Ben-Gvir dans les FDI constituent l’une de ses plus grandes sources de soutien.

Quiconque voit le comportement des soldats dans les territoires ne peut qu’être surpris qu’Otzma Yehudit n’ait pas recueilli 100 % de leurs votes. Ben-Gvir les exhorte à se conduite en membres d’unités d’assaut [Ndlt : référence aux sections d’assaut allemandes de la 1ere guerre mondiale et aux SA de la 2eme guerre mondiale] et ils l’en remercient dans les urnes. Ils n’ont pas besoin d’entraînement, ils ne voient rien de mal à être un soldat d’assaut, surtout lorsque les réactions de leurs commandants à leurs actes vont de l’indifférence à l’encouragement.

Ne vous y trompez pas : Les soldats du rang n’ont pas été les seuls à avoir voté pour Ben-Gvir, certains de leurs commandants l’ont fait aussi. La tentative de prétendre que les soldats ont voté contre leurs commandants (Yoav Limor, Israel Hayom, 4 novembre) est encore un effort désespéré pour aseptiser et embellir le haut commandement, si génial et éclairé.

Prenez, par exemple, le commandant de la brigade régionale Menashe, le colonel Arik Moyal, un colon de Tapuah, qui a appelé à frapper les "voyous" du camp de réfugiés de Jénine à coups de poing dans la figure : Pour quel parti a-t-il voté ? Et l’ancien commandant de la brigade régionale de Samarie, le colonel Roi Zweig, qui a déclaré à des étudiants de la Yeshiva Alon Moreh que le mouvement de colonisation et l’armée sont"une seule et même chose" ? Peu importe comment ils ont voté, l’esprit est celui de Ben-Gvir ; le temps, comme le disait le slogan de sa campagne, est, parmi toutes les unités FDI dans les territoires, le temps de Ben-Gvir.Les soldats qui se tiennent prêts pendant les pogroms, et qui même aident les auteurs de ces actes, sont la preuve de l’esprit des FDI. Le fait que le haut commandement accepte tranquillement les événements de ces derniers mois, y compris les meurtres de dizaines d’adolescents et de jeunes enfants, en se contentant des mensonges et des tentatives de dissimulations de l’unité porte-parole des FDI, ne fait que prouver que Ben-Gvir est le véritable visage des FDI en Cisjordanie. L’élection l’a confirmé.

Cette élection devrait mettre fin au mensonge selon lequel les FDI sont une armée morale. Les soldats et les commandants qui votent massivement pour un parti qui, en Europe, serait considéré comme néo-nazi, définissent l’image de l’armée. Depuis que les colons ont pris le contrôle des postes de commandement de l’armée, principalement en Cisjordanie, les FDI, qui ont toujours été politiques, sont devenues plus droitières que jamais.

Le fait que ceux qui sont au sommet n’aient pas levé le petit doigt pendant toutes ces années - et encore moins après l’affaire Elor Azaria, le dernier soldat à avoir été poursuivi dans les FDI pour homicide involontaire - ne les exonère pas de leur responsabilité dans ce glissement vers la droite. Lorsque les soldats ne sont pas poursuivis pour homicide, même lorsque les preuves le réclament à cor et à cri, et lorsque les règles d’engagement ne sont pas seulement assouplies mais en pratique complètement annulées - lorsque tuer est autorisé et même souhaitable - l’esprit de Meir Kahane est encouragé. Le chef d’état-major Aviv Kochavi et le reste du haut
commandement peuvent regarder ailleurs et réciter de nobles déclarations sur les principes, mais ils sont responsables de l’établissement d’une nouvelle armée dans les territoires, l’armée de Ben-Gvir, la plus dangereuse des armées d’Israël.