Tom Philips, l’un des diplomates occidentaux les plus influents parmi ceux ayant travaillé au Moyen-Orient au cours des dernières années, suggère que l’Union européenne devrait repenser son aide à l’Autorité palestinienne de manière à placer tout le fardeau de la responsabilité de l’occupation sur Israël - une charge que l’opinion publique israélienne ne pourra probablement pas assumer.
Dans un long éditorial publié dans le mensuel britannique « Prospect Magazine," Philips énonce dix règles qui brossent un sombre tableau des chances d’élaborer et d’appliquer un accord de paix pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Philips affirme qu’il lui est impossible d’imaginer qu’un gouvernement américain quelconque puisse prendre les mesures nécessaires pour amener Israël à réaliser ce qui apparaît dans le meilleur intérêt de cet Etat. Il ne pense pas non plus qu’un gouvernement israélien quelconque puisse freiner le mouvement de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem de manière à rendre applicable la solution à deux Etats. De même, il ne croit pas qu’une direction palestinienne soit en mesure de faire les compromis nécessaires sur le « droit au retour », compromis sans lesquels aucun Israélien n’acceptera un quelconque accord de paix.
L’ambassadeur, qui avait déjà été en poste à l’ambassade britannique en Israël dans les années 1990, doute également que le leadership arabe soit capable de transformer l’Initiative de paix de 2002 en un programme gouvernemental qui soutient la paix entre Israël et les Palestiniens.
Le diplomate européen à la retraite reproche à l’Union européenne de ne pas utiliser les outils en sa possession pour initier le processus diplomatique. Tom Philips soutient que l’UE - importateur principal de produits israéliens et très important partenaire économique - n’a pas utilisé du point de vue stratégique l’influence potentielle que lui confère cette position au fil des années. Et l’Europe a échoué également à contenir d’autres factions radicales dans la région. Philips suggère de mettre l’accent sur un accord transatlantique qui associerait les importantes carottes requises pour inciter les deux parties à aller de l’avant à de fortes pénalités au cas où ils ne parviendraient pas à faire des progrès.
Philips affirme que les États-Unis favorisent Israël et qui leur est donc impossible d’agir comme le ferait un véritable et impartial médiateur. A ce propos, il soutient que l’attitude soupçonneuse de Yasser Arafat à l’égard des Américains était justifiée car ces derniers avaient « mijoté » les Accords de Camp David à l’avance avec Israël, en 2000.
Selon Tom Philips, le président Obama doit prouver qu’il peut être l’exception à la règle et qu’il y a un espoir d’assister à une intensification de la pression sur Israël s’il était réélu.
L’ancien ambassadeur note que les sommes exorbitantes données à l’Autorité Palestinienne par des puissances étrangères créent une dépendance. Il affirme que les Arabes croient que la partie israélienne a besoin de la « solution à deux Etats » plus que la partie palestinienne car, à l’instar de ce qui est advenu des royaumes des Croisés, Israël disparaîtrait s’il n’arrivait pas à conclure un accord de paix avec les Palestiniens et continuait de compter sur l’assistance de l’étranger.
Le diplomate à la retraite souligne que l’un des obstacles sur le chemin de la paix est la peur de chacun des protagonistes de se voir considérer comme une « bonne poire ». Les deux parties estiment que les concessions qu’ils ont faites dans le passé n’ont pas donné lieu à des concessions en retour, en conséquence de quoi ils campent fermement sur leurs position en refusant de faire plus.
En général, Israël a plus de cartes entre les mains et sera donc contraint de faire des compromis plus douloureux, précise Tom Philips en soulignant que le compromis le plus difficile - sans lequel un accord est impossible - est la nécessité de diviser Jérusalem et le Mont du Temple.
T. Philips conclut sa tribune en qualifiant la situation de « Tragédie grecque » sans « Happy end » en vue, en ajoutant : "J’espère que je me trompe."
Traduction LS pour l’AFPS