« L’aide totale, a dit M. Solana, atteindra même 655 millions d’euros, au lieu des 550 alloués en 2005, soit une augmentation de 19 %. La suppression de l’aide directe a été plus que compensée par l’accroissement de l’aide humanitaire et la mise en place d’un système appelé Temporary International Mechanism (TIM) qui a permis d’allouer environ 110 millions d’euros pour des besoins précis. ».
Et le journaliste poursuit : « Si la contribution budgétaire - financée par moitié par les pays arabes et l’Union européenne (UE) à hauteur de 364 millions de dollars -, a effectivement été supprimée en raison de la classification du Hamas comme organisation terroriste, cet apport financier a été largement compensé par l’accroissement de l’aide humanitaire à différentes ONG, ainsi qu’à l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNWRA). »
Le principal manque à gagner pour l’Autorité aurait une autre cause et « provient de la rétention par Israël du produit des taxes et des droits de douanes, soit entre 50 et 55 millions de dollars par mois. Ce qui représente, depuis avril, environ 400 millions de dollars, l’équivalent d’à peu près la moitié des revenus de l’Autorité palestinienne qui, en 2005, étaient de 1,2 milliard de dollars ».
Pourtant, cette analyse est partielle. Une aide directe à l’Autorité palestinienne et une aide humanitaire même de niveau équivalent, ce n’est pas du tout la même chose.
L’embargo imposé à l’Irak entre 1990 et 2003 devrait aider à le comprendre : le "programme pétrole contre nourriture" a permis, pendant près d’une décennie, d’empêcher la population irakienne de mourir de faim ; mais, dans le même temps, l’embargo a sapé les fondements même de l’Etat irakien (ses administrations, ses écoles, ses hôpitaux - les services de police seuls ont continué à vraiment fonctionner), a contribué à déliter toute la société.
Et l’invasion américaine du printemps 2003 a provoqué ce qui était inévitable à la suite de ce long embargo : l’effondrement de l’Etat irakien.
Le gel de l’aide à l’Autorité palestinienne a aujourd’hui les mêmes conséquences : affaiblir ce qui reste de cette Autorité, semer les germes du désordre et de la guerre civile, favoriser le développement de multiples centres d’autorité.