L’Assemblée générale des Nations unies a approuvé une résolution visant à commémorer le 75e anniversaire de la Nakba, terme utilisé pour décrire le déplacement forcé de centaines de milliers de Palestiniens avant la création de l’État d’Israël en 1948.
Quatre-vingt-dix pays ont voté en faveur de cette mesure, 30 ont voté contre et 47 se sont abstenus.
Cette résolution est l’une des cinq qui ont été votées à l’ONU jeudi et qui concernaient Israël et la Palestine. L’ONU a également voté en faveur du changement de nom d’un programme de formation au journalisme en l’honneur de Shireen Abu Akleh, une journaliste palestinienne tuée par les forces israéliennes lors d’un raid en Cisjordanie occupée.
Une autre résolution adoptée appelle à "l’arrêt de toutes les activités de colonisation, de la confiscation de terres et des démolitions de maisons, à la libération des prisonniers et à la fin des arrestations et des détentions arbitraires." Une dernière résolution demandait à Israël de renoncer à son contrôle sur la région occupée du plateau du Golan.
La résolution sur la Nakba prévoit l’organisation d’un événement de haut niveau à l’Assemblée générale le 15 mai 2023.
La Nakba, "la catastrophe", est le nom que les Palestiniens donnent aux massacres et à l’expulsion forcée qu’ils ont subis de la part des milices sionistes en 1948.
Des villages palestiniens entiers ont été massacrés, les bandes sionistes tuant sans discernement des civils non armés et en enterrant certains dans des fosses communes. La campagne israélienne a fait environ 15 000 morts parmi les Palestiniens et quelque 750 000 personnes ont fui leur foyer pour vivre en tant que réfugiés.
Les raids se sont poursuivis après l’annonce de l’indépendance d’Israël le 15 mai 1948. Israël désigne les événements de 1948 comme la guerre d’indépendance.
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Gilad Erdan, a condamné l’adoption de la mesure et a demandé aux délégués : "Que diriez-vous si la communauté internationale célébrait l’établissement de votre pays comme un désastre ? Quelle honte !"
Le diplomate israélien a déclaré que l’adoption de la résolution sur la Nakba entraverait toute chance d’un accord de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne.
La solution à deux États est presque morte
Pendant ce temps, l’envoyé palestinien auprès de l’ONU, Riyad Mansour, a averti l’ONU que la solution à deux États était en danger imminent et a exhorté l’organisme international à faire pression sur Israël ainsi qu’à accorder aux Palestiniens une reconnaissance totale.
Mansour a appelé l’ONU à reconnaître un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale.
"Nous sommes au bout du chemin pour la solution à deux États. Soit la communauté internationale trouve la volonté d’agir de manière décisive, soit elle laisse la paix mourir passivement. Passivement, pas pacifiquement", a déclaré Mansour aux Nations unies.
"Quiconque prend au sérieux la solution à deux États doit contribuer à sauver l’État palestinien", a-t-il déclaré. "L’alternative est ce sous quoi nous vivons actuellement - un régime qui a combiné les maux du colonialisme et de l’apartheid."
Mansour a également critiqué la nouvelle coalition d’extrême droite en Israël, dirigée par l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, qu’il considère comme "le gouvernement le plus colonial, raciste et extrémiste de l’histoire d’Israël."
Cependant, le représentant palestinien a également salué la demande de l’ONU d’un avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ) sur l’occupation par Israël des terres palestiniennes depuis 1967.
Les commentaires de M. Mansour et de M. Erdan interviennent dans un contexte de tensions accrues à la suite d’un pic de violence israélienne contre les Palestiniens en Cisjordanie cette année et d’une résurgence de la résistance armée palestinienne.
Les forces israéliennes et les colons ont tué 139 Palestiniens, dont au moins 30 enfants, en Cisjordanie cette année, ce qui en fait la plus meurtrière en moyenne mensuelle pour les Palestiniens depuis que les Nations unies ont commencé à enregistrer les décès en 2005.
Le nombre de victimes israéliennes a également connu un pic en 2022 par rapport aux dernières années. Dans le même temps, les attaques de colons contre les Palestiniens et les forces de sécurité ont connu une forte augmentation.
Tor Wennesland, envoyé de l’ONU au Moyen-Orient, a prévenu lundi que les tensions "atteignaient un point d’ébullition."
Traduction : AFPS