Le premier ministre Salam Fayyad a présenté lundi matin (14 février) sa démission au président Mahmoud Abbas. Celui-ci l’a reconduit dans ses fonctions pour former un nouveau gouvernement.
La démission du premier ministre Salam Fayyad est arrivée lundi matin sur le bureau du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Celui-ci l’a chargé dans la foulée de former un nouveau cabinet.
À la fin de l’année dernière, le président avait fait part de son intention de remanier le gouvernement. Il avait alors précisé que Salam Fayyad, un économiste de 58 ans premier ministre depuis 2007, serait reconduit dans ses fonctions.
Selon un communiqué diffusé lundi par la présidence, Mahmoud Abbas « a affirmé que le nouveau gouvernement devrait concentrer ses travaux sur la mobilisation de toutes les énergies en vue de l’établissement de l’État indépendant de Palestine en septembre prochain ». Le chef du gouvernement doit rapidement entamer des consultations avec les partis palestiniens et la société civile [1].
« Rétablir l’unité nationale »
En crise de légitimité après les fuites sur les négociations de paix avec Israël et la débâcle des régimes égyptien et tunisien, deux pays alliés [2], la direction palestinienne a annoncé samedi des élections générales d’ici à septembre [3]. Dès le 31 janvier, Salam Fayyad avait appelé les mouvements palestiniens à « commencer à réfléchir sérieusement à des élections générales », après le scrutin municipal prévu pour le 9 juillet. Il avait estimé « opportun de les utiliser pour mettre fin à la division et rétablir l’unité nationale ». Une allusion à la séparation de fait entre la Cisjordanie, dont l’Autorité palestinienne gouverne les zones autonomes, et la bande de Gaza contrôlée par le Hamas depuis juin 2007.
Le mouvement islamiste, vainqueur des législatives il y a cinq ans, a d’ores et déjà rejeté les deux scrutins prévus par l’Autorité palestinienne. Celle-ci avait déjà appelé à des élections générales pour le 24 janvier 2010, avant d’y renoncer face au refus du Hamas de les organiser à Gaza. Le Hamas conteste publiquement depuis des mois la légitimité du gouvernement de Ramallah et celle de Mahmoud Abbas. Le mandat du président a expiré en janvier 2009, mais il a été prolongé [4] jusqu’à l’organisation d’une nouvelle présidentielle afin d’éviter un vide institutionnel.
[1] voir Nicolas Falez, sur RFI :
Des Palestiniens espèrent un vrai changement, dans le droit fil de l’Egypte
Au centre-ville de Ramallah des drapeaux aux couleurs de l’Egypte rappellent que les yeux des Palestiniens étaient braqués sur la place Tahrir du Caire ces dernières semaines.
Les soubresauts dans le monde arabe touchent aussi les Territoires palestiniens.
Ce lundi matin, 14 février 2011, le Premier ministre Salam Fayyad a présenté la démission de son gouvernement et a été chargé par le président Mahmoud Abbas de former une nouvelle équipe. Ces derniers jours, l’Autorité palestinienne a annoncé la tenue d’élections présidentielle, législatives et municipales pour cette année.Comment les Palestiniens réagissent-ils à ces annonces en rafale ?
Centre-ville de Ramallah, sur la fontaine ornée de lions, un autocollant aux couleurs de l’Egypte rappelle qu’ici comme dans tout le monde arabe les yeux étaient braqués sur la place Tahrir du Caire ces dernières semaines.
Pour beaucoup de Palestiniens ce sont les événements en Egypte et en Tunisie qui ont incité l’Autorité palestinienne à remanier son gouvernement et à convoquer des éléctions.
« Nous avons besoin de changement, dit cette habitante de Ramallah, parce qu’actuellement ce sont les mêmes, tous les mêmes. Nous avons besoin de gens jeunes, avec de bonnes idées ».
Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza a déjà rejeté les annonces de l’Autorité palestinienne, qu’il s’agisse du remaniement gouvernemental ou des élections à venir.
« J’espère que le gouvernement Hamas à Gaza va changer d’avis, explique Jihad la cinquantaine, et qu’il va se joindre aux évolutions en cours. Le changement doit avoir lieu ici et à Gaza… ».
Ici, en Cisjordanie, on s’interroge sur les bouleversements en cours dans le monde arabe. Vont-ils changer la situation des Palestiniens ? Beaucoup de Palestiniens rappellent aussi que les Territoires sont toujours occupés et qu’un remaniement gouvernemental ou des élections n’y changent rien.
[2] voir AFP, relayé par le Figaro le 12/02/2011 :
Égypte : l’OLP exprime son soutien
La direction palestinienne a exprimé aujourd’hui son soutien au peuple égyptien dans sa lutte démocratique, au lendemain de la démission du président Hosni Moubarak sous la pression populaire. C’est la première fois que cette direction prend officiellement position en faveur du mouvement anti-Moubarak en Egypte.
"La direction palestinienne soutient le peuple égyptien dans sa détermination à apporter du changement et à consolider la démocratie", a déclaré à la presse le secrétaire du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Abed Rabbo.
"Le peuple palestinien souhaite que la grande nation égyptienne continue à jouer son rôle de pivot dans la région et dans le monde, ce qui est dans l’intérêt vital du peuple palestinien", a-t-il souligné après une réunion du comité avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
"L’Egypte a été un soutien fidèle du peuple palestinien dans sa lutte pour la liberté et l’indépendance et nous n’avons aucun doute qu’elle continuera à l’être et à soutenir sa juste cause", a-t-il ajouté.
Tirant le bilan du succès du mouvement de contestation en Egypte, il a estimé que "les peuples de la région sont capables d’obtenir la victoire et faire respecter leurs droits en faisant preuve d’unité, de responsabilité et en luttant pacifiquement".
Dans un appel téléphonique à M. Moubarak le 29 janvier, le président Abbas s’était borné à exprimer sa "solidarité avec l’Egypte" et son espoir que le pays surmonte la contestation.
L’Egypte, frontalière de la bande de Gaza et d’Israël, a joué un rôle majeur dans les pourparlers de paix entre Palestiniens et Israéliens —aujourd’hui au point mort— et a vainement tenté d’amener le Fatah du président Abbas à la réconciliation avec son rival Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2...
[3] voir aussi Reuters, relayé par Yahoo
Abbas dissout l’"Unité de soutien au négociations" avec Israël
Le président palestinien Mahmoud Abbas a dissous l’"Unité de soutien aux négociations" (USN), chargée de l’aider dans la conduite des pourparlers de paix avec Israël, aujourd’hui au point mort, a-t-on appris lundi de source proche de l’Autorité autonome.
Cette dissolution résulte de la découverte de l’implication de fonctionnaires de l’USN dans la divulgation par la chaîne de télévision qatarie Al Djazira d’un millier et demi de documents relatifs aux concessions que l’Autorité palestinienne serait prête à faire dans ses tractations avec l’Etat juif.
Ces fuites ont entraîné la démission, ce week-end, de Saëb Erekat, le négociateur en chef de la partie palestinienne, qui a dit prendre sur lui la responsabilité de ces révélations portant sur plus d’une décennie de discussions avec Israël.
On ignore si Mahmoud Abbas a accepté la démission présentée comme irrévocable de ce proche collaborateur et fin diplomate, au fait des moindres détails des négociations.
La dissolution de l’USN et la démission d’Erekat portent un coup supplémentaire au processus de paix avec Israël, déjà moribond, Abbas refusant de le reprendre tant que se poursuivra la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Le président palestinien a répété lundi, à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du prophète Mahomet, qu’il excluait totalement de renouer le dialogue avec Israël tant que celui-ci ne renoncerait pas à "ces activités cancéreuses qu’on appelle colonies".
Mise sur pied en 1999, du temps du défunt Yasser Arafat pour fournir des conseils politiques, juridiques et médiatiques aux négociateurs palestiniens, l’USN bénéficiait de fonds de certains pays européens.
Une enquête des services de renseignement palestiniens auprès des 25 personnes qu’elle employait a permis d’établir que trois d’entre elles, qui auraient fui la Cisjordanie, seraient à l’origine des indiscrétions dont Al Djazira a bénéficié.
Selon Saëb Erekat, vétéran des négociations avec Israël, les documents divulgués par la chaîne satellitaire ont été sortis de leur contexte et sont, quoi qu’il en soit, sans valeur dans la mesure où aucun accord de paix n’est venu valider les concessions potentielles de la partie palestinienne.
Mohamed Assadi et Crispian Balmer, Marc Delteil pour le service français, édité par Gilles Trequesser
http://fr.news.yahoo.com/4/20110214...