Les Palestiniens se donnent en spectacle dans un mortel jeu de destruction. Les jeunes de Hamas et de Fatah s’affrontent dans des combats de rue. Plus de 31 morts. Une immense perte pour un pays déjà largement exsangue.
Un véritable gaspillage pour un peuple qui a besoin, plus que jamais, de rassembler ses forces pour se faire entendre dans une scène internationale instable. Penser que les Palestiniens préparent, de leurs propres mains, le lit de la guerre civile donne froid dans le dos.
Il est vrai que les démons de la division planent et crachent feu et venin au Moyen-Orient. Ici au Liban, là en Irak. Depuis l’exécution barbare et médiatique de Saddam Hussein, on veut, par tous les moyens de la propagande, imposer l’idée farfelue d’une guerre montante entre sunnites et chiites. Tous les moyens sont utilisés pour que les opinions admettent ce scénario.
Au point qu’une grande agence de presse, la française AFP, invente un caractère chiite à l’Achoura, célébrée hier, et profite pour charger « la dynastie sunnite des Ommeyyades » (qui avait pour capitale Damas), accusée d’avoir tué l’imam Hussein. Ce genre de cafouillage, qui n’est pas né d’une idiotie journalistique, est à la mode.
L’un de ses objectifs stratégiques est de créer un écran de fumée sur le génocide contre le peuple irakien (plus de 300 morts entre samedi et lundi). Il y aussi cette obsession maladive de vouloir isoler l’Iran et lui tailler le costume du méchant monstre.
Dans ces plans qui font appel à la haine et au mensonge, les déchirements interpalestiniens s’ajoutent comme du sel sur la plaie. Les enfants palestiniens, qui ne mangent pas à leur faim et qui souffrent de froid, avaient-ils besoin de voir des balles siffler au-dessus leur tête ?
Le Hamas autant que le Fatah portent une grande responsabilité dans ce drame honteux. Le mouvement d’Ismaïl Hanniyah n’a pas d’autre choix que de faire preuve de sagesse et de réalisme en acceptant de cohabiter avec le Fatah et de prendre en compte la contrainte d’un monde extérieur hostile. Et l’organisation de Mahmoud Abbas ne peut pas continuer à se comporter comme si elle avait un droit divin sur le peuple palestinien.
L’Etat que les Palestiniens veulent construire ne peut se faire sans l’adhésion de l’ensemble de la société avec ses sensibilités et ses différences. Le langage de la violence interne neutralise cet espoir et sert - c’est évident - les intérêts d’Israël.
Israël qui, selon le quotidien Jerusalem Post paru hier, va acheter des milliers de bombes intelligentes aux USA [1]. Le dialogue paraît être une voie inévitable pour éviter l’escalade à Ghaza, Ramallah ou ailleurs. En rangs dispersés, les Palestiniens ne pourront relever aucun défi. A commencer par celui de trouver une place dans la géographie.