Ce festival, organisé chaque année dans le cadre du programme des capitales culturelles arabes, devait être lancé au début de l’année à Jérusalem. Reporté à cause de la guerre à Gaza, l’événement a officiellement été lancé samedi, mais non sans difficultés.Tous les documents des organisateurs du festival ont été saisis jeudi soir lors d’un raid surprise dans un hôtel de Jérusalem-Est. Selon le ministère israélien de l’Intérieur, depuis l’an 2000, il est interdit à l’Autorité palestinienne d’organiser des événements en territoire israélien.
Les artistes des pays arabes voisins n’ont pas pu se joindre au festival, comme cela se fait traditionnellement, a regretté Ouda Iman, responsable du centre culturel d’al-Qods : « Malgré l’accord de paix entre Israël et l’Egypte, même les artistes égyptiens n’ont pas accès à Jérusalem pour fêter al-Qods, capitale culturelle 2009 ».
Entre les visas refusés et les nombreuses autres interdictions, le festival a finalement été lancé à 10 km de Jérusalem, dans la ville de Bethléem, sous contrôle palestinien. Jérusalem, censée être au coeur du festival, n’a pas été célébrée comme prévu, mais pour les Palestiniens il était important de maintenir l’événement. Selon Ouda Imam, « la résistance culturelle est une résistance importante. Nous, les Palestiniens, nous avons résisté de plusieurs manières. Que ce soit par la non-violence ou la culture ».
Quelques heures après avoir donné cette interview, Ouda Iman était arrêtée par la police israélienne, alors qu’elle tentait, samedi matin, dans la vieille ville, d’organiser un événement avec des enfants, pour le festival.
A Ramallah
Keffiehs et costumes traditionnels, des danseurs de Toulkarem ont célébré dans les rues de Ramallah le lancement du festival « Jérusalem 2009, capitale de la culture arabe ».
Jérusalem n’est qu’à une quinzaine de kilomètres, mais pour ces jeunes Palestiniens, la distance était infranchissable : « La dernière fois que je suis allé à Jérusalem, c’était il y a environ dix ans, avant la seconde Intifada. J’avais douze ans. Pour nous, les Palestiniens, il est interdit de nous rendre à Jérusalem ».
Derrière ce festival culturel, le message était très politique. L’Autorité palestinienne veut afficher ses revendications sur la ville sainte comme future capitale d’un Etat palestinien. La directrice au ministère de la Jeunesse et des Sports, à Ramallah, a refusé de considérer le siège de l’Autorité palestinienne [1] comme sa capitale : « Jérusalem est notre capitale historique, mais Israël nous empêche d’y aller. Alors pour cette raison, nous tenons ce festival dans d’autres villes, jusqu’au jour où nous pourrons le faire à Jérusalem. Là, c’est pour montrer au monde que nous avons une capitale, mais que nous ne pouvons pas nous y rendre ».
À Jérusalem, la police israélienne avait reçu l’ordre d’empêcher toute célébration dans les quartiers arabes, considérant qu’il s’agissait d’une atteinte à la souveraineté de l’Etat hébreu sur la ville.