Nasser Abu Srour, prisonnier palestinien depuis 1993, livre dans Je suis ma liberté un récit poignant de sa captivité. Son ouvrage, qui s’inscrit dans une longue tradition littéraire arabe de récits de prison, offre un témoignage unique sur les conditions de détention en Israël et la lutte palestinienne.
Le livre est une exploration profonde de l’âme d’un homme confronté à l’enfermement. Abu Srour, à travers une écriture à la fois philosophique et poétique, noue un dialogue intime avec le mur de sa cellule, le transformant en confident et en miroir. Il explore ainsi les différentes facettes de sa condition de prisonnier : la solitude, la torture, l’espoir, le désespoir, mais aussi l’amour, qui vient bouleverser sa vie lorsqu’il rencontre une jeune avocate.
Au-delà du récit personnel, Je suis ma liberté est un document historique précieux. Il retrace l’évolution de la lutte palestinienne depuis la première Intifada jusqu’aux accords d’Oslo, en passant par les différentes phases de la résistance en prison. Abu Srour décrit les divisions au sein du mouvement national palestinien, les espoirs suscités par les négociations de paix et les désillusions qui s’ensuivent.
Le livre est également un témoignage sur les conditions de détention en Israël. Abu Srour évoque les interrogatoires, les tortures, les transferts de prison, les grèves de la faim et les tentatives de briser la volonté des prisonniers. Il dénonce les injustices du système judiciaire israélien et la politique de détention administrative qui permet d’incarcérer des Palestiniens sans procès.
Je suis ma liberté est bien plus qu’un simple récit de prison. C’est une œuvre littéraire majeure qui interroge les notions de liberté, d’identité et de résistance. C’est aussi un appel à la solidarité avec le peuple palestinien et à la lutte contre l’occupation israélienne.
Je suis ma liberté (Hikayat jidar), de Nasser Abu Srour, traduit de l’arabe (Palestine) par Stéphanie Dujols, Gallimard, « Du monde entier », 304 p., 22,50 €, numérique 14,90 €.
4ème de couverture
Incarcéré à perpétuité dans les geôles israéliennes, Nasser a dit adieu au monde. Au fil des années, un lien particulier s’est noué entre ce Palestinien et le mur qui lui fait face : celui-ci s’anime, répond et change d’apparence selon que l’espoir ou le renoncement domine. Surtout, il lui inspire ce texte. Depuis sa cellule, Nasser raconte son histoire et celle de son peuple comme s’il les extirpait du mur, faisant surgir par ses mots le monde qu’il a quitté. Lorsque Nanna, une jeune avocate qui rend visite aux prisonniers, s’éprend de cette âme libre, le monologue du condamné devient dialogue ardent. Mais l’amour peut-il patienter ?
Tels les Bédouins puisant dans un lexique infini pour décrire le désert, Nasser Abu Srour fait de sa prison un univers en expansion. Entre réalité et onirisme, Je suis ma liberté est un hommage visionnaire au pouvoir émancipateur de la littérature.