Cliquez ci-dessus pour écouter le Reportage d’Émilie Baujard, correspondante du Mouv’ à Ramallah en Cisjordanie.
C’est un geste rare. En Israël, critiquer l’action de Tsahal revient à trahir son pays. Adi et Gil en ont payé le prix, accusées de mensonge et d’anti-patrotisme. Ces deux jeunes femmes d’une trentaine d’années ont choisi de témoigner publiquement par le biais de l’association Breaking the Silence. Comme toutes les jeunes israéliennes, elles ont servi pendant deux ans au sein Tsahal (trois ans de service militaire pour les hommes.)
Les anciennes soldates évoquent les longues heures de garde dans les Territoires occupés. Intifada ou pas, il faut bien tromper l’ennui. Alors on joue avec des pétards. Des gros pétards.
"Un jour, on était en patrouille près du mur de séparation près d’un village palestinien. On s’ennuyait à mourir, vraiment. Et d’un coup mon commandant nous dit : « allez, on a qu’à lancer des grenades assourdissantes ! » Pour cela, le commandant a appelé la base et il a menti et il a dit que des enfants palestiniens nous lançaient des pierres et qu’on devait répliquer. Donc on a pris des grandes assourdissantes et on les a jetés sur les Palestiniens de l’autre côté du mur."
A l’époque, Adi avait 19 ans. Elle raconte aussi comment elle a mis en joue un enfant de 8 ans qui refusait de faire reculer son âne et sa cariole, simplement sous le coup de l’agacement. Des épisodes qui laissent à ceux qui temoignent un sentiment de honte et de culpabilité.
Au delà de la catharsis, les ex-militaires s’interrogent sur le bien fondé de l’action israélienne en Cisjordanie : entre maintien de l’ordre et violence gratuite, où se situe la frontière ? L’occupant est-il forcément un oppresseur ? Un cas de conscience résumé par Gil, qui a fait son service militaire à Hébron :
"Pour la société, il n’y pas d’occupation, les soldats sont juste là pour maintenir la sécurité. Mais vous êtes sûrs que c’est pour maintenir la sécurité ? la sécurité de qui ?"