Chères amies, chers amis,
J’ai rencontré en Palestine Izdahar J., une femme d’une cinquantaine d’
années qui habite un quartier périphérique de Hébron. Dans la pièce
principale de son logement, quatre portraits sont réunis sur une grande
photo : les quatre membres de la famille qui sont en prison.
Son mari, âgé
de 65 ans, est l’un des leaders du Front populaire pour la libération de la
Palestine à Hébron. Il est cardiaque, actuellement hospitalisé à la prison d
’Ashkelon. Izdahar pense qu’on le lui rendra quand il sera mort.
Deux de ses
fils, âgés de 20 et 21 ans, ont été condamnés à 7 ans de prison il y a 3
ans. L’un est détenu à Nafha et l’autre à Beersheva, dans le Néguev. Les
soldats sont venus les chercher à 4h du matin, ils ont fait exploser la
porte et ont tout cassé dans la maison, les ordinateurs, la télévision, les
meubles...
Ils reviennent depuis périodiquement ravager le logement de cette
famille devenue une cible du seul fait que le père appartient au FPLP. Un
troisième fils, étudiant de 23 ans, a été arrêté il y a deux mois et placé
en détention administrative pour une durée indéterminée. Il est à la prison
d’Ofer, près de Ramallah. Le fils restant, âgé de 14 ans, fait fonction de
chef de la maison.
Chaque semaine, quand Izdahar va voir l’un de ses quatre prisonniers, elle
se lève à 3h du matin pour prendre le car de la Croix-Rouge et elle est de
retour à minuit. Elle est fouillée à chaque visite et ne peut voir les siens
qu’à travers une vitre, les entendre que dans un microphone.
Les prisonniers ont besoin d’argent : l’ordinaire de la prison est
immangeable, on trouve des cafards dans la soupe. Il faut payer pour manger,
payer pour le téléphone... D’habitude, Izdahar envoyait à chacun d’eux 1000
shekels par mois. (un peu moins de 200 euros) Mais depuis quatre mois,
depuis le boycott du gouvernement élu, les familles de prisonniers ne
reçoivent plus le « salaire » qui leur était versé par l’Autorité
palestinienne. Izdahar n’a plus un sou, elle vit avec l’argent qu’on lui
prête dans le quartier.
Les trois prisonniers de la famille qui sont passés en jugement ont été
condamnés non seulement à des années de prison mais à des amendes très
élevées, de l’ordre de 10 000 shekels chacun. Si ces sommes ne sont pas
payées, ils ne seront pas libérés à la fin de leur peine.
Je propose que nous nous associons pour aider financièrement cette femme.
Certes, elle ne représente qu’un cas (quatre, si l’on veut) sur les 10 000
prisonniers palestiniens détenus par Israël, mais notre geste lui rendra
confiance et lui montrera qu’elle n’est pas tout à fait seule au monde avec
le fils qui lui reste.