... si bien sûr les va-t-en guerre et les occupants de ce monde le permettent. L’occupant israélien, lui, ne le permet pas et frappe !
Il frappe fort ce 9 juin 2006. Le vendredi est férié en Palestine. Le seul endroit où l’air est quelque peu respirable dans Gaza exsangue, c’est en bordure de mer. Les enfants y jouent, leurs mères à leurs côtés. La plage est touchée par une série de raids meurtriers israéliens tuant des femmes et des enfants et faisant de nombreux blessés. Israël veut « faire une enquête », « regrette que des innocents aient été touchés ». Après cet acte terroriste, c’est avec cynisme qu’Israël veut faire vivre le dicton : « je nettoyais mon arme et le coup est parti tout seul ».
Des voix se sont élevées contre les bombardements de l’armée d’occupation israélienne à Gaza, mais combien ? Ce ne sont pas les foules. Ce manque d’ampleur ne peut taire d’autres voix, celles qui minimisent, qui placent ce crime au niveau de l’erreur. La France, quant à elle, dénonce les moyens disproportionnés auxquels a recours la 4ème armée du monde, mais sans condamner Israël pour autant.
Cette nouvelle action meurtrière, d’autant plus choquante que les principales victimes sont des enfants jouant sur une plage, plonge davantage encore les Gazaouis dans les ténèbres. Oui, la Palestine est à bout ! Et Gaza encore plus ! Mais pas à genoux ! Occupation, barrages, bouclages, murs, assassinats ciblés, incursions, annexions, colonisation, F16, blindés, chars, sang, famine, et bien d’autres mots guère plus encourageants montrent le véritable visage d’Israël que la communauté internationale laisse se placer au-dessus du droit en toute impunité. Mais, en revanche, elle sait punir le peuple palestinien en arrêtant l’aide à l’Autorité palestinienne, parce que le résultat du vote d’une élection démocratique qu’elle a tant réclamée ne correspond pas à ses vœux.
Le peuple palestinien, en votant pour le Hamas, s’est exprimé avant tout contre le clientélisme du Fatah et pour l’amélioration des conditions de vie. Quelle autre alternative avait-il ?
Les Palestiniens ont donné une majorité Hamas au parlement, tout en restant très attachés à leur Président défunt, élu démocratiquement, Yasser Arafat, qui incarne la résistance palestinienne, l’identité nationale palestinienne et les acquis de l’OLP. Les Palestiniens ne souhaitent pas que ces acquis soient remis en cause. Aussi, sont-ils dans leur grande majorité pour la Paix, pour un Etat palestinien dans les frontières de 1967, à côté de l’Etat d’Israël malgré les pires humiliations que ce dernier leur fait subir, avec Jérusalem Est comme capitale. S’ils reprochent au Fatah de n’avoir pas su mener les négociations, ils en approuvent le choix. Les dirigeants du Hamas savent tout cela mais ne veulent pas en entendre parler. Le Président Mahmoud Abbas, lui aussi élu démocratiquement, et par ailleurs chef de l’OLP, connaît l’attachement de son peuple à ces valeurs. D’où la décision de référendum sur la reconnaissance implicite de l’Etat d’Israël. Ce référendum part des propositions de prisonniers, qu’ils soient du Fatah, du Hamas, du FPLP ou du FDLP, avec comme symbole de la résistance Marwan Barghouti, lui aussi, ancré dans le cœur des Palestiniens.
Bon nombre de prisonniers candidats Fatah ou Hamas aux municipales et aux législatives ont été élus. Voter pour eux était pour les Palestiniens leur façon de résister. En général, il sort souvent de l’univers carcéral politique des idées, des réflexions voire des stratégies intéressantes, que le plus commun des mortels parfois a du mal à s’imaginer ! Voir Mandela !
Pas étonnant que ce référendum soit rejeté à la fois par Israël car il vient perturber les plans du 1er ministre israélien concernant la question des frontières et l’annexion des colonies et par les dirigeants du Hamas, parti qui, il faut le rappeler, a pignon sur rue grâce à Israël..
Un référendum ne met pas en cause une élection, mais des questions stratégiques et d’importance vitale nécessitent l’avis d’un peuple. Le débat démocratique qui caractérise un référendum, à condition que celui-ci ne prenne pas le caractère d’un plébiscite, peut conduire un peuple à s’emparer du sujet. Tout cela n’est pas propre à la Palestine. Mais outre la Palestine occupée, quel autre pays arabe de la région organise des référendums et des élections démocratiques ?
Le massacre de l’armée israélienne à Gaza coïncide pratiquement avec la proclamation du référendum. Ce n’est donc pas un hasard. Avec cet acte meurtrier, Israël provoque le Hamas. La réaction ne s’est pas fait attendre : Les Brigades Ezzedine Al-Qassam ont fait savoir qu’elles « décideront du moment opportun et du lieu pour riposter avec force aux attaques criminelles d’Israël". Bref, il pourrait s’agir de la reprise des attentats-suicides, auxquels d’ailleurs s’opposent la majorité des Palestiniens. Du grain à moudre pour Israël et pour tous ceux qui sont pour l’impunité d’Israël ! Les medias s’emparent déjà des déclarations de la branche armée du Hamas. Plus question du massacre de l’armée israélienne à Gaza. Oublié. Envolé. Pschitt ! et ce, malgré l’image bouleversante - que les télévisions du monde ont passé en boucle - de cette petite fille pleurant de douleur le massacre de sa famille.
Pendant ce temps, au nom de l’autodéfense israélienne, Bush a décidé de se taire, la main sur le cœur sans doute, priant à coup sûr. Le coupable, Israël, agit en toute impunité. Le peuple palestinien, victime, est puni, humilié.
Le massacre de Gaza ? Des dégâts collatéraux diront les va-t-en guerre israéliens et de la Maison-Blanche. D’ailleurs que représente un Palestinien à leurs yeux ? Mieux vaut donner l’image d’un peuple barbare, afin que Monsieur Olmert puisse réaliser au plus vite ses plans d’annexion et qu’on n’en parle plus. A quoi bon montrer l’image d’un peuple capable d’organiser des élections démocratiques dans son pays occupé, à quoi bon respecter son vote, à quoi bon admettre que ce soit-disant peuple d’assassins soit attaché aux acquis de l’OLP, qu’un référendum, dont la tenue est condamnée par Israël et les dirigeants du Hamas, viendrait confirmer. Olmert le Conquérant verrait ses futures conquêtes partir en fumée et M. Bush ne pourrait plus brandir la bannière de l’autodéfense. Comme cela ne suffit pas, les USA, Israël et l’Union européenne affament les Palestiniens et en font une arme politique.
Ils savent que les Palestiniens, même à bout, ne plieront pas.
Plus que jamais, le peuple palestinien a besoin de notre solidarité.
Bien sûr, il faut intensifier nos actions et trouver des formes nouvelles, mais il est indispensable aussi :
D’éviter une éventuelle démobilisation dans nos rangs, dans le mouvement de solidarité en général, que pourrait susciter la situation actuelle. Pour cela, il est important de faire ressortir les contradictions ainsi que les interrogations que chacun et chacune pourraient avoir, pour qu’elles soient débattues démocratiquement jusqu’au bout. Le contraire qui consisterait à les placer au rang de tabou, serait précisément source de démobilisation ;
D’Elargir le mouvement de solidarité. Cela signifie aller par exemple vers celles et ceux qui signent des appels condamnant l’arrêt de l’aide de l’Union européenne à l’Autorité palestinienne, appels avec lesquels nous avons des divergences, car ils ne mentionnent pas l’occupation israélienne. Souvent ces personnes signent pour la première fois ces appels, fières, à juste titre de leur premier engagement pour la Palestine. C’est à nous ensuite de les informer.
L’élargissement du mouvement de solidarité est d’autant plus urgent qu’il faut peser sur la communauté internationale, notamment l’Europe, pour qu’Israël cesse ses crimes, ses assassinats ciblés et ne soit plus exempt de sanctions, pour que le peuple palestinien ne soit plus « un peuple sous embargo ».