Le Premier ministre libanais Fouad Siniora a appelé à un cessez-le-feu immédiat et global au Liban sous l’égide de l’ONU et accusé Israël d’infliger une punition collective aux Libanais. Il a fait porter à l’Etat hébreu la responsabilité de la catastrophe humanitaire et économique que connaît le Liban, en référence à la destruction de ponts, routes et infrastructures, et aux victimes civiles, près d’une centaine depuis mercredi, premier jour de l’offensive israélienne contre le parti chiite Hezbollah.
Samedi, 35 personnes ont péri dans des raids ainsi qu’un combattant du Hezbollah et un soldat libanais. Dix-huit personnes, dont onze enfants, ont notamment été tuées dans un bombardement alors qu’elles fuyaient leur village près de Tyr.
La marine et l’aviation israéliennes ont bombardé les ports de la capitale, de Jounyeh (20 km au nord de Beyrouth) et de Tripoli, principale ville du nord du Liban, tandis que le Liban était toujours soumis à un blocus quasiment étanche et que l’offensive continuait de pousser des milliers d’habitants du sud du pays à l’exode.
A Tel-Aviv, le général Gadi Azincot, chef des opérations, a annoncé que l’armée israélienne avait détruit tous les radars côtiers du Liban. A Beyrouth, les vedettes israéliennes ont ciblé les silos du port tandis que le phare de la capitale était également touché, selon un photographe de l’AFP. Le bombardement de ce secteur, la corniche de Beyrouth, très prisée des promeneurs, a semé une véritable panique parmi la population. Dans la banlieue sud de Beyrouth, l’immeuble abritant le quartier général du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a été détruit. La veille, Israël avait déjà frappé ce même bâtiment.
Un ministre israélien a averti samedi qu’Israël liquiderait le chef du Hezbollah à la première occasion. A Beyrouth, le quartier général du mouvement palestinien Hamas a été également la cible de l’aviation israélienne, selon un porte-parole de l’armée israélienne. A Baalbeck, dans l’est, elle a bombardé les domiciles de deux dirigeants du Hezbollah, dans ses premiers raids sur cette ville.
Par ailleurs, la police libanaise a fait état de tirs de quatre missiles air-sol sur la route du no man’s land, long de six kilomètres, entre le Liban et la Syrie, à 200 mètres du poste frontalier libanais de Masnaa. L’armée israélienne a indiqué que ces raids visaient à empêcher le Hezbollah de faire sortir du Liban les deux soldats israéliens capturés mercredi par le parti chiite, qui avait également tué huit soldats, déclenchant l’offensive de l’Etat hébreu.
La Syrie n’est pas un objectif de nos opérations, a déclaré samedi le général israélien Gadi Azincot, estimant que le Hezbollah voulait entraîner la Syrie dans cette bataille. Israël accuse cependant la Syrie de soutenir le Hezbollah. Dans le sud, l’armée israélienne a averti par tract la population qu’elle devait s’éloigner de la frontière avec Israël.
Guerre ouverte
Le Hezbollah, qui a déclaré une guerre ouverte à l’Etat hébreu, a donné la preuve de sa puissance militaire en frappant vendredi soir un navire de guerre israélien. Samedi, trois marins israéliens étaient toujours portés disparus après l’attaque de leur bâtiment. Le corps d’un quatrième a été retrouvé.
La Résistance islamique, branche armée du Hezbollah, a revendiqué plusieurs bombardements samedi de Tibériade, les premiers contre cette ville du nord-est d’Israël. Trois personnes ont été blessées.
A Haïfa, dans le nord d’Israël, l’armée a déployé des missiles anti-missiles Patriot pour protéger "la population contre toute éventualité". Auparavant, une dizaine de roquettes tirées du sud du Liban avaient touché le nord d’Israël, notamment la ville côtière de Nahariya.
Vendredi, deux Israéliens ont été tués par de tels tirs, portant à quatre le nombre de civils israéliens tués dans des attaques depuis le sud du Liban. Selon un responsable militaire israélien, le Hezbollah dispose de roquettes capables d’atteindre Tel-Aviv, la capitale économique d’Israël. Les présidents américain George W. Bush et russe Vladimir Poutine ont appelé ensemble à la paix au Proche-Orient, sans cacher leurs divergences.
M. Bush a martelé que la meilleure façon de mettre fin au conflit serait que le Hezbollah cesse d’attaquer Israël, tandis que M. Poutine a plaidé pour un recours à la force proportionné et dénoncé tant les enlèvements que des attaques contre les territoires d’autres Etats, autrement dit les frappes israéliennes.
Onu
Le Conseil de sécurité des Nations unies réuni vendredi s’est abstenu de demander un cessez-le-feu, comme le Liban le demandait, Washington s’abstenant de critiquer Israël. Israël a exigé samedi en vue d’un cessez-le-feu que le Hezbollah se redéploie au nord du fleuve Litani, qu’il remette à l’armée libanaise son arsenal de roquettes et que cette dernière prenne position le long de la frontière israélo-libanaise.
Au Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a déclaré que le processus de paix au Proche-Orient était "mort", à l’issue d’une réunion d’urgence des ministres arabes des Affaires étrangères. Le roi Abdallah II de Jordanie a demandé au secrétaire général de l’ONU Kofi Annan "l’intervention immédiate" de cette organisation.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, dont le pays a démenti toute implication dans les attaques du Hezbollah contre Israël, a affirmé qu’Israël utilisait, dans son offensive, les mêmes méthodes qu’Adolf Hitler.
Les Européens et les Américains se préparaient samedi à évacuer leurs ressortissants du Liban, à commencer par la France qui a lancé une vaste opération d’évacuation, et l’Italie qui veut organiser le départ de plus de 400 étrangers.
La Grande-Bretagne va envoyer deux bâtiments de guerre au Proche-Orient dans le cadre d’un plan d’urgence visant à protéger ses intérêts alors qu’Israël poursuit son offensive contre le Liban. Une porte-parole du ministère de la Défense a précisé sous couvert d’anonymat que le porte-avions "Illustrious" et le navire de guerre "Bulwark" allaient prochainement être envoyés au Proche-Orient, mais n’a pas fait de commentaires sur des informations de presse selon lesquelles ils seraient utilisés pour évacuer des ressortissants britanniques de la région. Un responsable accompagnant le Premier ministre Tony Blair à Saint-Pétersbourg, en Russie, pour un sommet du G8, a pour sa part souligné qu’en cas de situation de conflit, réfléchir à un plan d’évacuation relevait de la procédure normale.
(d’après AFP)