La décision, a expliqué Hanan Rubin, membre du comité chargé de l’attribution des permis, a été prise à la demande du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui a souhaité ménager les États-Unis.
Elle est intervenue quelques heures avant un discours prononcé à Washington par le secrétaire d’État, John Kerry, et moins d’une semaine après l’adoption au Conseil de sécurité des Nations unies d’une résolution réclamant l’arrêt du développement des colonies de peuplement juives.
Quatorze des 15 pays membres se sont prononcés pour, et les États-Unis, qui opposent d’ordinaire leur veto à ce genre de texte, se sont abstenus, ce que Benyamin Nétanyahou a jugé « honteux ».
Les relations entre Israël et les États-Unis ont ces dernières années été parfois tendues, l’inimitié entre Barack Obama et Benyamin Nétanyahou étant de notoriété publique.
Mais elles pourraient connaître une nette évolution avec l’entrée de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier.
Illustrant ce possible changement, le futur président a critiqué mercredi l’attitude de l’administration Obama vis-à-vis d’Israël.
« Nous ne pouvons pas continuer à laisser Israël subir un tel mépris et un tel manque de respect, écrit-il sur Twitter. Les États-Unis ont été leur grand ami, mais ce n’est plus le cas. L’horrible accord avec l’Iran a été le début de la fin et maintenant il y a ça [la résolution de l’ONU] ! Reste fort, Israël, le 20 janvier arrivera vite. »
Négociations gelées
Dans son discours en forme de bilan, John Kerry a admis qu’une solution du conflit israélo-palestinien impliquant la cohabitation de deux États semblait éloignée.
En dépit de tous nos efforts ces dernières années, la perspective d’aboutir à une solution impliquant deux États est maintenant en grave danger.
- John Kerry, secrétaire d’État américain
« Les tendances observées sur le terrain – violence, terrorisme, expansion des colonies de peuplement et occupation d’une durée apparemment indéterminée – détruisent tout espoir de paix de part et d’autre et ne font que renforcer la réalité d’un seul État, dont la plupart des gens en fait ne veulent pas ».
Mais, a-t-il souligné lors d’un discours prononcé au département d’État, les États-Unis « ne peuvent pas, en toute conscience, ne rien faire, ne rien dire, au moment où les chances d’aboutir à la paix s’amenuisent ».
Son homologue français, Jean-Marc Ayrault, a salué le propos et a souligné que « la France partage la conviction [...] de la nécessité et de l’urgence de mettre en oeuvre cette solution des deux États ».
Dans un communiqué, Benyamin Nétanyahou a au contraire fustigé un discours « biaisé » à l’encontre d’Israël.
Comme la résolution du Conseil de sécurité que le secrétaire Kerry a présenté aux Nations unies, le discours de ce soir était dirigé contre Israël.
- Benyamin Nétanyahou, premier ministre israélien
Pour ce dernier, John Kerry est « obsédé » par les colonies et il ignore tout des racines du conflit, de l’opposition des Palestiniens à l’existence d’un État juif quelles que soient ses frontières.
Ne pas jeter de l’huile sur le feu
Selon Hanan Rubin, la municipalité de Jérusalem devait se prononcer mercredi sur la mise en chantier de 492 logements dans les implantations de Ramot et de Ramat Shlomo. Le vote a été annulé « à cause du discours de Kerry. Bien qu’il soutienne la construction à Jérusalem, le premier ministre a dit que nous ne devions pas attiser davantage les tensions », a-t-il expliqué.
Le comité se réunit régulièrement, et les nouveaux projets pourraient être approuvés ultérieurement. Environ 570 000 Isréliens résident en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.
Le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saeb Erekat, a réagi à cette nouvelle en invitant à nouveau Israël « à ordonner une cessation des implantations, y compris à Jérusalem-Est, afin de donner au processus de paix toutes les chances qu’il mérite avec la reprise de réelles négociations ».
Ces négociations sont gelées depuis 2014.
Selon l’AFP, la municipalité israélienne de Jérusalem a toutefois approuvé mercredi la construction d’un bâtiment de quatre étages pour des colons dans un quartier palestinien à Jérusalem-Est, peu avant le discours de John Kerry, selon Ir Amim, une ONG israélienne. Ce projet concerne le quartier de Silwan, situé en contrebas de la vieille ville. On trouve dans ce secteur de la ville un important site archéologique communément appelé « la cité de David », où, selon la tradition, le roi David avait établi sa capitale. Les heurts sont fréquents avec les Palestiniens depuis que des familles juives se sont installées dans le quartier.