« Israël n’a pas l’intention d’attaquer la Syrie, et celle-ci affirme uniquement qu’elle est prête à riposter : donc le risque d’une conflagration militaire est très faible », a ainsi affirmé à la presse le numéro deux du gouvernement israélien, Haïm Ramon. « Nous vérifions constamment si des négociations de paix sont possibles avec la Syrie. Malheureusement, ce pays est profondément ancré dans ses relations avec l’axe du mal de l’Iran et du Hezbollah », a-t-il poursuivi. Selon lui, le Premier ministre israélien Ehud Olmert « a transmis divers messages indiquant que nous sommes prêts à des négociations, mais la Syrie refuse de renoncer au terrorisme et de rejoindre les pays modérés ».
Rappelons que les pourparlers de paix syro-israéliens sont gelés depuis 2000. Damas exige le retour total du plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1967, pour prix de la paix avec Israël.
Haïm Ramon a tenu ces propos alors que les médias israéliens consacraient leur une hier aux craintes d’embrasement à la frontière nord d’Israël.
« Les nerfs à vif », « Les manœuvres de l’armée syrienne inquiètent Israël », titraient ainsi respectivement le Yediot Aharonot et le Haaretz. Même alarmisme chez leur confrère, le Jerusalem Post : « L’armée israélienne en état d’alerte avancée alors que les forces syriennes se rapprochent de la frontière. » Les journaux réagissaient à une information du quotidien arabe al-Qods el-Arabi, selon laquelle l’armée syrienne a récemment rappelé des unités de réservistes, déployé trois divisions blindées ainsi que des forces spéciales et neuf brigades d’infanterie dans un secteur proche de la région frontalière libanaise de la Békaa.
Préparatifs
Le chef d’état-major adjoint israélien, le général Dan Harel, a cependant tenté de calmer le jeu : « Aucune des deux parties ne souhaite un tel conflit. Ce qui est sûr, c’est qu’Israël est le pays le plus puissant de la région et que notre riposte à une agression sera très sévère. » « D’après nos estimations, la Syrie n’a pas l’intention de déclencher un conflit », a de son côté indiqué à l’AFP le porte-parole du ministère israélien de la Défense, Shlomo Dror. Selon lui, la Syrie a récemment procédé à divers préparatifs et à des manœuvres militaires car elle s’inquiète d’une éventuelle dégradation de la situation que le Hezbollah pourrait provoquer en vengeant l’assassinat, qu’il a imputé à Israël, de son chef militaire, Imad Moghniyeh, le 12 février à Damas.
« Nous devons faire tout notre possible pour déjouer toute riposte et les priver des moyens de se venger », a indiqué M. Ramon.
Rappelons également que les autorités israéliennes ont alerté leurs ressortissants, notamment contre des risques d’attentats ou d’enlèvements à l’étranger par le Hezbollah.
Shlomo Dror a par ailleurs déclaré que le ministre de la Défense Ehud Barak avait reporté un voyage prévu la semaine prochaine en Allemagne « car il doit superviser un exercice de défense passive à l’échelon national impliquant les autorités locales, les hôpitaux et les forces israéliennes ».
Lors d’une tournée d’inspection mardi à la frontière israélo-libanaise, Ehud Barak a mis en garde le Hezbollah contre toute velléité belliciste. Interrogé par l’AFP, Hirsh Goodman, chercheur à l’Institut d’études sur les questions nationales de sécurité à l’Université de Tel-Aviv, a estimé que « le Hezbollah ne peut pas se permettre de provoquer un embrasement risquant de s’étendre au front syrien ». Il estime en outre que « l’escalade verbale conduit souvent aux dérapages (...) Israël et la Syrie font donc le nécessaire pour calmer le jeu ».