Photo : Des femmes et des enfants fuient tandis que l’armée bombarde un immeuble de la ville de Gaza, mercredi 11 octobre 2023 – Crédit Mohammed Zaanoun (Active Stills collective)
Israël prévoit de perpétrer un génocide à Gaza.
Les manœuvres sont en cours depuis plusieurs jours, Israël bombardant sans relâche la bande de Gaza, l’un des endroits les plus densément peuplés de la planète.
En six jours, Israël a largué 6 000 bombes sur l’enclave côtière assiégée, qui abrite 2,3 millions de Palestiniens. La moitié d’entre eux sont des enfants. Ce chiffre est à peine inférieur au nombre le plus élevé de bombes larguées par les États-Unis en un an dans le cadre de la guerre contre l’Afghanistan.
Au cours de la semaine écoulée, Israël a largué du phosphore blanc, interdit au niveau international, sur des civils à Gaza. Il a rasé des quartiers résidentiels entiers. Il a rayé des familles du registre de la population et tué plus de 1 500 Palestiniens. Un tiers des victimes sont des enfants.
Depuis des jours, les Palestiniens crient à tue-tête qu’Israël est en train de perpétrer un génocide à leur encontre. Les dirigeants israéliens n’ont fait que confirmer ces craintes, qualifiant les habitants de Gaza d’« animaux humains » et s’engageant à « effacer le Hamas de la surface de la terre ».
Aujourd’hui, les pires craintes ont été confirmées.
Le vendredi 13 octobre, les Palestiniens de Gaza se sont réveillés en apprenant que l’armée israélienne exigeait que les plus de 1,1 million de Palestiniens qui vivent dans le nord de la bande de Gaza « évacuent » vers la partie sud de la bande en l’espace de 24 heures.
Réfléchissons un peu. Il s’agit de la moitié de la population de Gaza. La partie nord de la bande de Gaza comprend la ville de Gaza, la zone la plus densément peuplée de la bande de Gaza. Elle comprend également deux des huit camps de réfugiés de Gaza, les camps de Jabalia et d’al-Shati. Ces deux camps ont été bombardés ces derniers jours. Ils abritent des centaines de milliers de réfugiés. Ils ont été transformés en réfugiés par Israël, il y a 75 ans.
L’armée israélienne aurait envoyé un avertissement direct aux habitants de la ville de Gaza, qui sont environ 750 000, leur ordonnant de quitter la ville, car elle prévoit de détruire ce qu’elle affirme être une « vaste infrastructure » de tunnels souterrains utilisés par le Hamas sous la ville.
Mais les Nations unies ont déclaré avoir reçu un ordre différent et beaucoup plus large, indiquant qu’Israël avait donné à 1,1 million de civils du nord de la bande de Gaza 24 heures pour fuir vers le sud. Un porte-parole de l’ONU a qualifié cet ordre d’« impossible » à mettre en œuvre « sans conséquences humanitaires dévastatrices ».
L’armée israélienne aurait ordonné aux habitants de Gaza de ne pas retourner dans le nord jusqu’à ce qu’elle leur dise qu’ils sont autorisés à y retourner.
Mais seront-ils un jour autorisés à rentrer ? Et y aura-t-il encore une bande de Gaza où retourner ?
Personne ne sait quels sont les plans d’Israël à l’expiration du délai de 24 heures. Lancera-t-il une invasion terrestre ? Ou se contentera-t-il de bombarder Gaza depuis le ciel, comme il le fait depuis 16 ans ?
Quelle que soit la façon dont Israël décide de procéder, cela n’a pas d’importance.
Ce qui compte, c’est qu’Israël, avec le soutien des États-Unis, commet un génocide sous nos yeux. Il s’agit d’un génocide lent et d’un nettoyage ethnique qui dure depuis 75 ans.
75 ans d’inaction mondiale et d’impunité israélienne ont conduit à ce moment. Le moment où nous voyons l’une des populations les plus vulnérables de la planète, dont 77 % sont déjà des réfugiés, être déplacée alors que l’une des plus grandes puissances militaires du monde s’engage sur la voie d’une guerre génocidaire.
De nombreux habitants de Gaza jurent de rester, affirmant qu’ils refusent d’être déplacés une fois de plus. De nombreux Palestiniens affirment qu’il s’agit d’une guerre psychologique, semblable aux émissions de radio sionistes d’il y a 75 ans, qui ont semé la peur parmi la population et poussé de nombreuses personnes à fuir leurs maisons par crainte des atrocités sionistes qui les attendraient si elles restaient.
Mais les images affluent déjà, alors que les habitants de Gaza commencent à fuir leurs maisons par peur de ce qui les attend.
Des hommes, des femmes et des enfants marchant dans les décombres de leur terre détruite, s’accrochant aux sacs et aux affaires qu’ils peuvent transporter. Une marche vers le sud, sans savoir si demain, ce [nouveau] sud sera le dernier.
Une marche vers la mort.
Les Palestiniens disent depuis 75 ans que la Nakba de 1948 n’a jamais pris fin. Elle se poursuit depuis 75 ans, chaque jour. Dans les camps de réfugiés surpeuplés de Gaza, dans les ruelles de Jérusalem, sur les collines de Haïfa et dans les recoins de Jénine.
Mais aujourd’hui, c’est différent. Alors que des millions de Palestiniens en Cisjordanie, à Jérusalem, en 1948 et dans toute la diaspora regardent leurs compatriotes de Gaza se faire expulser en masse tandis qu’Israël détruit leurs maisons et massacre ceux qui restent, les seuls mots que les gens peuvent prononcer sont « ça recommence ».
Une deuxième Nakba.
Traduit par : AFPS