Photo : Free Palestine Ceasefire Gaza © Pamela Drew
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté mercredi [8 février] la demande de cessez-le-feu du Hamas et a ordonné à ses troupes de se préparer à entrer dans la ville de Rafah, dans l’extrême sud de Gaza, où plus d’un million de Palestiniens ont trouvé refuge.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui s’est exprimé à Tel-Aviv quelques heures après avoir rencontré M. Netanyahu, a déclaré qu’il voyait encore "la possibilité de parvenir à un accord" et qu’il avait mis en garde le dirigeant israélien contre les actions et les propos qui "exacerbent les tensions".
Lors d’une conférence de presse télévisée, M. Netanyahu a déclaré qu’il avait ordonné à ses troupes de "se préparer à opérer" à Rafah et qu’une "victoire totale" d’Israël sur le Hamas n’était plus qu’à quelques mois de distance.
Le dirigeant israélien a déclaré que les "exigences bizarres" du groupe militant palestinien pour un cessez-le-feu ne conduiraient pas au retour des otages, accusant que "cela ne ferait qu’inviter à un nouveau massacre".
À Beyrouth, un haut responsable du Hamas a réagi en déclarant que "l’insistance de M. Netanyahou à poursuivre l’agression confirme totalement que l’objectif... est le génocide du peuple palestinien".
Le responsable, Osama Hamdan, a exhorté "toutes les factions de la résistance... à poursuivre le combat" et à se méfier de la "traîtrise israélienne au cours du dernier quart d’heure de cette confrontation".
L’une des otages libérés dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu temporaire conclu en novembre a également mis la pression sur le dirigeant israélien.
"Tout est entre vos mains", a déclaré Adina Moshe lors d’une conférence de presse à Tel-Aviv, en s’adressant à M. Netanyahou.
"C’est vous. Et j’ai très peur et je crains fort que si vous continuez sur cette ligne de destruction du Hamas, il n’y aura plus d’otages à libérer", a-t-elle ajouté.
"Beaucoup de travail à faire"
Auparavant, l’émissaire américain Blinken, qui effectue sa cinquième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre, avait exprimé l’espoir d’un cessez-le-feu et d’un accord sur la libération des otages, tout en soulignant qu’il restait "beaucoup de travail à faire".
"Mais nous sommes très concentrés sur ce travail et nous espérons pouvoir reprendre la libération des otages qui a été interrompue" après une trêve d’une semaine en novembre, a déclaré M. Blinken après avoir rencontré M. Netanyahu à Jérusalem.
Un responsable de la médiation égyptienne a déclaré à l’AFP qu’un "nouveau cycle de négociations" débuterait jeudi au Caire en vue d’instaurer "le calme dans la bande de Gaza".
Une source du Hamas ayant connaissance du dossier a déclaré que le groupe militant palestinien avait accepté les pourparlers du Caire, avec pour objectif "un cessez-le-feu, la fin de la guerre et un accord d’échange de prisonniers".
La semaine dernière, une source du Hamas a déclaré que la nouvelle trêve proposée prévoyait une pause de six semaines dans les combats et un échange d’otages et de prisonniers, ainsi qu’une augmentation de l’aide à Gaza, mais les négociations se sont poursuivies depuis.
M. Blinken a également lancé un nouvel appel en faveur d’une augmentation de l’aide à Gaza, dont les 2,4 millions d’habitants subissent un siège paralysant et de graves pénuries d’eau potable, de nourriture, de carburant et de fournitures médicales.
"Nous avons tous l’obligation de faire tout ce qui est possible pour apporter l’aide nécessaire à ceux qui en ont désespérément besoin", a déclaré M. Blinken, "et les mesures qui sont prises - les mesures supplémentaires qui doivent être prises - sont au centre de mes propres réunions ici".
Les États-Unis ont pris la tête de plusieurs États qui ont récemment supprimé le financement de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, qui a distribué une aide vitale à Gaza pendant l’attaque israélienne.
M. Blinken s’est également rendu en Cisjordanie occupée, où il a rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas.
"Un film d’horreur"
Pour l’heure, la guerre, qui est entrée mercredi dans son cinquième mois, se poursuit sans relâche à Gaza où le ministère de la Santé a indiqué qu’au moins 123 personnes avaient été tuées au cours des dernières 24 heures, tandis que des journalistes de l’AFP ont fait état de nouveaux bombardements intensifs sur les villes du sud.
Le ministère de la Santé a déclaré que deux Palestiniens avaient été tués lorsque les troupes israéliennes ont encerclé la maison d’un homme recherché dans le camp de Nur Shams, près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie occupée.
Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit "alarmé" par les informations selon lesquelles les forces israéliennes continueraient à pénétrer dans Rafah, qui accueille plus de la moitié de la population de Gaza.
"Une telle action aggraverait de façon exponentielle ce qui est déjà un cauchemar humanitaire aux conséquences régionales incalculables", a déclaré M. Guterres.
Le dernier assaut israélien contre Gaza fait suite à l’attaque surprise du Hamas contre Israël le 7 octobre, qui a causé la mort d’environ 1 160 personnes, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens.
Les militants ont également pris environ 250 otages. Israël affirme qu’il en reste 132 à Gaza, dont 29 seraient morts.
Israël a juré d’éliminer le Hamas et a lancé des frappes aériennes et une offensive terrestre qui ont tué au moins 27 708 personnes, principalement des femmes et des enfants, selon le ministère de la santé de Gaza.
Dana Ahmed, 40 ans, qui a été déplacée de la ville de Gaza avec ses trois enfants et qui vit désormais dans une tente à Rafah, a déclaré qu’elle avait passé une nuit blanche alors que les avions de chasse israéliens vrombissaient dans le ciel et que des explosions secouaient le sol.
"Je ne peux pas imaginer ce qui va nous arriver", a-t-elle déclaré. "Où irons-nous maintenant ? La situation est catastrophique. J’ai l’impression de vivre un film d’horreur".
Traduction : AFPS