Israël a répondu avec le ton du défi aux condamnations internationales qui ne cessent de se multiplier depuis l’annonce d’une relance spectaculaire de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés. Le bureau du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a fait savoir, lundi 3 décembre, que, " même sous les pressions internationales, il n’y aura pas de changement à la décision qui a été prise ", Israël continuant de s’en tenir à la préservation de " ses intérêts vitaux ".
Cette position signifie que le programme de 3 000 nouveaux logements dans les " blocs de colonies ", annoncé vendredi, ne sera pas remis en cause, pas plus que la décision de commencer la phase de planification du projet controversé, dit " E-1 ", qui vise à construire plusieurs milliers d’habitations dans une zone située entre Jérusalem-Est et le bloc de colonies de Maalé Adoumim, en Cisjordanie occupée. Le ministère israélien de l’intérieur a annoncé lundi un troisième projet, la construction de quelque 1 700 logements dans la colonie de Ramat Shlomo, située à Jérusalem-Est.
Celui-ci avait été rendu public en mars 2010, au moment de la visite à Jérusalem du vice-président américain Joe Biden, ouvrant une grave crise diplomatique entre Israël et les Etats-Unis. Devant la réaction de Washington, le gouvernement de M. Nétanyahou avait fait marche arrière. L’attitude combative du premier ministre israélien, qui s’explique notamment par le contexte électoral (le scrutin parlementaire en Israël est fixé au 22 janvier 2013) augure mal d’un recul face aux pressions américaines et européennes.
Alors que les ambassadeurs d’Israël en France, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Suède et au Danemark ont été convoqués lundi par les ministères de ces différents pays, les Etats-Unis ont exhorté le gouvernement de M. Nétanyahou de " réexaminer ces décisions unilatérales et de faire preuve de retenue, car ces actes sont contre-productifs et rendent plus difficiles la reprise des négociations directes entre Israël et les Palestiniens ".
Les Européens étudient plusieurs mesures pour manifester leur mécontentement, dont le rappel des ambassadeurs en Israël. Contrairement aux dénégations de principe formulées à Paris et Londres, la France et la Grande-Bretagne envisagent une telle mesure.
Sanctions commerciales
D’autres options sont possibles, comme des sanctions commerciales, celles-ci pouvant prendre la forme d’un étiquetage des produits provenant des colonies israéliennes. Des consultations sont, d’autre part, en cours pour étudier une réponse commune euro-américaine. Selon plusieurs diplomates, il pourrait s’agir de l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de paramètres stricts pour encadrer une reprise des négociations israélo-palestiniennes, gelées depuis septembre 2010.
Une telle escalade diplomatique semble à ce stade incertaine, dans la mesure où Washington a toujours refusé que l’ONU se mêle de la reprise du processus de paix. En Israël, l’attitude de défiance de Benyamin Nétanyahou ne jouit pas de l’unanimité de la classe politique, loin s’en faut. L’ancien premier ministre, Ehoud Olmert, a estimé que la relance de la colonisation était " la pire gifle au visage " jamais adressée à un président américain, tout en soulignant que M. Nétanyahou n’avait pas de raison de s’opposer à l’octroi du statut d’Etat observateur non-membre à la Palestine par l’Assemblée générale des Nations unies.