A peine les Palestiniens se sont-ils remis des violences internes qui ont opposé plusieurs mois durant les partisans du Hamas à ceux du Fatah qu’ils se retrouvent à nouveau victimes de la violence israélienne. En effet, l’armée israélienne a menacé les Palestiniens d’une incursion d’envergure dans le nord de la bande de Gaza si les tirs de roquettes contre Israël ne cessent pas d’ici 48 heures. Selon des témoins sur place, des hélicoptères israéliens ont lâché des prospectus en arabe contenant le message de mise en garde, ont précisé ces sources. [1]
Si l’armée israélienne n’a pas confirmé l’information, la menace semble réelle, d’autant plus que les territoires ont connu samedi la journée la plus sanglante depuis le 26 novembre dernier, date de l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu, où six personnes sont mortes durant des opérations militaires. Ce cessez-le-feu entre Palestiniens et Israéliens avait pris seulement effet dans la bande de Gaza, d’où sont tirées les roquettes contre le territoire israélien. Depuis cette date, l’armée israélienne avait observé une « politique de retenue », avant de décider, le 28 mars, de reprendre les attaques contre les activistes tirant des roquettes depuis le nord de la bande de Gaza [2].
Une reprise qui s’est concrétisée samedi, lorsque des soldats israéliens ont pris d’assaut une maison de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, où, selon les dires israéliens, étaient retranchés des membres des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, liés au Fatah du président Mahmoud Abbass. Près de Ramallah, un adolescent de 17 ans, Karim Zahran, a ensuite été tué par des tirs israéliens alors qu’il lançait des pierres sur des soldats, selon une source palestinienne. L’armée israélienne a, elle, indiqué qu’il s’apprêtait à lancer un cocktail Molotov.
Toujours donc les mêmes scénarios et les mêmes prétextes israéliens pour lancer des attaques contre les Palestiniens. Toujours aussi les mêmes appels palestiniens lancés à la communauté internationale et qui restent sans réponse. Comme à l’accoutumée donc, le porte-parole du premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh, Ghazi Hamad, a appelé « la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il cesse ses crimes contre le peuple palestinien ».
Sans attendre d’éventuels actes de la part de la communauté internationale, les groupes armés palestiniens ont de leur côté promis de riposter et appelé M. Abbass à cesser ses rencontres avec le premier ministre israélien Ehud Olmert, qu’il doit une nouvelle fois voir avant la fin du mois dans le cadre d’une série d’entrevues mise en place grâce à une médiation américaine. « Nous n’utiliserons que le langage des armes car c’est le seul qu’ils comprennent », a affirmé un responsable à Naplouse des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, Nasser Al-Kharaz, alors que le Jihad islamique a appelé « à l’escalade de la résistance » et à ne pas respecter « les appels à une accalmie lancés çà et là ». « Nous appelons les Brigades Ezzeddine Al-Qassam (la branche armée du Hamas) et les factions de la résistance palestinienne à l’union et à employer tous les moyens pour riposter aux massacres de l’occupation » israélienne, a indiqué dans un communiqué Fawzi Barhoum, le porte-parole du groupe.
Les semaines à venir risquent donc de voir une escalade qui pourrait couper court aux tentatives, déjà difficiles, de relance du dialogue.