Photo : Camp de réfugiés de Rafah, 10 décembre 2023 © Shadi al-Tabatiby
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu’une date avait été fixée pour envahir Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, alors que les pourparlers de trêve avec le Hamas se poursuivent au Caire, mais ne semblent pas près d’aboutir.
Dans une déclaration vidéo en hébreu, M. Netanyahu a réitéré sa position selon laquelle une opération militaire terrestre à Rafah, à la frontière égyptienne, où plus de 1,5 million de Palestiniens sont réfugiés, est essentielle à la victoire dans la guerre.
"Cela se fera. Il y a une date", a-t-il déclaré lundi, sans donner plus de détails.
Cette déclaration intervient alors que le Hamas s’est vu présenter une nouvelle proposition dans le cadre des pourparlers sur le cessez-le-feu à la fin du week-end, mais qui ne semble pas pouvoir déboucher sur un accord.
Le groupe palestinien a confirmé dans un communiqué qu’il examinait la proposition, mais a déclaré qu’Israël "n’a répondu à aucune des demandes de notre peuple et de notre résistance".
Le porte-parole du Hamas, Sami Abu Zahry, a déclaré à Al Jazeera que les remarques de M. Netanyahu "soulèvent des questions sur l’objectif de la reprise des négociations".
"Le succès de toute négociation dépend de la fin de l’agression", a déclaré M. Zahry, ajoutant que les "exigences du groupe sont claires : la fin de l’agression contre notre peuple".
Israël a jusqu’à présent rejeté les demandes palestiniennes concernant le retour sans restriction de centaines de milliers de Palestiniens de Gaza dans le nord de l’enclave et le retrait des forces terrestres de l’armée israélienne de la bande de Gaza.
L’armée israélienne a déclaré avoir retiré certaines de ses forces terrestres de Gaza, mais a conservé les troupes chargées de maintenir un corridor est-ouest qui coupe effectivement l’enclave en deux et empêche le retour des Palestiniens vers le nord.
Les États-Unis continuent de s’opposer publiquement à l’idée d’une invasion israélienne de Rafah, car ils ont déclaré qu’il n’existait aucun plan viable pour évacuer le grand nombre de civils qui se trouvent dans la zone.
Un responsable israélien anonyme a déclaré à l’agence de presse Associated Press qu’Israël achetait 40 000 tentes pour préparer l’évacuation des Palestiniens de Rafah.
Le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré aux journalistes, après l’annonce de M. Netanyahou, que les États-Unis n’avaient pas été pleinement informés de l’évolution de la situation à Rafah.
"Nous avons clairement fait savoir à Israël que nous pensions qu’une invasion militaire massive de Rafah aurait un effet extrêmement néfaste sur ces civils et qu’elle nuirait en fin de compte à la sécurité d’Israël", a déclaré M. Miller.
Ces événements surviennent alors que les dirigeants de l’Égypte, de la Jordanie et de la France ont rédigé une tribune commune publiée par plusieurs médias, dont le Washington Post et Le Monde, qui appelle à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, comme l’exige une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée à la fin du mois de mars.
"Nous mettons en garde contre les conséquences dangereuses d’une offensive israélienne sur Rafah, où plus de 1,5 million de civils palestiniens ont trouvé refuge. Une telle offensive ne fera que provoquer davantage de morts et de souffrances, augmentera les risques et les conséquences d’un déplacement forcé massif de la population de Gaza et menacera d’une escalade régionale", ont déclaré les dirigeants.
Mahjoob Zweiri, directeur du Centre d’études du Golfe à l’université du Qatar, a déclaré à Al Jazeera qu’il était devenu évident pour les alliés occidentaux d’Israël et même au sein du pays que M. Netanyahou n’avait aucun intérêt à parvenir à un accord "dans un avenir proche".
"Il veut plus de temps, il veut aller à Rafah, il veut obtenir quelque chose qu’il n’a pas réussi à obtenir jusqu’à présent", a déclaré M. Zweiri. "Lui et la droite ont besoin d’individus, ils ont besoin de noms - ils parlent de [Yahya] Sinwar et de [Mohammed] Deif, et rien de tout cela n’a été réalisé.
Selon M. Zweiri, tant que cette situation perdurera, la position du premier ministre israélien restera inchangée, par "intérêt personnel", afin de préserver son avenir politique.
"Tout le monde le sait, mais la question est de savoir si la communauté internationale l’accepte, si elle accepte de voir plus de morts et plus de destructions pour quelqu’un qui, de manière irresponsable sur le plan politique et immorale, mène une guerre contre des civils", a-t-il ajouté.
Traduction : AFPS