Les jeux sont faits. Et rien ne va plus en Israël. Benyamin Netanyahou devrait devenir le prochain premier ministre. Avigdor Liebermann, le chef du parti d’extrême droite Israël Beitenou, qui a fortement progressé aux élections législatives du 10 février en obtenant 15 sièges, s’est rangé aux côtés de celui qu’on surnomme « Bibi », lors d’un entretien hier avec le président israélien, Shimon Peres [2]. Ce dernier, qui a entamé mercredi ses consultations en vue de la désignation du futur chef du gouvernement, a normalement jusqu’au 25 février pour faire valoir son choix, qui s’appuie moins sur des considérations politiques que sur la garantie de formation d’un gouvernement stable.
« un gouvernement Bibi-Livni »
En ce domaine, Tzipi Livni, chef du parti Kadima, qui a devancé d’un siège son adversaire du Likoud, sait que ce n’est pas toujours facile. Après la démission annoncée d’Ehoud Olmert à la fin de l’année dernière, elle avait vainement tenté de trouver une majorité qui lui aurait permis de devenir premier ministre et ainsi éviter des élections. Elle en a été incapable. Celui (ou celle, tant que rien n’est conclu) qui sera chargé de former le prochain gouvernement disposera alors de quarante-deux jours pour mener à bien cette tâche et soumettre son équipe à l’approbation de la Knesset.
Cette fois, le faiseur de roi s’appelle Avigdor Liebermann, le dirigeant musclé - dans tous les sens du terme puisqu’il étaitdans sa prime jeunesse videur dans une boîte de nuit en Russie - sait l’importance qu’a acquise son parti et il tente maintenant de faire accepter les principaux points de son programme même si, officiellement, comme il l’a dit à Shimon Peres, « nous recommandons Benyamin Netanyahou, mais seulement dans le cadre d’un gouvernement élargi. Face aux défis économiques et à la menace iranienne, il faut un gouvernement incluant les trois plus grands partis : le Likoud, le Kadima et Israël Beitenou. Ceux qui voudront s’y joindre pourront le faire par la suite ». Pour bien montrer son poids, il a ajouté : « Netanyahou sera premier ministre, mais ce sera un gouvernement Bibi-Livni. Je dis au Likoud de renoncer à former un gouvernement restreint qui serait uniquement un gouvernement de survie, incapable de prendre la moindre initiative. Je dis à Tzipi Livni de renoncer à l’idée de rotation car une telle formule provoquerait l’instabilité. » Une allusion à une possible permutation au poste de premier ministre à mi-mandat entre Tzipi Livni et Benyamin Netanyahou.
Mais Livni et ses proches ont fait savoir qu’ils ne participeraient pas à un gouvernement dirigé par Netanyahou. Ce dernier revendique le poste de premier ministre, qu’il a déjà occupé, et affirme qu’il pourrait former un gouvernement sans Kadima, avec le soutien d’un bloc de droite réunissant 65 députés.
pas de déclaration d’ouverture
Pour Livni, l’arithmétique est plus compliquée. Son parti, composé de transfuges du Likoud et du Parti travailliste, créé par Ariel Sharon qui a certainement tout été dans sa carrière politique sauf de gauche, entend se positionner au centre. Ce qui ne signifie évidemment rien en termes politiques mais qui se veut le point d’équilibre entre les tendances des formations se réclamant du sionisme.
En admettant donc qu’elle parvienne à rassembler autour d’elle les travaillistes et le Meretz, elle ne totaliserait que 55 sièges. Et encore, en y ajoutant les partis arabes et le parti communiste israélien. Aucun de ceux-là n’a promis de la soutenir. D’autant que ses velléités guerrières prouvées contre le peuple de Gaza autant que ses déclarations contre les Israéliens arabes ne sont pas vraiment des déclarations d’ouverture. Elle a en tout cas rejeté l’offre de participation à un gouvernement avec Benyamin Netanyahou.
Communiqué du Parti communiste français
Israël : B. Netanyahou, Premier ministre, c’est une menace contre la paix et un danger pour tout le Proche-Orient.
Benyamine Netanyahou vient d’être chargé de constituer le gouvernement issu des dernières élections israéliennes. C’ est une menace directe contre la paix et un danger pour tout le Proche-Orient. Son principal allié sera l’ultra-nationaliste xénophobe et anti-palestinien Avigdor Lieberman qui s’ est permis d’appeler à l’expulsion des citoyens arabes d’Israël. Le PCF exprime sa grande inquiétude suite à cette nomination qui va faire du prochain gouvernement israélien un des gouvernements les plus extrémistes et les plus réactionnaires qu’ Israël ait jamais eu.
Après l’agression israélienne et les crimes commis contre le peuple palestinien à Gaza, les autorités françaises et européennes doivent faire preuve de la plus grande vigilance et conditionner la nature de leurs relations avec ce gouvernement israélien à plusieurs exigences sine qua non : choisir un règlement politique conforme aux résolutions des l’ ONU, en finir avec l’occupation et la colonisation, favoriser l’édification d’un Etat palestinien souverain à côté de l’ Etat d’ Israël. A défaut, des sanctions doivent être appliquées avec notamment la suspension, votée en 2002 par le Parlement européen, de l’ accord d’ association Union européenne /Israël.