La tendance se précise : c’est Benjamin Netanyahou, du parti de droite Likoud, qui a toutes les chances de se voir confier la formation du prochain gouvernement israélien. Le président de l’Etat, Shimon Pérès, a terminé jeudi soir son marathon de consultations avec les diverses factions parlementaires qui ont émergé des récentes législatives. Et plus de la moitié des députés se sont prononcés en faveur de M. Netanyahou. Tous appartenant à la droite.
Les législatives ont donné à M. Netanyahou un siège de moins qu’à sa rivale Tzipi Livni, du parti centriste Kadima (27 contre 28 sur les 120 sièges de la Knesseth), mais elles l’ont doté d’un bloc de droite de 65 sièges, avec en plus du Likoud, deux partis ultra-orthodoxes, deux partis ultranationalistes et, surtout, le parti anti-arabe d’Avigdor Lieberman, Israël Beiténou, devenu le troisième en importance dans la constellation parlementaire israélienne.
Avant d’annoncer son choix définitif, M. Pérès compte revoir M. Netanyahou et Mme Livni ce vendredi. Apparemment, pour les convaincre d’envisager une union gouvernementale entre eux. D’autant plus qu’une telle union est également la condition posée désormais par l’incontournable "Ivet". En effet, la recommandation faite par M. Lieberman à M. Pérès a été déterminante. Sans elle, l’appui pour M. Netanyahou aurait perdu sa majorité absolue, et M. Pérès - qui émane lui-même de Kadima - aurait pu être tenté de confier la formation gouvernementale à Mme Livni. A peine rentré mercredi soir d’une semaine de congé privé en Biélorussie, M. Lieberman [1] avait laissé le pays dans le suspense jusqu’à la dernière minute, notamment jusqu’à son arrivée à la résidence du président à Jérusalem, jeudi matin. Son entourage avait toutefois laissé entendre ces derniers jours qu’il ne se prononcerait "ni pour Tzipi, ni pour Bibi", afin de laisser ses propres options ouvertes. Et depuis la semaine dernière, le Likoud et Kadima menaient chacun séparément des négociations qui semblaient prometteuses avec ses délégués.
C’est donc à la surprise générale que M. Lieberman s’est clairement et explicitement prononcé en faveur de M. Netanyahou. "Bibi" n’est cependant pas au bout de ses peines. Car M. Lieberman a posé ses conditions. Primo, M. Netanyahou doit former "le plus large gouvernement possible". A savoir une union Likoud-Kadima-Israël Beiténou à laquelle d’autres partis pourront se joindre par la suite s’ils le désirent.
Secundo, cette union pourra uniquement être dirigée par M. Netanyahou. Pas question pour M. Lieberman d’alternance à la tête du gouvernement. Il n’a pas exclu de siéger dans un gouvernement Netanyahou étroit, uniquement de droite, mais celui-ci sera, selon lui, "un gouvernement de paralysie". Or Livni refuse catégoriquement de s’allier Netanyahou en position subordonnée. Elle a déclaré jeudi qu’elle "ne servira pas de feuille de vigne" à un gouvernement qui ne promouvra pas le processus de paix. Et son parti est de plus en plus résolu à aller dans l’opposition, d’où il pourra exploiter l’instabilité interne et la paralysie politique du gouvernement Netanyahou pour reprendre sa propre ascension vers le pouvoir.