Comme il semble peu probable que la question palestinienne soit un thème majeur de la campagne électorale pour les élections législatives anticipées en Israël, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, s’est invité dans le débat. Il l’a fait, dimanche 14 octobre, la veille du vote de la Knesset qui a fixé ces élections au 22 janvier 2013, en recevant des responsables de partis politiques israéliens, et en choisissant un sujet d’actualité : la personnalité d’Ehoud Olmert, premier ministre jusqu’en mars 2009, écarté du pouvoir à la suite d’accusations de corruption, mais dont l’éventuel retour en politique est, à ce stade, l’un des enjeux du scrutin.
Que dit M. Abbas ? " A l’époque d’Olmert, nous avons remporté des succès. Nous n’avons pas conclu un accord, mais atteint des compromis sur bien des questions essentielles - du processus de paix israélo-palestinien - . Quand Olmert est parti, Nétanyahou est arrivé et a refusé d’accepter ces compromis, insistant pour tout reprendre à zéro. "
Et le président de l’Autorité palestinienne d’insister : " Si nous avions eu le temps, peut-être deux mois de plus, nous aurions pu conclure un accord. " Le dossier israélo-palestinien étant à mettre au passif du bilan du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, puisqu’aucune avancée n’a été engrangée en trois ans, les confidences de M. Abbas sont destinées à embarrasser M. Nétanyahou et à aider Ehoud Olmert, avec qui le président palestinien est resté en contact.
Si l’éventuelle candidature de l’ancien maire de Jérusalem est évoquée, c’est que ce dernier serait sans doute le seul, à en croire les sondages, à pouvoir battre M. Nétanyahou. Du moins s’il parvenait à mettre sur pied une vaste coalition centriste. Mais il y a un préalable : M. Olmert, ancien président du parti Kadima (centre droit), doit s’affranchir de poursuites judiciaires. Blanchi d’accusations de corruption le 10 juillet pour trois affaires désormais classées, il reste sous la menace du scandale immobilier Holyland, dans lequel il est soupçonné d’avoir touché des pots-de-vin.
Pragmatique, le président du parti Kadima, Shaul Mofaz, n’opposerait pas de résistance si M. Olmert confirmait son retour. Son prédécesseur, l’ancienne ministre des affaires étrangères Tzipi Livni, pas davantage, si d’aventure elle prenait la décision de revenir en politique. Si l’ancien journaliste Yaïr Lapid, qui a créé en avril la formation centriste Yesh Atid (" Il y a un futur ") rejoignait cette coalition, si l’ex-chef d’état-major de l’armée, le général Gabi Ashkenazi, décidait de s’y rallier, une machine de guerre électorale pourrait s’opposer à M. Nétanyahou et à son parti de droite, le Likoud.
Affaires de corruption
Ce qui fait beaucoup de " si ". D’autant que d’autres cartes ne sont pas jouées : Avigdor Lieberman, le ministre des affaires étrangères et chef du parti ultranationaliste Israel Beitenou (" Israël, notre maison "), devrait rester dans le camp de M. Nétanyahou, si la justice ne le rattrape pas avant le scrutin législatif, lui aussi pour affaires de corruption. Au sein du Shass, le parti religieux ultraorthodoxe sépharade, la guerre des chefs bat son plein entre son dirigeant, le ministre de l’intérieur Eli Yishai, et l’un de ses anciens responsables, Arye Déri, qui revient en politique après avoir purgé une peine de prison pour... corruption et observé une longue période de silence.
A gauche, le chef du Parti travailliste, Shelly Yacimovich, confortée par les sondages, se prend à rêver de la résurrection d’un parti laminé aux précédentes élections. Or M. Nétanyahou préférerait que la campagne se concentre sur les questions stratégiques, plutôt qu’économiques et sociales. Lundi, il a prévenu que " ceux qui prennent avec légèreté la menace nucléaire iranienne contre Israël, ne méritent pas de diriger le pays, même un seul jour ! ". Il se trouve que Mme Yacimovich est notoirement absente sur toutes les questions de sécurité.