Permettez-moi tout d’abord de remercier les organisateurs de cette conférence et le Sénat qui nous accueille.
La CGT est de longue date investie dans la recherche d’une solution juste et durable au PO parce que nous sommes persuadés que le contenu social est un élément constitutif de la paix. La misère, le désespoir, le chômage et la détresse alimentent les conflits. En tant qu’OS nous sommes préoccupés également par la situation des travailleurs palestiniens et de leurs familles de même que nous sommes très inquiets de voir que le DI est bafoué et que les conflits continuent de réduire des populations à la misère, à la haine et au fanatisme. Le mouvement syndical, comme d’autres éléments de la société civile, a donc un rôle à jouer, une contribution spécifique à apporter, dans la recherche de la paix.
Etre pour une paix juste et durable, n’est pas pour nous une déclaration pacifiste et naïve. Etre pour une paix juste et durable induit des prises de position sur un certain nombre de sujets, cela signifie que nous avons une claire conscience des responsabilités de chacun. Nous rejetons cette fausse symétrie qui renvoie dos à dos les deux parties ; certes il y a de la violence et des extrémistes des deux côtés mais pour nous il y a bien des territoires palestiniens occupés par une armée et des colons israéliens. Il y a une différence fondamentale entre occupant et occupé ; la responsabilité de l’agresseur ne saurait se confondre avec celle de l’agressée.
Cela étant précisé, je voulais aussi rappeler que l’analyse et les positions de la CGT ne découle pas des événements factuels ou ponctuels mais reposent sur des positions de principe. Renvoyer les responsabilités à 50/50, dire que les torts sont partagés ou dire qu’il y a des extrémistes des deux côtés, cela n’est pas à notre avis avoir une position équilibrée car c’est une position qui occulte les responsabilités.
Pour nous une position équilibrée c’est :
1) Avoir, autant que faire se peut, une vision claire des causes du conflit, des responsabilités des protagonistes, et enfin des politiques suivies par les différents acteurs
2) condamner tous les actes de violences contre les civils et tous les extrémismes qui alimentent ces violences
3) Favoriser et valoriser tout ce qui va dans le sens d’un processus de paix
4) Maintenir les contacts et le dialogue avec un maximum d’interlocuteurs des deux camps.
En espérant la reprise d’un dialogue de paix et d’une solution que malgré les difficultés nous espérons toujours possible, la CGT s’engage sans attendre.
Nous poursuivons plusieurs types d’action de solidarité d’ordre financière et politique. Financière tout d’abord. La CGT a mené plusieurs campagnes de solidarité concrètes en 2007, 2009 et une autre est en cours. Pour donner une idée, ces campagnes ont permis de financer par exemple et par l’intermédiaire des syndicats de la PGFTU des cartables et fournitures scolaires de 2700 enfants ou encore de financer un projet de création d’emplois au profit des chômeurs de longue durée et des diplômés de longue date qui ont la charge de leurs familles.
L’objectif est désormais de sortir des actions de solidarité ponctuelles pour mettre en place un véritable projet de développement humain durable, en direction probablement des travailleuses palestiniennes.
La campagne de collecte de fonds qui a débuté en décembre 2012 est toujours en cours même si nous avons remis le fruit d’une 1ère récolte il y a deux semaines, je reviendrai là-dessus dans quelques instants.
Mais la majeure partie de nos actions est d’ordre politique. La CGT a toujours estimé que c’est dans le dialogue et le débat que les forces favorables à la paix peuvent progresser. Et nous avons donc toujours travaillé à renforcer le camp de la paix et favoriser les rapprochements et les relations avec nos homologues palestiniens et israéliens au niveau syndical mais également dans tous les domaines de la société civile.
Et c’est parce que nous sommes solidaires des travailleurs palestiniens et de leurs familles que nous sommes au côté de ceux qui, dans le monde et particulièrement en Israël, qu’ils soient juifs ou arabes, se positionnent, s’engagent et luttent pour une paix juste.
La CGT se rend également régulièrement sur place. C’est une des formes de solidarité que nous déployons et donc pour terminer, je voudrais, très brièvement puisque le temps avance, partager avec vous les impressions et les perspectives suite à notre dernière mission sur place.
Il y a un peu moins de deux semaines maintenant une délégation conduite par Bernard Thibault s’est rendue en Israël et en Palestine. Ce voyage a été l’occasion de rencontrer nos partenaires syndicaux, des associations israéliennes, d’échanger sur la situation mais aussi et peut-être surtout de se rendre compte de la gravité de la situation.
Nous avons même pu obtenir les laissez-passer pour Gaza. Gaza a été pour nous tous une épreuve humaine. Le passage à Eretz, digne d’un film de science-fiction, reste un moment marquant et douloureux. Un autre moment fort a été notre visite à Bilin où la rage de résister et de vaincre est remarquablement dénuée de toute haine.
Vous l’aurez compris, l’ensemble de la délégation est revenu de ce voyage bouleversé.
Suite à cette mission, la CGT entend poursuivre son action d’appui au dialogue entre les parties par la construction d’un projet axé sur le dialogue israélo-palestinien avec l’organisation de réunions à Paris entre des fédérations de branches de la Histadrut (services publics, énergie, télécommunications, santé) et des syndicalistes gazaouis ; de même que nous avons été sollicité pour l’organisation d’une rencontre de même type entre jeunes syndicalistes israéliens et palestiniens à Paris.
Un moment fort de notre 50ème Congrès sera consacré à la question palestinienne. Shaher, le SG de la PGFTU, qui était avec nous à Gaza, sera présent au Congrès de la CGT.
Nous refusons la politique du fait accompli qui caractérise le grignotage territoriale de la puissance coloniale d’Israël en Cisjordanie.
Nous refusons d’assister passivement à une succession de déclarations diplomatiques condamnant pour la forme les nouvelles colonies pour mieux masquer l’inaction des chancelleries.
Au contraire, la CGT envisage de lutter activement contre la colonisation de la Cisjordanie en plaçant sous surveillance les pratiques et les méthodes des firmes multinationales françaises dans les colonies que nous ciblons. Il s’agirait concrètement d’intervenir contre ces entreprises qui développent des activités économiques dans les colonies par le biais d’un soutien à des campagnes ou dans le cadre d’actions judiciaires ou extra-judiciaires.
Je vous remercie.