L’initiative de Genève a été célébrée tandis qu’en Palestine l’occupation meurtrière se poursuit. Ce plan non officiel veut constituer une solution définitive au conflit israélo-palestinien. Cette volonté de paix est la nôtre, mais pour construire une paix qui ne soit pas illusoire ou temporaire il faut se mettre d’accord sur une base commune, et la seule possible est le droit international.
Ce plan s’attaque aux vrais problèmes mais propose les mauvaises solutions. Nous vous exposons ici les avantages qu’il convient de reconnaître à ce texte et nos critiques qui démontrent que l’initiative ne constitue pas une réponse adéquate au conflit. Mais c’est surtout l’occasion pour nous de rappeler notre vision de la paix, une paix qui permettrait de mettre fin à l’occupation et qui assurera aux deux peuples la vie et la sécurité. Cette paix demande plus que de beaux discours, elle demande de la volonté et surtout de l’action car en ce moment même notre peuple ne cesse d’attendre, de souffrir et de mourir.
L’initiative de Genève prévoit la libération des prisonniers palestiniens, ce qui s’est révélé pendant la trêve de l’été comme une condition à toute progression dans le processus de paix. Il répond aussi à une des conditions essentielles à la paix, la création d’un Etat palestinien avec une certaine continuité géographique ce qui est un élément indispensable à sa viabilité et sa souveraineté. Toutefois, pour que cette souveraineté soit effective, il faudra nous assurer le contrôle sur notre espace terrestre, aérien et maritime, et surtout sur nos frontières. Aucune présence militaire israélienne ne peut-être acceptée. De plus le corridor qui lie la Cisjordanie et Gaza doit être sous contrôle palestinien afin qu’Israël ne puisse pas rompre, quand elle le souhaite, cette continuité géographique. Ces points que nous exposons ne sont que les attributs de toute souveraineté. Ce plan prévoit aussi l’annexion à Israël de nombreuses colonies installées en Cisjordanie et notamment Jérusalem-Est, or cela revient à demander aux occupés de légitimer ce que le droit international condamne.
Mais ce qui demeure le point le plus choquant dans cette initiative c’est la négation de fait du droit au retour des réfugiés. Les réfugiés constituent plus de la moitié de la population palestinienne, ils ont été et demeurent au cœur de notre combat pour la libération. Aucune solution qui évince leurs droits, ou revient sur nos droits nationaux reconnus par le droit international, ne sera à nos yeux acceptable. Pour créer une paix durable, il ne faut pas créer une nouvelle injustice surtout envers les plus démunis, nos frères qui ont passé leur vie en exil dont 2 640 000 vivent dans les camps dans des conditions inhumaines, dans la pauvreté et l’indifférence.
L’intérêt principal de cette initiative de Genève c’est qu’elle s’intéresse aux détails et prévoit des mécanismes d’application, ce qui avait cruellement manqué aux accords d’Oslo et aux autres initiatives de paix. Cette initiative montre qu’il faut réfléchir à une solution globale au conflit. Elle est la preuve de la mauvaise foi du gouvernement israélien qui en faisant de la sécurité un préalable à la paix a conduit des milliers d’hommes et de femmes palestiniens et israéliens à la mort. Il faut comprendre que ces accords ne sont pas officiels, le gouvernement israélien a mis à mort le plan de paix officiel soutenu par la communauté internationale, la feuille de route. Ce gouvernement poursuit la construction du mur qui annexe de fait de larges parties du territoire palestinien, isole une partie de notre population et emprisonne tout un peuple. Cette politique coloniale rend impossible la création d’un Etat palestinien viable et souverain sur les frontières de 1967. Ce gouvernement met ainsi en danger la possibilité de toute résolution du conflit et compromet le destin des générations futures. Le plan de Genève veut créer une brèche dans le cycle de la violence, mais pour cela il aurait fallu qu’il condamne les emprisonnements, les expropriations et les assassinats qui se poursuivent contre notre peuple. Toutes les initiatives de paix n’auront pas de sens tant qu’un coup d’arrêt ne sera pas donné à la politique irresponsable et criminelle du gouvernement israélien.
Nous reconnaissons la nécessité de concessions de part et d’autre, mais il ne faut pas oublier que nous avons déjà consenti ces concessions. Nous ne demandons que l’application du droit international qui nous garantit un Etat palestinien sur les territoires de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, exige le démantèlement des colonies et prévoit le droit au retour des réfugiés palestiniens. Il faut qu’Israël, comme nous, se soumette au droit international et non que cet Etat puisse y choisir les dispositions qui lui conviennent. Notre engagement pour la paix nous pousse à rappeler que seule une paix fondée sur le droit international pourra être juste et durable. Cette paix ne peut exclure les réfugiés palestiniens. Pour ne pas semer les graines d’une guerre future, il faut reconnaître la responsabilité d’Israël dans leur exil et leurs souffrances et reconnaître le droit au retour en leur laissant le choix, eux qui n’en ont jamais eu, de retrouver leurs maisons et leurs terres ou de rentrer en Palestine ou rester dans leur pays d’accueil, et obtenir une compensation juste qui leur permettra de vivre dignement. Ce plan propose une autre voie, il amène un nouveau souffle à une paix qui semblait morte. Pour éviter que ce sursaut, comme d’autres, ne soit que temporaire il faut s’attaquer immédiatement et avec fermeté à l’occupation et faire d’une paix conforme au droit international un objectif commun à tous ceux qui croient à la coexistence de ces deux peuples. Il faut réparer les injustices pour pouvoir construire l’avenir sur des bases solides afin que dans ce désert nous trouvions des oasis et non des mirages.