Jeudi 31 janvier – 18h50 - L’aviation des FOI survole Beit Hanoun et tire à l’aveugle sur les terres cultivées aux abords de la ville. Mohammed Qadri al-Masri, 21 ans est criblé d’éclats alors qu’il est sur le pas de sa porte. L’aviation poursuit ses tirs pendant 15 minutes.
Dimanche 3 février – 07h00- Les garde côtes tirent 3 obus en direction de bateaux de pêche au large de Beit Laya au Nord de la Bande de Gaza, les pêcheurs ramènent leurs bateaux à terre. Pas de victime.
Lundi 4 – 12h.50 – l’aviation tire un missile sur Aamer Rham Qarmout 39 ans, membre des Comités Populaires de la Résistance. Il se déplaçait à pieds dans la rue Aslan dans Beit Laya. Criblé d’éclats il est conduit à l’hôpital Shiffa de Gaza où il meurt 1heure plus tard. Ismaél Ghaben 24 ans qui était à proximité est blessé. Il est dans un état sérieux.
21h.30 du Haut de leurs miradors situés à la frontière à la hauteur de Al Qarrara, les FOI tirent sur plusieurs maisons et sur des champs cultivés. Plusieurs maisons sont sérieusement endommagées.
Mardi 5 – 02h.30 – les FOI pénètrent à 2000 mètres de la localité de Al Shuka au SE de Rafah, plusieurs maisons sont encerclées et fouillées , la résistance s’oppose à l’occupant. Mahmoud Abou Taha 19 ans est tué d’une balle dans la tête et Baker Abou Rijal 22 ans est tué de 2 balles dans la poitrine. 40 civils dont plusieurs mineurs sont arrêtés.
15h.34 – depuis la frontière à l’est de Khan Younis, les FOI tirent un missile sol /sol sur le commissariat de police situé à Abassan. Ahmed Musabbeh 22 ans, Motaz Abou Shahala 25 ans, Abdoul Abou Nasser 31 ans, Wafi Abou Youssef 22 ans, Mohamed Abou Saada 20 ans, Ussama Abou Saasa 21 ans et Rafat Qudaih 22 ans sont tués sur le coup. Mohamed Al Edrissi 22 ans officier de police est blessé par de nombreux éclats.
Mercredi 6 – 0h.50 – L’aviation tire sur un groupe de résistants dans la rue Al Qerem dans la localité de Jabalia. Rafat Hassouna 24 ans a du se faire amputer les 2 jambes, son état est critique.
6h.00 – l’aviation cible son missile sur Suhail Al Ghusain 38 ans, résistant, dans la banlieue de Gaza ville il est amputé, son état est critique.
22h.00 – depuis la frontière à l’est de Gaza ville les FOI tire un missile Sol / sol sur plusieurs résistants regroupés à la station d’essence Al Qadissiya à l’ouest de Beit Hanoun. Wajdi Al Afifi 20 ans est sérieusement blessé.
22h.40 – l’aviation des FOI tire 2 missiles sur une ferme appartenant à Zaki Al Dardissi, membre du Hamas, dans le village de Bani Suhaila à l’est de Khan Younis. La ferme est sérieusement endommagée. La mère de Dardissi, Fariza 80 ans, est touchée par plusieurs éclats elle est dans un état critique. Cette ferme avait déjà bombardée le 28 juin 2006.
Article du PCHR sur des témoignages individuels faisant état des pratiques quotidiennes de survie dans la bande de gaza
Afin de mettre en lumière l’impact du siège de la bande de Gaza sur la population, le P.C.H.R a décidé de publier une série de petits articles basés sur des témoignages individuels faisant état des pratiques quotidiennes de survie dans la bande de gaza. Ce faisant, le P.C.H.R espère que ces témoignages contribueront à mettre en évidence les restrictions et les violations imposées à la population. Celui-ci est daté du 4 février 2008
« Je suis pêcheur depuis 36 ans et j’ai commencé le métier à l’âge de 15 ans. Je suis natif de Al Jura à 2 kms au sud de Ashkelon, localité réputée pour ses pêcheurs. Quand mon père a été chassé en 1948 il est venu ici avec son bateau »
Jamal Mohammed Bassalla est le porte parole du Syndicat des pêcheurs de Rafah. Ce syndicat compte environ 450 pêcheurs locaux et son siège est sur la plage juste à la sortie de Rafah. Cependant ce matin Jamal et son équipage sont assis sous une bâche en train de boire le thé autour d’un brasero. Aujourd’hui la mer est traîtresse et il est préférable d’attendre que le temps s’améliore.
« Il faut deux ou trois heures pour préparer les bateaux à prendre la mer, mais tous les jours on est en stand by, dit Jamal, On vérifie les filets, le niveau de gasoil, la charge des batteries, les vivres, le GPS.. en un mot tout ce qui est nécessaire pour aller pêcher. Et dès que le temps s’améliore on est prêt à appareiller »
En été Jamal a 18 hommes d’équipage et ils restent en pêche pendant 24 heures d’affilée. Mais en hiver ils ne sont que 6 ou 7. Ils travaillent ensemble depuis des années et se comprennent au moindre signe. Ils sont 3.500 pêcheurs professionnels répartis le long des 40 kilomètres de côte que compte la bande de gaza. A eux tous ils soutiennent économiquement quelque 40.000 personnes entre les mécaniciens, les mareyeurs et les milliers de familles vivant de la pêche locale. Mais cette activité a été décimée, en particulier depuis ces 5 dernières années, à cause des restrictions sans cesse croissantes de l’occupant imposées comme une punition collective – notamment la distance à laquelle les pêcheurs peuvent s’éloigner du rivage sans être l’objet d’arraisonnements et ou bombardements.
Les accords intérimaires pour Gaza et la Cisjordanie, signés entre Israël et l’O.L.P. et 1944-5 ne s’étaient déjà pas conformés aux standards internationaux relatifs notamment au “droit de pêche” dans ses eaux territoriales. Toutefois ces accords stipulent que les pêcheurs de la bande de Gaza peuvent s’éloigner à 20 miles nautiques du rivage (environ 37 kilomètres). Mais aujourd’hui Jamal et ses collègues font savoir qu’ils ne peuvent plus pêcher au delà de 2.500 mètres du rivage sans risquer de prendre des projectiles : « Si nous allons plus loin en mer les Israéliens peuvent nous tirer dessus, détruire nos filets et nos bateaux ou nous obliger à regagner le rivage. Nous souffrons de ces mesures restrictives depuis 2003 et depuis peu ils utilisent des roquettes et des hélicoptères contre nous. »
Le syndicat des pêcheurs de Rafah dit que les garde-côtes israéliens équipés de lance-missiles patrouillent 24h. sur 24 7 jours sur 7 et que les pêcheurs n’ont aucune chance de s’éloigner du rivage sans être pris pour cibles.
Israël proclame que ces restrictions en matière de pêche font parties de la stratégie militaire globale pour combattre la contrebande d’armes et les attentats suicides. Mais Khalil Shahin directeur de l’Unité des Droits Sociaux et Economiques au PCHR fait ressortir Qu’Israël n’a jamais honoré les accords intérimaires. « Israël n’a jamais autorisé les pêcheurs à aller jusqu’à 20.000miles nautiques, le plus loin qu’ils aient été autorisés à été 12.000 c’était au cours des années 90 quand les pêcheurs ramenaient quelques 3.000tonnes de poisons par an . Mais la production a plongé depuis 2.002 à cause de ces restrictions toujours croissantes. Aujourd’hui les pêcheurs ne ramènent plus jamais plus de 500 tonnes par an, c’est la conséquence inévitable de la violation permanente par Israël des accords intérimaires. »
Non seulement bateaux, filets, et autres matériels de pêche sont endommagés ou détruits, mais encore 70 pêcheurs ont été arrêtés l’année dernière. Jamal Bassalla et ses collègues sont en colère et se considèrent frustrés de ne plus pouvoir gagner honorablement leur vie sans risquer leur vie. Un autre syndicaliste Abdoullah déclare qu’il prend à chaque fois des risques « Je mène mon bateau à 4 ou 5kms du rivage mais que puis-je dans ces hauts fonds. Quelquefois je m’en sors mais la plupart du temps alors que nous sommes en pêche ils se mettent à nous tirer dessus et nous obligent à rejoindre le rivage, du coup on est obligé d’abandonner toute la pêche. »
Les pêcheurs de Rafah insistent sur le fait que toutes ces restrictions ont affecté le type de poisson devenu habitué aux eaux peu profondes, comme la sardine. Ils ont eu recours à des filets dont les mailles étaient plus petites afin d’attraper des poissons plus jeunes et plus petits. Et Djamal s’en défend, disant qu’il n’avait pas le choix face au blocus israélien. Et pourtant les pêcheurs ont été sérieusement critiqués pour ce genre de pêche qui a épuisé les stocks marins. Ironie du sort : le nombre de pêcheurs a augmenté depuis le milieu des années 90 et cela parce que des milliers d’hommes qui travaillaient auparavant en Israël se dont reconvertis pour survivre.
Le plus grande ressource naturelle de Gaza c’est la mer et pourtant pour tous ces hommes du syndicats des pêcheurs de Rafah la solution à leurs problèmes est d’une simplicité radicale : Ils ne n’accepteront rien de moins que leurs droits tels qu’ils sont définis dans les accords intérimaires.
« Nous avons besoin de la mer, dit Djamal. Je suis un pêcheur instruit et compétent, j’ai une licence de géographie, mais si je suis revenu à la pêche, c’est parce que j’aime la mer, j’ai 2 frères et 6 fils. Ils sont tous pêcheurs, nous avons nos bateaux et nos filets, nous sommes prêts à tout instant à retourner pêcher. »