Photo : Des prisonniers palestiniens détenus dans une prison israélienne - Source : B’tselem
Les forces israéliennes ont arrêté 78 Palestiniens en Cisjordanie entre mardi soir et mercredi matin, a rapporté le Club des prisonniers palestiniens mercredi 16 novembre.
Selon le communiqué du Club des prisonniers, parmi les détenus figurent 17 étudiantes de l’université d’Hébron. Un porte-parole de l’association a déclaré à The New Arab que selon les dernières mises à jour, le nombre d’étudiantes arrêtées était de 13, dont quatre ont été libérées quelques heures plus tard, et neuf sont toujours en détention.
La campagne israélienne d’arrestations massives en Cisjordanie occupée se poursuit depuis le 7 octobre, le nombre de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes atteignant 7 000, sans compter les travailleurs gazaouis en Israël arrêtés au cours des premiers jours de la nouvelle guerre israélienne, et dont le nombre est estimé à plusieurs milliers. Sur le total des prisonniers palestiniens actuellement en détention, environ 2 200 sont détenus sans inculpation dans le cadre du système israélien de « détention administrative ».
2570 Palestinians have been kidnapped in 39 days
The Palestinian Prisoners' Association announced that the soldiers of Israeli army kidnapped 31 Palestinians in early morning raid on West Bank today, and with this number, number of Palestinians kidnapped has reached 2570 people. pic.twitter.com/u3Ed9w3Pzd
— The Fact Finder (@FactualNarrator) November 14, 2023
Traduction : « 2570 Palestinien-nes ont été kidnappé-es en 39 jours. L’association des prisonniers palestinienes a annoncé que les soldats de l’armée israéliennes avait kidnappé 31 Palestinien-nes au cours d’un raid en Cisjordanie à l’aube aujourd’hui. Désormais le nombre de Palestinien-nes kidnappé-es a atteint 2570 personnes. »
Les dernières détentions ont eu lieu alors qu’un cinquième Palestinien est mort dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre. Mardi, le Club des prisonniers palestiniens et l’Association Addameer de soutien aux prisonniers ont tous deux signalé la mort d’Abdul Rahman Marei, 33 ans, du village de Qarawa Bani Zeid, près de Salfit, dans la prison de Megiddo, dans le nord d’Israël.
Il était père de quatre enfants, dont l’aîné avait 11 ans et le plus jeune 4 ans. Son frère aîné, Mohammad Marei, a été tué par les forces israéliennes en 2005. Il a été arrêté en février et, selon Addameer, il n’avait aucun problème de santé au moment de son arrestation.
Depuis le 7 octobre, Israël a suspendu toutes les visites aux prisonniers et détenus palestiniens. Les groupes palestiniens de défense des droits humains ont accusé les autorités israéliennes d’introduire de nouvelles mesures répressives dans les conditions de détention des Palestiniens, y compris des mauvais traitements et des actes de torture.
Amnesty International calls on Israeli authorities to immediately reverse the inhumane emergency measures imposed on Palestinian prisoners and grant them immediate access to their lawyers and families. All Palestinians arbitrarily or otherwise unlawfully detained must be released pic.twitter.com/pnAwiznQH0
— Amnesty International USA (@amnestyusa) November 10, 2023
Traduction : « Amnesty International appelle les autorités israéliennes à renoncer immédiatement les mesures d’urgence inhumaines imposées aux prisonniers palestiniens et leur faire bénéficier sans délai d’un accès à leurs avocats et à leurs familles. Tous les Palestiniens détenus arbitrairement ou détenus illégalement doivent être libérés »
« Actuellement, notre seule source d’information sur les conditions à l’intérieur des prisons de l’occupation vient des détenus qui sont libérés », a déclaré Ayah Shreiteh, porte-parole du Club des prisonniers palestiniens, à l’agence TNA.
« Ils rapportent tous que les forces d’occupation battent les détenus dès leur arrestation et ne leur portent plus assistance lorsqu’ils sont blessés, même s’ils saignent. Nous avons également recueilli plusieurs témoignages de membres de l’armée israélienne présents dans les prisons et qui, à plusieurs reprises, ont menacé les prisonniers de les tuer », a-t-elle indiqué. « Des milliers de personnes ont été transférées dans différentes prisons et nous n’avons aucune information sur le lieu où elles se trouvent. »
« Les conditions de détention que nous documentons par le biais de témoignages, l’actuel black-out sur les prisons de l’occupation, la suspension des visites et le déploiement de l’armée, tout cela équivaut à une situation carcérale des Palestiniens sans précédent depuis les années 1980 », a ajouté Mme Shreiteh.
Des familles de prisonniers palestiniens ont manifesté dans plusieurs villes de Cisjordanie occupée, demandant une intervention internationale pour obtenir des informations sur leurs proches détenus dans les prisons israéliennes.
« Depuis le 8 octobre, nous n’avons aucune information sur l’endroit où se trouve mon père », a déclaré à la The New Arab Guevara Taha, la fille de 22 ans du détenu administratif palestinien Thaer Taha.
Thaer Taha a été arrêté en mai 2022 avec un ordre de détention de 6 mois. Les forces israéliennes ont renouvelé son ordre de détention pour six mois supplémentaires, quelques jours avant l’expiration de l’ordre de détention initial, puis l’ont maintenu en détention une seconde fois. Il est actuellement dans le dernier mois de son ordre de détention actuel.
« Avec d’autres familles de détenus, nous avons formé des groupes Whatsapp où nous sommes en contact les uns avec les autres », a déclaré la fille de M. Taha. « Chaque fois qu’une famille a des informations sur un détenu dans une prison donnée, elle les partage sur Whatsapp, et c’est notre seul moyen de savoir quoi que ce soit sur les conditions de détention ».
Israeli minister Ben-Gvir proudly admits that they torture Palestinian prisoners ;
“eight handcuffed terrorists [put] in a dark cell, iron beds, toilets in a hole in the floor and the anthem of hope constantly played,” he says
— Ragıp Soylu (@ragipsoylu) November 15, 2023
Traduction : « Le ministre israélien Ben-Gvir admet fièrement qu’il torture les prisonniers palestiniens ; « huit terroristes menottés [placés] dans une cellule sombre, des lits en fer, un trou dans le sol servant de toilettes et l’hymne de l’espoir joué en permanence », dit-il »
« C’est une angoisse constante, nous pensons tout le temps à ce qui pourrait arriver à mon père, aux conditions dans lesquelles il se trouve, et cela nous empêche de dormir », a ajouté Mme Taha. « Les médias parlent sans cesse des otages israéliens à Gaza, mais nos détenus sont également des otages dans les faits mais ils ne bénéficient pas de la même attention ».
Mardi, les médias israéliens ont rapporté que les négociations entre Israël et le Hamas, par l’intermédiaire de médiateurs, étaient sur le point d’aboutir sur un accord d’échange qui inclurait la libération des enfants israéliens détenus par le Hamas depuis le 7 octobre, estimés par les médias israéliens à une trentaine, en échange de quelque 200 enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
Au cours des mois précédant le 7 octobre, les autorités israéliennes ont intensifié les restrictions imposées aux conditions de détention des Palestiniens dans leurs prisons, principalement sur instruction du ministre israélien de la sécurité, Itamar Ben Gvir (extrême droite).
Les restrictions comprenaient la réduction du temps de douche à 4 minutes par jour et par prisonnier, la réduction du temps d’ensoleillement à une demi-heure par jour et la réduction des visites familiales à 40 minutes tous les deux mois.
Israël a arrêté environ 6 000 Palestiniens depuis le début de l’année 2023, dont 2 500 depuis le 7 octobre. Depuis 1967, environ un million de Palestiniens ont été arrêtés par les forces israéliennes, ce qui représente environ la moitié de la population palestinienne de la Cisjordanie occupée.
Traduit par : AFPS