Le 13 juillet dernier, quelques jours seulement après l’avis de la CIJ sur le mur israélien en Palestine occupée, l’Union européenne concluait avec Israël un nouvel accord économique et scientifique, de coopération sur le programme Galiléo [1].
Le 9 juillet dernier, la Cour internationale de justice rendait son avis sur les " conséquences juridiques de la construction d’un mur dans les territoires palestiniens occupés". Réuni à Bruxelles les 12 et 13 juillet, le conseil des ministres de l’UE a examiné la situation proche-orientale à l’aune de cet avis. Et, alors que l’Europe réfutait précédemment l’opportunité d’un appel à la CIJ de la part de l’Assemblée générale de l’Onu, l’on peut se féliciter du vote des 25 Etats européens peu après, à la même Assemblée générale, en faveur de la résolution qui " exige qu’Israël, puissance occupante, s’acquitte de ses obligations juridiques telles qu’elles sont énoncées dans l’avis consultatif ". Chris Patten, alors commissaire européen aux relations extérieures, n’a pas hésité à faire part de sa déception devant la vive condamnation par Israël de l’avis de la Cour. Mais également de sa perplexité lorsque Tel-Aviv se tourne vers l’Europe pour y trouver une aide -notamment économique- dans l’hypothèse d’un désengagement de Gaza...
Et cependant, loin de toute pression politique, diplomatique ou économique sur Tel-Aviv, ce sont au contraire de nouveaux accords israélo-européens qui ont été conclus à Bruxelles en ce même mois de juillet. Le 13, en effet, le vice-premier ministre israélien Ehud Olmert, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bernard Bot, au nom de la présidence de l’UE, et la vice-présidente de la Commission européenne responsable des transports et de l’énergie, Loyola de Palacio, signaient un accord sur le programme de radionavigation par satellite Galiléo. Dès lors, la coopération devrait se développer entre l’UE et Israël dans les domaines de la navigation et de la synchronisation par satellite dans de nombreux secteurs, qui vont de diverses technologies à la fabrication industrielle. Loyola de Palacio se félicite " d’une étape très importante pour le développement de Galiléo en tant que programme international, et pour son utilisation future dans le monde entier ".
- (© Joss Dray)
Le conseil avait invité dès le 16 janvier la commission à entamer avec Israël des négociations formelles avec Israël au sujet de Galiléo, dont les retombées peuvent pourtant concerner le militaire comme le civil. Selon un communiqué de l’Union européenne, " d’intenses échanges ont alors eu lieu entre les parties, et un texte a été convenu et approuvé en un temps record au cours de la série de discussions menées à Tel-Aviv le 17 mars (...) ". Une célérité qui laisse perplexe...
Objectif commun par ailleurs affiché : des négociations permettant une coopération israélo-européenne s’inscrivant dans la " Politique européenne de voisinage " (PEV), laquelle se fixe officiellement pour ambition la bonne gouvernance et la stabilité dans tout le voisinage de l’UE, ainsi que le renforcement du dialogue politique bilatéral, fondé " sur le respect de valeurs partagées ". On reste pour le moins sceptique.
L’Europe, friande de coopérations scientifiques et technologiques, est là fort loin de ses responsabilités politiques. Elle néglige les parlementaires eux-mêmes. Par deux fois, ceux-ci se sont exprimés en faveur de la suspension de l’accord d’association entre l’UE et Israël tant que ce dernier ne respecterait pas le droit et ses obligations internationales. Au sein du nouveau parlement élu au printemps dernier s’amorce un mouvement de même nature. Avec ce nouveau programme Galiléo, l’UE va très exactement dans le sens inverse. A force de dédaigner les recommandations du Parlement, le conseil de l’union risque fort de prendre un double risque : d’une part, encourager l’occupation, la colonisation, et au fond l’obstruction à la relance d’un véritable processus de paix au Proche-Orient ; d’autre part, décourager ceux qui, en Europe, continuent à croire en la démocratie.
Isabelle Avran.