La requête israélienne pour que l’Autorité Palestinienne arrête les incitations (à la violence) contre Israël dans les media palestiniens et dans le système scolaire est bien connue. Cette demande est justifiée. Depuis que l’Accord d’Oslo a été signé il y a plus de 10 ans, la question a été maintes fois soulevée : les livres d’école ont été examinés en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza ; des commissions communes qui n’ont pas fait grand-chose ont été mises en place ; dans pratiquement chacun de ses discours le premier ministre israélien Ariel Sharon a demandé que les Palestiniens mettent fin à leurs incitations.
Le dictionnaire définit le mot ‘incitation’ : pousser ou encourager à faire un acte. En fait, toute personne qui écouterait ou regarderait récemment les programmes palestiniens à la radio ou à la télévision pourrait témoigner qu’il y a eu un changement significatif : le battage rhétorique du passé a disparu.
Mais ce que l’on peut trouver dans les media palestiniens (et en grande quantité) ce sont les nouvelles sur ce qui se passe sur le terrain : des reportages quotidiens et détaillés aux titres dramatiques accompagnés de beaucoup de photos sur ce que les forces israéliennes et les colons font en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
Voici quelques exemples : dernièrement, chaque jour, les media palestiniens comprennent des reportages détaillés sur deux projets israéliens à grande échelle visant à confisquer des terres arabes et à construire de nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie. Les expropriations de terres se montent à plus de 1.093 hectares concernant des villages au Sud du Mont Hébron afin de construire le Mur de Séparation et en vue d’un projet de plus de 6.400 unités de logements pour différentes colonies dans la région.
La source de cette information provient des media israéliens et les reportages incluent les réactions du porte-parole palestinien. Il n’est pas nécessaire de faire remarquer que chaque Arabe qui lit ou voit ces reportages devient furieux.
Les reportages concernant la proposition d’expropriation de terres à grande échelle ne sont rien en comparaison des douzaines d’injustices mesquines qui ont lieu tout le temps et partout en Cisjordanie et à Gaza. Par exemple, pour citer dernièrement à partir des media palestiniens, dans la ville de Dura, près de Hébron, « trois enfants ont été blessés lors de conflits avec l’armée d’occupation » et à Hébron, « les colons ont recommencé à essayer de paver une route sur des terres arabes ». De même, « un jeune du camp de réfugiés de Jénine est mort suite à ses blessures » ; un garçon de Rafah « a été blessé par des tirs de tank » ; « des bulldozers de l’occupant ont déraciné des douzaines d’oliviers à Masha à l’Ouest de Ramallah » ; « l’armée d’occupation a fait part d’un projet visant à démolir un bâtiment à Wadi Pukin dans les trois semaines » ; « des unités d’occupation ont harcelé un habitant de la ville de Yata et transformé sa maison en un poste avancé militaire » ; « un couvre-feu a été imposé dans le village de Salam et dans les villes d’Abu Dis et Azzariyya » ; et « il y a de très long délais au check-point d’Atara ».
Ce ne sont que quelques exemples parmi toutes celles publiées. Il semble parfois que ce type de reportage soit sans fin. Deux samedi auparavant, il y a eu un déluge de reportages et de photos sur des échauffourées entre l’armée et les habitants des villages de Beit Surik, Safa, Balin et Dir Balut (tous situés à l’Ouest de Ramallah). Les habitants, selon les reportages, essayaient de protéger leur terre de l’armée d’occupation qui menaçait d’ériger la « Barrière raciste de Séparation » à cet endroit. Les photos montraient des paysans âgés agenouillés sur la terre pour les prières du vendredi, certaines femmes en robe traditionnelle villageoise, pleurant dans un cortège et une femme âgée à l’expression particulièrement triste, tenant un drapeau. Les reportages ont continué toute la semaine, en provenance de reporters locaux et de l’agence d’information officielle palestinienne, Wafa.
Ce type d’information est devenu courant. Il est livré avec un ton sec, minimal tout en décrivant les vols, l’humiliation et les exactions sur des femmes, des enfants sans défense et sur des prisonniers malades qui sont en isolement ou qui subissent une détention administrative répétée et longue et ce sans procès.
Une lecture et une écoute palestinienne de ce flot de reportages n’a pas besoin d’incitation contre Israël. Même si les histoires ne les touchent pas personnellement, les lecteurs comprennent ce que les autorités israéliennes font à leur peuple.