Photo : Le président français Emmanuel Macron lors d’une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine à Versailles le 29 Mai 2017 - Wikimedia commons.
L’annonce par le président Emmanuel Macron de la reconnaissance officielle de l’État palestinien par la France lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre a suscité des réactions dans le monde entier.
Si les dirigeants palestiniens et plusieurs États arabes ont salué ce geste comme "historique", Israël et les États-Unis l’ont vivement dénoncé.
"Fidèle à son engagement historique en faveur d’une paix juste et durable au Moyen-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtrait l’État palestinien. J’en ferai l’annonce solennelle lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre prochain" a écrit M. Macron jeudi soir sur X et Instagram.
La France coprésidera également, avec l’Arabie saoudite, une conférence internationale des chefs d’État et de gouvernement visant à relancer la solution à deux États.
La conférence, initialement prévue en juin, a été reportée à la dernière minute en raison de la guerre entre Israël et l’Iran.
Dans l’intervalle, une réunion de niveau ministérielle se tiendra les 28 et 29 juillet à New York.
La déclaration de Macron a été publiée avec une copie d’une lettre adressée au président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas, datée du 24 juillet.
"Il est urgent aujourd’hui de mettre fin à la guerre à Gaza et de venir en aide à la population civile. La paix est possible" a écrit Macron.
Il a ajouté que "la démilitarisation du Hamas" était essentielle pour sécuriser et reconstruire Gaza.
"Nous devons enfin construire l’État palestinien, assurer sa viabilité et veiller à ce qu’il contribue à la sécurité de tous au Moyen-Orient en acceptant sa démilitarisation et en reconnaissant pleinement Israël" a-t-il ajouté.
Si Macron tient sa promesse, la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, sera la première grande puissance occidentale et le premier pays du G7 à reconnaître l’État palestinien.
Voici quelques-unes des réactions internationales à l’annonce du président français.
Israël
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé Macron de "récompenser le terrorisme" et a déclaré que l’initiative française "risquait de créer un autre proxy iranien, tout comme Gaza l’est devenu" servant de "rampe de lancement pour anéantir Israël - et non pour vivre en paix à ses côtés".
"Soyons clairs : les Palestiniens ne cherchent pas à créer un État aux côtés d’Israël, ils cherchent à créer un État à la place d’Israël."
Le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a déclaré qu’"un État palestinien sera un État du Hamas".
Le vice-Premier ministre Yariv Levin, qui est également ministre de la justice, a qualifié cette décision d’"aide directe au terrorisme" et de "tache noire dans l’histoire de la France".
En réponse aux critiques, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a déclaré vendredi sur X qu’en reconnaissant l’État palestinien, la France ne récompensait pas le Hamas, mais "lui donnait tort".
"Le Hamas a toujours rejeté la solution à deux États. En reconnaissant la Palestine, la France prouve que ce mouvement terroriste a tort. Elle prouve que le camp de la paix a raison contre le camp de la guerre" a déclaré M. Barrot sur X.
États-Unis
Les États-Unis ont "fermement" rejeté l’initiative française, après avoir précédemment mis en garde les pays qui envisageaient de reconnaître un État palestinien contre une telle décision.
"Les États-Unis rejettent fermement le projet d’Emmanuel Macron de reconnaître un État palestinien à l’Assemblée générale des Nations unies. Cette décision imprudente ne sert que la propagande du Hamas et fait reculer le processus de paix" a écrit le secrétaire d’État américain Marco Rubio sur X.
"C’est une gifle pour les victimes du 7 octobre."
Washington s’oppose depuis longtemps à toute reconnaissance unilatérale d’un État palestinien, y compris sous l’administration précédente de Joe Biden, préférant une solution négociée.
Le mois dernier, Middle East Eye a révélé que les États-Unis avaient mis en garde la France et la Grande-Bretagne contre la reconnaissance d’un État palestinien lors de la conférence prévue en juin à l’ONU.
Palestine
Les autorités palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie occupée ont salué la décision française.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a qualifié cette décision de "victoire pour la cause palestinienne".
"Cela reflète l’engagement de la France à soutenir le peuple palestinien et ses droits légitimes sur sa terre et sa patrie" a déclaré Abbas vendredi.
Plus tôt, Hussein al-Sheikh, haut responsable de l’Autorité palestinienne et vice-président du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a déclaré que "cette position reflète l’engagement de la France envers le droit international et son soutien aux droits du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création de notre État indépendant".
Le Hamas a écrit dans un communiqué : "Nous considérons qu’il s’agit d’une mesure positive dans la bonne direction pour rendre justice à notre peuple palestinien opprimé et soutenir son droit légitime à l’autodétermination."
Le groupe a appelé "tous les pays du monde, en particulier les nations européennes et celles qui n’ont pas encore reconnu l’État de Palestine, à suivre l’exemple de la France".
Pays arabes
Plusieurs pays du Golfe ont salué la décision du président français, à commencer par l’Arabie saoudite, qui a appelé les autres pays à prendre "des mesures positives similaires".
"Le Royaume salue cette décision historique, qui réaffirme le consensus de la communauté internationale sur le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un État indépendant sur les frontières de 1967" a déclaré le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le Qatar, qui joue le rôle de médiateur entre Israël et le Hamas, a salué cette initiative comme une "évolution positive [...] qui contribuera à renforcer les chances d’une paix juste et globale dans la région".
Le Koweït a également souligné "la nécessité pour tous les autres États de prendre des mesures similaires afin de trouver une solution juste et globale à la question palestinienne".
De son côté, la Jordanie a qualifié cette initiative d’"étape importante".
"Le Royaume apprécie la décision du président français, qu’il considère comme une étape importante dans la lutte contre les efforts visant à nier le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un État indépendant et souverain sur son sol national" a déclaré le ministère jordanien des Affaires étrangères.
Europe
L’Irlande, l’Espagne et la Slovénie, qui avaient déjà pris la même mesure en 2024, ainsi que la Norvège, ont salué la décision de la France.
"Ensemble, nous devons protéger ce que Netanyahu tente de détruire. La solution à deux États est la seule solution" a déclaré le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Harris, a qualifié la décision de la France de "seule base durable pour la paix et la sécurité tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens".
La ministre slovène des Affaires étrangères, Tanja Fajon, l’a décrite comme "une mesure audacieuse en faveur de la paix et d’une solution à deux États".
Traduction : AFPS