"On ne sort pas indemne d’une semaine de bombardements"
« J’ai pu me rendre à Gaza il y a quelques jours pour rencontrer notre équipe sur place, explique David Ligneau, chef de mission Handicap International pour les Territoires palestiniens. A l’image de tous les habitants de la bande de Gaza, ils ont été très affectés par cette nouvelle guerre. Le souvenir des opérations militaires d’il y a quatre ans, l’opération « Plomb durci » menée par les militaires israéliens est resté gravé dans les esprits. Et les bombardements de ces derniers jours ont ravivé le cauchemar qu’ils ont pu vivre. Et puis ils étaient effrayés par le spectre d’une intervention terrestre dont les conséquences pouvaient être dramatiques. Imaginez aussi le bruit des bombes qui tombent sans discontinuer, un vacarme assourdissant durant des jours, avec en toile de fonds des informations contradictoires distillées par les médias, sur une perspective de cessez-le-feu, repoussée de jour en jour, qui fauchaient leurs espoirs d’une prochaine trêve. L’arrêt des combats ne signifie pas que tout est rentré dans l’ordre. J’ai pu voir des enfants jouer dans les rues, mais il ne faut pas être dupe. Cette image positive ne doit pas occulter la période qu’ils viennent de vivre, traumatisante. Pour nos équipes et la population de Gaza en général, pour les enfants, pour les personnes handicapées et les personnes vulnérables, on ne peut pas imaginer qu’il soit possible de sortir d’une semaine de bombardements d’une telle intensité, sans que ça laisse des traces ».
Un besoin urgent de soutien psychosocial
Les équipes de Handicap International à Gaza ont continué à travailler durant les combats, en préparant la réponse à cette nouvelle situation. L’association était déjà opérationnelle, avant cette dernière crise, sur des actions de soutien psychosocial, à travers des partenaires locaux. Il est désormais nécessaire d’étendre ces actions, et d’accentuer le nombre de bénéficiaires.
« Nous manquons aujourd’hui de moyens pour accroitre nos activités dans ce domaine, déplore David Ligneau, il est pourtant indispensable de s’occuper des personnes handicapées, des personnes les plus vulnérables qui ont besoin d’une attention particulière après ce nouveau traumatisme. Nous devons également apporter notre expertise en matière de soutien psychosocial pour que les autres acteurs humanitaires et partenaires présents à Gaza puissent développer ces activités ».
Handicap International développe dans le même temps un mécanisme de référencement. Il s’agit d’identifier les personnes vulnérables dont les personnes handicapées qui ont des besoins spécifiques, pour les orienter vers les structures adaptées. « Dans un contexte dégradé comme celui de Gaza, il est important de s’assurer que personne n’est oublié dans le dispositif d’aide humanitaire », souligne David. L’association souhaite également apporter un soutien aux hôpitaux et structures de santé, pour proposer des aides à la marches (béquilles, déambulateurs, fauteuils roulants... ) aux blessés, pour qu’ils puissent conserver leur mobilité lorsqu’ils rentrent chez eux.
L’appel à la levée du blocus
Au-delà de cette réponse à l’urgence, Handicap International et plusieurs ONG internationales ont tenu à lancer un appel, mercredi 28 novembre, à une levée du blocus de la bande de Gaza : « Le cessez-le-feu marque enfin un répit pour les populations civiles. L’allègement du blocus qui paralyse la bande de Gaza et qui enferme la population dans la pauvreté depuis si longtemps, est en cours de négociation. Mais si le blocus n’est pas levé une bonne fois pour toutes, les populations civiles vont continuer à souffrir ». « Le blocus engendre des carences chroniques en matière d’accès à l’eau, d’accès à la nourriture, d’accès aux soins », souligne David.
Outre les activités psychosociales, la possibilité d’initier des activités de prévention aux restes explosifs de guerre est également explorée.
Débuté le 14 novembre dans l’après-midi, ce nouveau conflit entre Israéliens et Palestiniens a fait, selon les Nations unies , 158 morts et 1 269 blessés dans les rangs palestiniens, 6 morts et 224 blessés parmi les Israéliens. Près de 300 habitations ont été détruites ou sévèrement endommagées à Gaza, 80 sur le territoire israélien.