Al-Ahram Hebdo : Nous avons l’impression d’assister à du déjà-vu, nous oscillons entre construction, destruction et reconstruction, ne croyez-vous pas que c’est une situation peu encourageante ?
Jonas Gahr Store : Du déjà-vu, c’est une expression qui explique bien la situation. Ceci est un peu la tragédie en cours. Maintenant on discute de la reconstruction de quelque chose que nous avions reconstruit par le passé. Il y a deux choses bien différentes. D’un côté l’aide humanitaire et de l’autre la reconstruction de ce qui a été détruit. A mon avis, la vraie reconstruction n’aura pas lieu avant une solution politique du grand conflit et une fin de la division interpalestinienne.
— Mais cela fait également des années que l’on parle d’une solution au conflit palestino-israélien sans parvenir à une véritable issue ...
— Parlant de mon pays, la Norvège, qui a financé l’économie palestinienne depuis des années, il m’est difficile en tant que responsable de m’adresser au Parlement de manière répétée pour lui demander de financer puis de re-financer ce qui a déjà été financé. Ce fait me mène à souligner la nécessité d’aboutir à un règlement politique.
— Le problème qui entrave la reconstruction est politique et logistique. Pourquoi les participants n’ont-ils pas discuté de ce dernier aspect ?
— Presque toutes les délégations présentes à la conférence ont souligné dans les différents discours la nécessité d’une solution au conflit politique, car il est impossible de dissocier la politique de l’économie. Donc, avant d’entamer un processus de reconstruction de la bande de Gaza, il faudrait trouver une sorte d’issue politique, mais ce n’est pas une question qui devait être négociée lors d’une conférence de donateurs.
— La reconstruction de la bande de Gaza sera-t-elle alors suspendue en attendant un quelconque règlement politique définitif ou provisoire ?
— Je ne dirai pas qu’elle sera suspendue, mais il n’y aura pas de reconstruction avant un accès aux territoires palestiniens. Aujourd’hui, tout le monde le sait, tous les points de passage sont fermés.