Al-Ahram Hebdo : Malgré l’accord du cessez-le-feu conclu entre le Fatah et le Hamas, l’impasse politique reste entière. Comment régler les différends politiques qui opposent les deux parties ?
Kayed Al-Ghoul :
– Nous devons nous attaquer au dossier politique, la clé de la solution de la crise actuelle. Cette solution ne se fera qu’à travers le dialogue politique global et non pas bilatéral afin de trouver une issue à la formation d’un gouvernement d’union nationale, conformément à la charte de l’entente nationale et suivant un calendrier précis sur lequel s’accorderont toutes les parties, dont le FPLP. Si nous ne parvenons pas à un résultat, nous devrons rechercher une alternative à travers la tenue d’élections anticipées, mais aussi en recherchant une entente active entre les parties concernées.
Y a-t-il effectivement une possibilité que le dialogue s’élargisse pour englober les forces autres que le Hamas et le Fatah ? Les deux mouvements ont-ils accepté que le FPLP et les autres factions rejoignent le dialogue ?
– Nos confrères du Hamas et du Fatah nous ont informés qu’ils étaient d’accord pour élargir le dialogue aux autres factions. Nous estimons que les deux mouvements ont réalisé que le dialogue bilatéral n’a pas abouti à des résultats concrets. Par conséquent, il est devenu important d’élargir le dialogue.
Vous venez d’évoquer la tenue d’élections anticipées comme une possible issue à la crise. Etes-vous donc d’accord avec le président Mahmoud Abbass sur cette question ?
– Jusqu’à ce moment, nous incitons au dialogue parce que nous avons toujours cru et nous continuons à croire en l’importance de l’entente. La réalité palestinienne nous impose d’unifier nos institutions et nos forces face à l’occupation. N’oublions pas qu’il existe des équilibres des forces qui nous imposent de parvenir à une entente pour faire aboutir tout accord auquel nous parvenons.
Nous essaierons d’éviter des élections anticipées. Abou-Mazen aurait dû accorder plus de temps au dialogue, qui aurait dû englober toutes les factions, et pas seulement le Fatah et le Hamas. Surtout que le dialogue bilatéral a conduit à des divergences qui ne se limitent guère aux deux parties concernées mais s’étendent à d’autres, y compris le FPLP. Différents courants sur la scène palestinienne rejettent le gouvernement d’union nationale, et veulent imposer leur choix d’élections anticipées.
Nous avons remarqué qu’Abou-Mazen n’a pas fixé de date pour ces élections, ce qui nous donne le temps de poursuivre le dialogue. Nous espérons progresser, là où le dialogue national a échoué. Dans ce cas nous aurons réussi à nous éloigner des élections anticipées et leurs répercussions. Ce qui importe actuellement c’est de recommencer le dialogue qui nous conduira probablement à des résultats tangibles.
Quelles sont les conditions nécessaires pour que l’accord du cessez-le-feu tienne ?
– D’abord, il faut réactiver le rôle du Conseil de sécurité national présidé par le président et regroupant le premier ministre, le ministre de l’Intérieur et les responsables des appareils sécuritaires dans l’objectif d’unifier le plan sécuritaire afin de mettre un terme au débordement sécuritaire sur la scène palestinienne. Il est de son ressort également d’unifier l’action des appareils de sécurité pour en fin de compte contrecarrer les groupes qui sont hors la loi. De leur côté, les factions doivent se réorganiser de manière à stopper toutes les manifestations armées et éviter tout débordement dans les rues.