Et c’est ainsi, qu’une heure durant, à l’appel du collectif 69 de soutien au peuple palestinien, une quarantaine de lyonnais(es) se rassemblaient le jour de ses obsèques devant le péristyle de l’Opéra de Lyon, juste en face de la mairie centrale pour entendre des extraits de ses poèmes et des hommages de personnalités.
Ses paroles accompagneront longtemps tous nos combats :
« …nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir. Espoir de libération et d’indépendance.
Espoir d’une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l’école.
Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire.
Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang.
Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d’amour et de paix.
Merci de porter avec nous le fardeau de cet espoir. »
(extrait du discours prononcé par Mahmoud Darwish à Ramallah le 25 mars 2002 à l’intention de la délégation du Parlement international des écrivains)
Lecture de poèmes de Mahmoud Darwish à Lyon le jour de son enterrement
le 13 août 2008
Extraits du recueil de poésie de Mahmoud Darwish "murale"
« …Et mon nom, quand bien même je prononcerais mal mon nom
Fait de cinq lettres horizontales, m’appartient :…
…Ce nom m’appartient…
Et il appartient à mes amis, où qu’ils se trouvent.
Et mon corps passager, présent ou absent, m’appartient…
Deux mètres de cette tourbe suffiront désormais…
Un mètre et soixante-quinze centimètres pour moi…
Et le reste, pour des fleurs aux couleurs désordonnées. Et m’appartenait
Ce qui m’appartenait, mon passé, et ce qui m’appartiendra,
Mon lendemain lointain et le retour de l’âme prodigue.
Comme si rien n’avait été.
Comme si rien n’avait été.
Rien qu’une blessure légère au bras du présent absurde…
Et l’Histoire se rit de ses victimes
Et de ses héros…
Elle leur jette un regard et passe…
Cette mer m’appartient.
Cet air humide m’appartient.
Et mon nom,
Quand bien même je prononcerais mal mon nom gravé sur le cercueil,
Mon nom m’appartient.
Mais moi, désormais plein
De toutes les raisons du départ, moi,
Je ne m’appartiens pas,
Je ne m’appartiens pas,
Je ne m’appartiens pas… »
(traduit de l’arabe par Elias Sambar. Actes Sud 2003)
Mahmoud Darwish a été enterré mercredi 13 août à Ramallah, en Cisjordanie. Il a eu des obsèques comparables à celles du leader historique palestinien Yasser Arafat en 2004