Deux murs de l’apartheid sont actuellement en cours de construction à Hébron :
– le premier d’entre eux divisera la ville elle-même et les travaux ont commencé il y a plusieurs mois à l’ouest des colonies illégales de Harsina et Kiryat Arba’. Ceci renforce l’apartheid flagrant au cœur de la ville.
– Le second mur de l’apartheid va bientôt être construit près de la Ligne Verte comme indiqué ci-dessous.
Il semble en effet improbable que l’on réussira à mettre un terme aux agissements brutaux du gouvernement israélien sans soutien international, sans pression internationale.
Il y a deux semaines, l’armée d’occupation israélienne a émis un ordre militaire signé du Commandant militaire de la Cisjordanie déclarant qu’Israël avait l’intention de confisquer plus de 500 dounams [1]à l’ouest d’Hébron.
Comme toujours, des raisons de "sécurité" sont invoquées. Les agriculteurs palestiniens ont trouvé cet ordre dans leurs champs après que le Comité de Liaison Palestinien ait refusé de l’accepter.
Quelques jours plus tard, des soldats et des ingénieurs israëliens de l’Administration civile sont arrivés dans cette zone et ont commencé à marquer le tracé d’un nouveau mur de l’apartheid.
Sept jours ont été accordés aux propriétaires palestiniens pour contester la décision. Le Comité de Défense de la Terre d’Hébron, en coopération avec les propriétaires et les municipalités concernés, a préparé la documentation nécessaire pour appuyer ce dossier actuellement soumis aux tribunaux israéliens. Ils sont représentés par l’avocat israélien Amir Veshtivian.
Soutenus par des bulldozers, soldats et ingénieurs continuent de se rendre régulièrement dans ce secteur. Ils se rassemblent près du poste avancé illégal de Negohot qui deviendra très probablement le quartier général de la construction illégale du Mur.
Le Comité de Défense de la Terre de Hébron a pris connaissance d’informations israéliennes de source indépendante révélant qu’il était prévu dès novembre 2003 que 48% de l’espace total disponible dans le district de Hébron serait confisqué, soit un demi million de dounams.
Le Mur de l’apartheid de Hébron ira de Kfar Ezion vers le sud près de la Ligne Verte, jusqu’à el Daheriyya. De là il se dirigera vers l’est, vers Susya, à l’est de Yatta.
L’essentiel des terres de ce secteur sera confisqué ; semé de petits villages palestiniens, il constitue en effet une cible facile pour ces brutales confiscations illégales. Voilà qui explique également ce qui se passe depuis quelque temps à l’est de Yatta : expulsions d’agriculteurs sur des dizaines de milliers de dounams, agressions quotidiennes des villageois par les colons et l’armée, incendie des cultures, abattage des chèvres et démolition des maisons.
Au cours du seul dernier mois, 7 maisons palestiniennes ont été démolies tandis que les habitants de cette zone recevaient dix nouveaux avis de démolition.
Ceci exacerbe les déportations de ces trois dernières années qui ont vu arracher à leurs terres des centaines de résidents palestiniens (un dossier mieux connu sous le nom du cas des "troglodytes palestiniens").
Dans de nombreux villages proches de la Ligne Verte, le nombre de maisons démolies a récemment augmenté. A d’el Ramadeen par exemple, au sud de Hébron, 3 maisons ont été détruites et 8 avis de démolition remis par la puissance occupante. Il y a quelques jours dans le village d’Idna, en bordure de la Ligne Verte, 700 oliviers ont été détruits par le feu qui a suivi trois jours d’entraînement militaire israélien dans le secteur.
C’est la première fois depuis 1967 que l’armée réalise de telles activités dans cette zone et y détruit des biens privés. Les habitants et le Comité de Défense de la Terre confirment le lien entre ces infractions et le projet d’érection d’un nouveau Mur de l’Apartheid.
Selon les pancartes officielles placées par les soldats et les ingénieurs israéliens, le mur mesure à ce stade 5 km de long et 100 mètres de large. Dans la ville de Beit Awwa, les agriculteurs se réunissent quotidiennement pour faire le point sur la nouvelle tragédie qu’ils vont devoir affronter.
Cartes et documents sont réunis pour étoffer le dossier, y compris du point de vue légal. Mohammed Souwati, Directeur de la municipalité, indique que 30.000 habitants des villages de Beit Awwea, Sekka et Um Akaf sont sur le point de perdre 80% de leurs terres et toutes leurs sources de revenus tandis que des milliers d’arbres seront déracinés.
Des dizaines d’agriculteurs se réunissent dès l’aube dans des prés du vieux fermier Ali Masalmeh qui déclare : "Nous venons protester et nous battre mais nous craignons que ce ne soit la dernière fois que nous voyons nos terres telles quelles. Pendant 60 ans j’ai travaillé ici tous les jours. J’y ai planté, tout seul, 500 arbres.
J’ai peur que les énormes mâchoires des bulldozers détruisent non seulement mes arbres mais également mon histoire et mon bonheur. Je découvre le sens du proverbe ’Il est difficile de construire mais facile d’endommager’."
Agriculteurs et représentants de différentes organisations du district de Hébron n’ont pas la moindre confiance dans le système juridique israélien.
Ils savent que l’ordre militaire sera mis en oeuvre tel quel et peut-être même au-delà de ce qu’il indique officiellement. Tous savent ce qu’il s’est passé lors de la construction du Mur de l’Apartheid au nord de la Cisjordanie.
Il semble qu’il ne reste que quelques jours ou quelques semaines avant qu’une nouvelle tragédie arbitraire ne soit provoquée par les forces d’occupation illégales israéliennes.