Au moins 16 Palestiniens réfugiés dans une école de l’ONU ont été tués mercredi à l’aube à la suite de bombardements israéliens dans la bande de Gaza, selon un nouveau bilan, au moment où un fragile espoir de trêve humanitaire semblait prendre forme. L’incident le plus sanglant s’est produit dans une école de l’UNRWA, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, dans le camp de Jabaliya. Deux salles de classe ont été touchées de plein fouet par des obus de chars israéliens, qui ont tué au moins 16 Palestiniens, selon un nouveau bilan des services de secours palestiniens et de l’UNRWA. De nombreux civils palestiniens se sont réfugiés dans des écoles de l’UNRWA notamment à Jabaliya après avoir été avertis par l’armée israélienne que le quartier ou la localité où ils résident risquaient de subir des bombardements massifs.
Chassés de chez eux par les combats, plus de 200 000 habitants du territoire palestinien vivent dans des conditions très précaires dans 82 écoles gérées par l’UNRWA. Huit Palestiniens d’une même famille ont également été tués lors d’un raid aérien israélien à Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza. Plus de 1 260 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début du conflit le 8 juillet dernier.
"La possibilité d’un cessez-le-feu"
Sur le front diplomatique, le secrétaire d’État américain John Kerry, a affirmé que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a "soulevé l’idée et la possibilité d’un cessez-le-feu", lors d’un entretien téléphonique lundi. Quant au Hamas et à ses alliés du Jihad islamique, ils sont "prêts à une trêve humanitaire de 24 heures", et à étudier une prolongation jusqu’à trois jours, a affirmé l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Les belligérants se sont toutefois bien gardés de s’engager officiellement. Le gouvernement israélien, qui entend réduire à néant la menace que fait peser le Hamas sur sa population, doit tenir une réunion de son cabinet de sécurité mercredi à 14 heures (13 heures à Paris).
Dans une rarissime déclaration diffusée par la radio et la télévision du Hamas, Mohammad Deïf, le chef des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du mouvement palestinien, a rappelé la position de son organisation : pas de trêve "sans l’arrêt de l’agression et la levée du siège", le blocus israélien imposé depuis 2006 à l’enclave palestinienne. Selon le secrétaire général de l’OLP, Yasser Abed Rabbo, "la direction palestinienne a convenu avec le Hamas et le Jihad islamique d’envoyer une délégation (...) au Caire pour discuter de la période à venir". "C’est une preuve, s’il en fallait, que nous avons une position commune", a insisté M. Abed Rabbo. L’OLP et le Hamas ont scellé leur réconciliation en avril. La délégation palestinienne attendait une invitation officielle de l’Égypte avant de partir pour Le Caire, selon des sources palestiniennes.
Coupures d’électricité
Mais la route est longue. Ces derniers jours, plusieurs annonces de trêve, faites par le Hamas comme par Israël, n’ont pas permis de mettre un terme aux hostilités. Le mouvement islamiste palestinien a rejeté la semaine dernière un projet de cessez-le-feu présenté par l’Égypte, qui a par le passé servi à plusieurs reprises d’intermédiaire entre Palestiniens et Israéliens. Après une éphémère trêve de fait lundi, début de la fête du Fitr marquant la fin du ramadan, un déluge de feu s’est abattu du nord au sud de l’étroite enclave palestinienne. Bombardée et en proie aux flammes toute la journée, l’unique centrale électrique du territoire, qui assure en temps normal 30 % de ses besoins en électricité, a cessé de fonctionner. La quasi totalité de l’enclave est plongée dans le noir à la nuit tombée.
Mais si un arrêt des combats devait être arraché, les questions de fond resteraient entières. Le Hamas exige une levée du blocus, qui asphyxie cette bande de terre de 40 km sur 10 où s’entassent quelque 1,8 million d’habitants. Quant aux autorités israéliennes, elles ont répété à l’envie que tant que la puissance de feu du Hamas n’aurait pas été annihilée, leur armée ne s’en irait pas d’un territoire dont elle s’était unilatéralement retirée en 2005 avant d’y revenir le 17 juillet.
Cinquante-trois soldats israéliens ont perdu la vie depuis le déclenchement de l’opération "Bordure protectrice" le 8 juillet, soit le bilan le plus lourd depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006. Trois civils ont également été tués en Israël depuis le début de la confrontation. Or, l’armée n’a pas encore atteint son objectif, qui est de détruire l’arsenal de roquettes et les tunnels d’attaque. Quatre soldats ont été tués lundi par un commando palestinien sorti de l’un de ces boyaux et mardi, l’armée a affirmé avoir éliminé cinq "terroristes" qui émergeaient d’un autre tunnel dans la bande de Gaza. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou est confronté à une forte pression de son opinion publique, très sensible à cette question des tunnels et qui, à en croire les sondages, est résolument favorable à une poursuite des opérations militaires.