Le gouvernement israélien a-t-il décidé de réoccuper la bande de Gaza, évacuée l’an dernier à grand renfort de publicité ? La menace d’une invasion armée de la totalité du territoire se fait de plus en plus précise et il ne se passe désormais pas un jour sans que les plus hauts dirigeants israéliens ne fassent d’inquiétantes déclarations.
Refaire l’opération « Rempart »
Il y a quelques jours, le ministre de la Défense lui-même, le travailliste Amir Peretz, se déclarait « décidé à empêcher la bande de Gaza de devenir un second Liban par l’accumulation d’un arsenal qui constitue une menace pour la région du Neguev ». Hier, c’est le ministre de l’Intégration des nouveaux immigrants, Zeev Boïm, un proche du premier ministre Ehud Olmert, qui parlait de rééditer à Gaza l’opération « Rempart » qui, en avril 2002, avait permis la réoccupation de la plupart des villes de Cisjordanie, faisant plus de 200 morts palestiniens, des milliers de blessés et 5 000 prisonniers, sans parler de la destruction quasi totale de l’infrastructure de l’Autorité palestinienne et de l’enfermement de Yasser Arafat lui-même.
Les militaires israéliens accusent quant à eux le Hamas d’avoir fait rentrer clandestinement dans la bande de Gaza des armes redoutables comme des roquettes antichars de fabrication russe et des missiles sol-air identiques à ceux utilisés cet été par le Hezbollah au Liban.
Mardi, l’armée israélienne a mené une opération d’envergure le long de la frontière avec l’Égypte, par où passe la contrebande des armes. C’était la première opération terrestre de cette envergure depuis un an et elle aurait permis de découvrir deux tunnels souterrains servant au trafic d’armes. Selon le Shin Bet (renseignement militaire) le Hamas aurait fait entrer ces derniers temps 30 missiles et 20 tonnes d’explosifs. Le Hamas a plus ou moins confirmé l’existence de ces informations en affirmant lundi qu’il avait « les armes et munitions nécessaires pour donner à Israël une leçon inoubliable » en cas d’invasion de la bande de Gaza.
Déjà, sans invasion terrestre totale, les incursions quasi quotidiennes, les bombardements, les meurtres dits « ciblés » font chaque jour leur lot de victimes : six Palestiniens ont été tués mardi dans la bande de Gaza et quatre autres mercredi, soit dix morts qui s’ajoutent aux 250 victimes recensées depuis le début de l’agression contre Gaza en juin dernier.
« Des actes irresponsables »
Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui donnait mardi soir (18 octobre) une conférence de presse à Ramallah sur les dissensions internes à l’Autorité palestinienne, a durement critiqué les tirs de roquettes sur le sud d’Israël, les qualifiant « d’actes irresponsables commis par des personnes irresponsables ».
Il a de nouveau évoqué la possibilité de former un « gouvernement de technocrates » pour mettre fin au blocus quasi complet dont les Palestiniens sont victimes depuis les élections de janvier. Mais il a ajouté qu’un gouvernement sans le Hamas - réclamé par Israël et les États-Unis - « n’est pas dans l’immédiat à l’ordre du jour ».
F. G.-R.