Comme Israël a bombardé la centrale électrique et qu’il faut de l’électricité pour pomper l’eau dans la région la plus grande partie de Gaza n’a plus accès à l’eau potable.
Dans la chaleur de l’été, la pluie serait un bienfait, tellement mieux accueilli que les bombardements en cours.
Déjà je commence à perdre le fil des jours et des nuits, du nombre de bombes qui sont tombées. Depuis le bombardement de la centrale, nous avons du vivre sans électricité. Celle que nous avons, de tant en temps, est à peine suffisante pour rechercher les téléphones mobiles et ordinateurs portables qui nous permettent de n’être pas complètement coupés des autres et du reste du monde.
Je suis médecin et je crains pour nos malades.
22 hôpitaux n’ont plus d’électricité, ils doivent utiliser des générateurs, mais pour les générateurs il faut du fuel. Nous avons assez de combustible pour quelques jours au mieux puisque les frontières sont hermétiques, aucun combustible ne peut entrer.
Le manque d’électricité menace la vie de nos patients qui pour survivre sont branchés à des machines et celle de nos enfants en soins intensifs, de même que les malades en dialyse et bien d’autres.
Des centaines d’opérations ont été repoussées. Les pharmacies sont quasiment vides à cause de la fermeture des frontières imposée par Israël et l’arrêt de l’aide internationale. Les rares médicaments que nous avons se détériorent par manque de réfrigération.
La nourriture aussi se détériore sans réfrigération, et les réserves sont au plus bas. Les fermiers de Cisjordanie jettent des camions entiers de fruits pourris pour avoir attendu pendant des jours la permission d’entrer à Gaza, finalement refusée par Israël.
Les enfants ont faim alors que nous voyons jeter les aliments qui auraient pu les nourrir. Plus de 30 000 enfants souffrent de malnutrition, et ce nombre va augmenter car la diarrhée se répand à cause du manque d’eau potable et de la contamination des aliments.
Je suis mère et j’ai peur pour les enfants.
Je constate les effets des bangs supersoniques continus et des bombardements d’artillerie sur ma fille de 13 ans. Elle est agitée, elle panique, elle a peur de sortir, et en même temps elle est frustrée car elle ne peut pas voir ses amies.
Quand les avions de chasse israéliens nous survolent, jour et nuit, le bruit est terrifiant. Ma fille se précipite en général dans mon lit, tremblant de peur, et on finit toutes les deux accroupies sur le sol. J’ai le coeur qui s’affole mais il faut que je calme ma fille, que j’essaie de la rassurer. Mais quand les bombes sifflent je sursaute et je crie. Ma fille sent ma peur et sait que nous devons nous rassurer toutes les deux. Je suis médecin, je suis une femme mûre mais les bangs supersoniques me rendent hystérique.
Cette agression laissera des traces psychologiques sur les enfants pour des années. Instiller en eux la peur, la colère et le sentiment de perte n’amènera pas la sécurité et la paix aux Israéliens. Le prétexte de cette campagne de bombardements est la capture d’un soldat. Pour le monde extérieur la décision peut paraître facile pour les Palestiniens : laissez partir le soldat et les bombardements s’arrêteront. Mais pour les gens de Gaza, même soumis à cette violence brutale, il est une autre décision qui ne vient pas facilement mais résolument. C’est un soldat qui a été capturé lors d’une opération militaire.
Aujourd’hui des centaines de femmes et d’enfants palestiniens sont enfermés dans les prisons israéliennes. Ils ont droit à la liberté tout autant que lui. Leurs familles pleurent leur absence tout autant que la sienne.
Aussi, tant que les gens de Gaza subissent l’orage israélien, la plupart d’entre eux veulent que le soldat soit détenu -sans qu’il lui soit fait le moindre mal- jusqu’à la libération des femmes et des enfants.
La plupart des Gazaouis croient aussi que l’attaque israélienne était déjà planifiée et que la capture du soldat n’en a été que le détonateur. Israël a lancé des milliers de bombes sur Gaza, tué des femmes, des enfants et des personnes âgées bien avant que le soldat ait été capturé.
Cette fois -ci Israël a attaqué quelques heures après un accord national a été signé entre le Fatah et le Hamas qui aurait pu mener à des négociations entre Palestiniens et Israéliens. Cela aurait amené Israël à renoncer au contrôle des terres et ressources palestiniennes.
Les Gazaouis pensent que le but de la campagne militaire israélienne est la destruction de notre gouvernement élu et de nos infrastructures, et avec eux de notre volonté d’obtenir nos droits nationaux.
Bien que nous vivions avec difficulté, nous vivons avec résolution. Tant que le monde n’imposera pas à Israël de reconnaître nos droits sur notre terre et de rechercher une paix qui amène la liberté et la sécurité aux Israéliens et aux Palestiniens, nous continueront tous à en payer le prix.