" Le blocus privent les jeunes de Gaza d’éducation et d’emploi"
La prochaine génération dans la bande de Gaza risque d’être moins éduquée, moins professionnelle et peut-être plus radicale, puisqu’un blocus de la part de l’Etat d’Israël limite les opportunités dans l’éducation et le travail, selon les Nations Unies et d’autres sources.
Le blocus, qui dure depuis quatre ans, a fait le plus de dégâts parmi les jeunes de 18 à 24 ans.
Il barre le chemin à des études supérieures, des échanges académiques et le développement professionnel, affirme le Ministère d’éducation de Gaza. L’ONU évalue la population de Gaza âgée de moins de 25 ans à 65% des 1,6 millions d’habitants gazaouis.
’L’éducation supérieure dans toutes ces formes est primordiale au bon fonctionnement d’une société et la création d’un futur état palestinien,’ affirme Max Gaylord, Coordinateur des Nations Unies pour la Cisjordanie et la bande de Gaza. ’Elle est vitale pour maintenir une certaine qualité dans des secteurs professionnels, tels la médecine et la technologie.’
Le taux de chômage à Gaza - presque 50 % selon le Bureau palestinien de statistiques (PCBS) - annonce un avenir bien sombre pour la jeune population qui est en rapide augmentation.
Le blocus économique, imposé par Israël après que le mouvement islamiste du Hamas a pris contrôle de la bande de Gaza en juin 2007, a empêché l’importation de livres, des laboratoires scientifiques et d’autres équipements de but éducatif selon UNESCO (L’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture). Israël autorise l’importation des approvisionnements humanitaires limités.
Il y a une baisse notable dans la qualité de tout le système éducatif à Gaza à cause du manque d’infrastructures, des équipements de la nouvelle technologie des informations et des dispositifs pour conduire des expériences scientifiques. Noor, dans sa deuxième année de pédagogie à l’Université Al Azhar, est classée deuxième étudiante dans toute la bande de Gaza. Elle dit qu’elle n’a pas la possibilité de lire des livres essentiels pour bien compléter ses cours - même, dit-elle, des chaises manquent dans les auditoires de l’université : ’Nos universités ne sont pas préparées pour instruire les nouvelles générations,’ dit-elle. ’Nous ne possédons qu’un laboratoire de langues et deux salles d’ordinateurs - ce n’est pas suffisant.’
Les quatorze universités et collèges publics et privés de Gaza sont au complet, mais le conflit et le blocus sévère limitent l’accès à l’éducation supérieure et il y a baisse de qualité, confirme l’UNESCO.
Selon le Centre palestinien pour les droits humains à Gaza : ’ Depuis l’imposition de la politique de fermeture totale en juin 2007, il n’y a presque aucun étudiant de Gaza immatriculé dans les universités de la Cisjordanie ; autrefois, 35% de la population estudiantine en Cisjordanie consistait de jeunes Gazaouis.’
L’interdiction de déplacement des gazaouis a contribué au développement de deux systèmes, dit l’UNESCO, ce qui fait que les étudiants de Gaza ont moins de disciplines proposées et moins d’infrastructures disponibles.
Impossibilité de payer les études
Environ 80% de la population de Gaza dépend de l’aide humanitaire selon OCHA (Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies), et les institutions d’éducation supérieure en souffrent. L’incapacité des étudiants de payer leurs études a porté un coup lourd aux universités à Gaza. Les taxes universitaires couvrent environ 60% des frais d’entretien selon l’organisation non-gouvernementale palestinienne Sharek Youth Forum.
’Le niveau d’éducation n’est pas ce que ce qu’il devrait être, et nous avons des difficultés à engager des professeurs et du personnel,’ dit Kamalain Shaath, président de l’Université islamique, considérée la première université de toutes à Gaza et en Cisjordanie. La moitié des étudiants à l’Université islamique n’ont pas pu payer leurs frais d’inscription ce semestre.
Des bâtiments endommagés ne sont toujours pas reconstruits
Ce printemps, la première volée des étudiants en médecine - une cinquantaine - recevront leurs diplômes de l’Université islamique. Dans cette zone de conflit, il y a un besoin brûlant de ces jeunes médecins. Mais les laboratoires scientifiques détruits pendant l’opération israélienne Plomb Durci n’ont jamais été remplacés.
Pendant l’assaut, qui s’est terminé en janvier 2009, sept universités et collèges ont subi des dommages. Six d’entre eux ont été totalement détruits. Seize autres ont été partiellement démolis selon l’UNESCO. En mars 2011, aucune reconstruction n’a commencé à cause du blocus sur les matériaux de construction.
Un autre problème est pressant : les classes surchargées dans les écoles. Environ 81 % des écoles publiques doivent assurer un double service (découpage de l’enseignement par demi-journée), dit Sharif Nouman, directeur général du Ministère de l’éducation à Gaza. De surcroit, le conflit entre le Fatah et le Hamas empêche une bonne communication entre les ministères de Gaza et de Cisjordanie, ce qui complique leur tâche.
Le chômage en hausse
Entre les jeunes âgés de 15 à 19 ans, le chômage s’élève à environ 72 %, et 66 % pour ceux âgés de 20 à 24 ans. Ce sont les statistiques d’un rapport socio-économique de janvier 2011 à l’UNSCO (Le Bureau du Coordinateur Spécial pour le Processus de Paix dans le Moyen Orient). En Cisjordanie, le chômage pour les mêmes groupes d’âge était respectivement de 29 % et 34 %.
Le blocus a causé la fermeture de 70 % des établissements industriels selon OCHA. Dans les deux premières années du siège, 120’000 postes de travail dans le secteur privé ont passé à la trappe. Bassam, qui étudie les médias à l’Université Al-Azhar, constate qu’’une fois que les jeunes ont leur diplôme en main, ils n’ont presque aucun espoir de trouver un travail dans une entreprise ou une association.’ Certains essayent de commencer leur propre affaire mais ’ça ne marche pas à Gaza en ce moment à cause du blocus
Les responsables de l’ONU appréhendent la conséquence de cette exclusion sociale des jeunes de Gaza. Gaylord avertit qu’ ’une société en pleine expansion, en train de s’appauvrir, dont le système d’éducation n’offre aucun espoir, encourage l’extrémisme sous les pire des formes.’
De son côte, directeur général du Ministère israélien de diplomatie publique Danny Seaman explique que ’Hamas utilise l’accès à Israël pour perpétuer des attaques terroristes contre nos citoyens, et cette menace immédiate nous préoccupe plus que le militantisme des jeunes de Gaza.’
L’UNESCO a fait un sondage auprès des étudiants universitaires de Gaza. Soixante-et-onze % ont dit qu’ils n’avaient pas d’espoir pour l’avenir ; presque autant ont exprimé la peur de futures attaques. Shadi, un physiothérapeute de la ville de Gaza, dit : ’ La plupart de nous désirent émigrer. Nous sommes isolés et frustrés.’ »