Nous avions déjà parlé durant la préparation de la mission syndicaliste du 1er mai 2004, des terribles conditions imposées aux ouvriers palestiniens au contrôle d’Erez.
Durant la mission civile d’avril mai 2005, J.avait était la seule à être autorisée à passer ce poste frontière illégal qui n’est en fait qu’un check point géant encore plus
odieux que les autres.
Elle avait pu nous confirmer que, en dépit de
tout ce que disent les média, rien n’avait changé à Gaza. Le passage du check point est toujours aussi traumatisant.
Dans ce sinistre couloir de plusieurs centaines de mètres, les fusils sont braqués sur vous depuis les miradors, les soldats israéliens hurlent des ordres souvent incompréhensibles par haut-parleurs : « avancez, arrêtez, reculez, déshabillez-vous ! ... » .
Pour près de 1 million et demi de Palestiniens, Gaza est une prison d’où l’on ne sort jamais. Cependant, Israël autorise le passage quelques milliers d’entre eux : des travailleurs
journaliers surexploités et quelques marchands.
Pour eux, Erez est un cauchemar quotidien. C’est par milliers, serrés les uns contre les autres, qu’ils doivent attendre et attendre et obéir à des ordres hurlés par les haut-parleurs.
Les militaires israéliens s’amusent à créer des paniques et des bousculades dans la foule. Des hommes et des femmes sont piétinés et parfois meurent.
L’an dernier, en février 2004, après la mort à ce
contrôle de l’ouvrier Mohammed Ibrahim Said Al-cheikh, les travailleurs palestiniens avaient organisé une grève générale d’une journée danstoute la zone industrielle d’Erez.
Les syndicalistes palestiniens avaient obtenu l’ouverture de plusieurs couloirs afin de réduire les risques de blessures et de morts durant l’attente au contrôle.
Mais un drame vient de se produire à nouveau à Erez. Toujours les mêmes raisons : couloir bondé au moment de l’embauche ou du retour des travailleurs et provocations et violences des militaires.
Nos camarades du DWRC ( Centre pour la démocratie et le Droit des Travailleurs) nous apprennent que le vendredi 3 juin entre 2H30 et 3 heures, les forces armées israéliennes ont arbitrairement imposé le blocage d’Erez, au moment où les ouvriers et les marchands palestiniens rentraient de leur journée de travail en
Israël..
La foule s’est trouvée brutalement bloquée et comprimée dans
le couloir. Ramadan Mahmoud Moshtahi est mort dans la bousculade. C’était un marchand palestinien de 83 ans habitant à Al-Shja’ia, dans les environs de Gaza.
La famille de Ramadan Moshtahi a expliqué au DWRC, rapports médicaux à l’appui, que Ramadan Moshtahi a fait une crise cardiaque, par suffocation et fracture osseuse au niveau de la cage thoracique.
Ramadan était blessé mais toujours bloqué dans le contrôle d’Erez, les secours sont arrivés trop tard et il était déjà mort quand il a été emmené à l’Hôpital.
Ramadan Moshtahi’s avait une autorisation d’entrée en Israël pour y vendre ses marchandises. Ce travail faisait de lui la principale source de revenus de toute sa famille ( qui compte, avec ses tous ses fils, filles, petits-fils et petites-filles, 80 personnes ). Les membres
adultes de la famille de Ramadan ne peuvent pas obtenir de permis pour travailler en Israël et ils gagnaient leur vie jusqu’ici en travaillant dans un atelier qui était la possession de Ramadan et qui était financé
par son travail en Israël. La mort de Ramadan va très sérieusement aggraver leurs conditions de vie.
Le Centre pour la Démocratie et les Droits des Travailleurs a déclaré que les forces militaires israéliennes sont directement responsables de la mort de Ramadan et de tout ce que les Palestiniens subissent à Erez depuis trop longtemps.
Le DWRC renouvelle son appel international à toutes les organisations syndicales et à toutes les organisations
ouvrières, et particulièrement à l’Organisation Internationale du Travail, aux organisations de défense des droits de l’Homme et à la Communauté Internationale pour qu’elle fassent pression sur Israël pour que cesse enfin le scandale du check Point d’Erez.