La commission d’enquête est dirigée par le Sud-Africain Richard Goldstone, ancien procureur en chef du Tribunal pénal international sur l’ex-Yougoslavie, et comprend l’avocat défenseur des droits de l’homme pakistanais Hina Jilali, la professeur de droit international britannique Christine Chinkin et le colonel en retraite irlandais Desmond Travers.
Richard Goldstone a confirmé mercredi qu’Israël refuserait sans doute de coopérer avec son équipe et que celle-ci arriverait donc à Gaza par le point de passage de Rafah.
Elle organisera sur place, ou à Genève si ce n’est pas possible, des auditions publiques, avant de rendre le 4 août son rapport au Conseil des droit de l’homme.
Il y a un peu plus d’un mois, un responsable israélien souhaitant rester anonyme avait révélé qu’Israël avait adressé à Goldstone une lettre l’informant qu’Israël jugeait impossible de coopérer avec une instance, le Conseil, qui avait condamné en janvier l’Etat juif pour ses "graves violations" des droits de l’homme et exigé l’arrêt de son offensive à Gaza.
De leur côté, la haut commissaire de l’Onu aux droits de l’homme, Navi Pillay, et le rapporteur indépendant de l’Onu pour les droits de l’homme, Richard Falk, ont tous deux estimé que Tsahal était susceptible d’avoir commis des crime de guerre contre des civils lors de son intervention à Gaza.
Richard Falk, un professeur de droit américain, a même adressé en mars au Conseil de sécurité de l’Onu un rapport recommandant la mise sur pied d’un tribunal pénal international ad hoc pour examiner "ce qui semble être un crime de grande ampleur au regard du droit international".
"La porte d’entrée de Gaza"
Lors de la formation de sa commission, le 15 avril, Richard Goldstone, qui est juif, avait fait état de "solides allégations de crimes de guerre" durant cette offensive qui a fait à Gaza 1.417 morts, dont 926 civils, selon les Palestiniens, 1.166 tués, dont 295 civils, d’après Israël.
Richard Goldstone, ancien juge à la Cour suprême sud-africaine mais aussi ex-recteur de l’université hébraïque de Jérusalem, avait promis à l’époque d’enquêter sur le comportement des deux camps "avant, pendant et après" l’offensive de 22 jours lancée le 27 décembre par Israël contre le Hamas.
"Nous entendons mener notre mission d’information en prenant en compte tous les éléments pertinents et les accusations de toutes les parties", a-t-il réaffirmé mercredi. "Nous avons pris la décision de tenir plusieurs jours d’auditions publiques. Si nous le pouvons dans la région, tant mieux, si nécessaire nous les tiendrons à Genève."
Ce sera la première fois que des enquêteurs des droits de l’homme relevant de l’Onu tiendront des auditions publiques, où les victimes témoignent des exactions subies, sur le modèle de la Commission Vérité et Réconciliation mise en place en Afrique du Sud après la fin de l’apartheid.
Israël, qui accuse le Hamas de s’être servi de civils palestiniens comme boucliers humains et d’avoir délibérément visé avec ses roquettes la population du sud d’Israël, faisant trois morts, affirme qu’une enquête interne de Tsahal a établi que ses militaires n’avait commis aucun écart grave à Gaza.
Arriver à Gaza par Rafah "n’était pas notre premier choix", a déclaré Richard Goldstone. Son équipe, a-t-il dit, aurait "souhaité" commencer son enquête par le sud d’Israël, notamment à Sderot, cible des roquettes du Hamas, avant "de pénétrer à Gaza par la porte d’entrée" et de se rendre en Cisjordanie, "qui fait aussi partie de notre mission".
Il a précisé qu’Israël n’avait pas répondu officiellement à sa demande d’entrée sur son territoire. Richard Goldstone a fourni toutes ces précisions après un entretien à Genève avec le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, et Navi Pillay.
Version française Marc Delteil