Ramallah - Le ministère chargé des affaires des prisonniers a publié les témoignages d’un certain nombre de mineurs détenus dans les prisons de l’occupation et qui ont été soumis à la torture, aux menaces et à des agressions brutales au cours de leur interrogatoire par des instructeurs israéliens.
Les déclarations ont été enregistrées par l’avocate du ministère des prisonniers, Hiba Msalha, lors de sa visite effectuée aux enfants mineurs dans les prisons de Megiddo et Hasharon. En soulignant que les aveux arrachés aux mineurs sous la torture sont toujours en cours, et que 90% des enfants ont été soumis à la torture et la détention dans des situations difficiles.
Elle poursuit : dans la Prison de Hasharon, 60 mineurs vivent dans des conditions très difficiles, il n’y a aucun suivi ni précaution prise à leur égard ; leurs droits sont bafoués au mépris du droit international qui leur garantit sécurité et protection contre tout abus. Elle a expliqué la situation vécue par les prisonniers dans cette prison de mineurs, à savoir :
1 - Les chambres ressemblent à des cellules avec des toilettes sans portes.
2 - Le manque de nourriture fournie, un plat de riz pour huit mineurs.
3 - Tous les mercredis leurs chambres sont inspectées par les unités de l’intelligence israélienne qui provoquent les prisonniers, ils ont puni des enfants parce qu’ils ont trouvé des drapeaux palestiniens dans leurs chambres.
4 - l’administration pénitentiaire met en isolement toute personne qui tente de revendiquer les droits fondamentaux des prisonniers.
5 - l’administration pénitentiaire procède par l’éloignement et l’isolement du mineur même pour une simple remarque faite aux gardiens.
6 - Une provocation permanente à l’encontre des mineurs qui subissent insultes, humiliations et attaque de leurs cellules par une unité de répression appelée Msada.
7 – les visites entre prisonniers sont interdites et ils ne sont pas autorisés à étudier.
8 - absence de blanchisserie, les enfants lavent leurs vêtements à la main et sans produit de lavage.
9 - Il y a des enfants prisonniers âgés de 12 ans, parmi eux l’enfant Zain Abu Maria d’Hébron.
Témoignages de mineurs :
1) le prisonnier Abdul Rahman Dahbour : « Tu resteras en prison toute ta vie »
Selon le prisonnier Abdul Rahman Dahbour Fahd 16 ans, de Azzun à Qalqilya, détenu dans la prison de Megiddo, depuis la date du 27/4/2012, les forces d’occupation l’ont arrêté après lui avoir bandé les yeux et menotté les mains, il a été détenu dans la colonie de Kedumim, puis transféré au camp de Hawara et là les enquêteurs l’ont dépouillé de tous ses vêtements de façon humiliante en proférant contre lui des injures pendant son interrogatoire.
Le prisonnier a déclaré que pendant tout l’interrogatoire, il avait les mains menottées à la chaise, accusé de jet de pierres sur les forces d’occupation, et l’enquêteur le menaça en disant : Tu resteras en prison toute ta vie et tu ne verras plus ta famille.
2) le prisonnier Bara Abou Haniyeh : « Si tu ne réponds pas je te tire dessus »
Selon le prisonnier Bara Abou Haniyeh, 16 ans, d’Azzun dans le district de Qalqilya, il a été arrêté le 27/4/2012 et transféré dans la colonie de Kedumim et de Hawara où il a été interrogé en ayant les mains enchaînées et les yeux bandés. Il a fait l’objet d’une intense pression pour lui arracher des aveux avec menaces et insultes obscènes et un des enquêteurs l’a menacé en criant : « Si tu ne réponds pas je te tire dessus ».
3) Le prisonnier Mahmoud Assahli : « Ils nous ont forcés à nous insulter les uns les autres »
Selon le prisonnier, Mahmoud Riad Youssef Assahli, âgé de 16 ans, résident au camp de réfugiés de Balata et détenu depuis le 23/4/2012, il raconte que les soldats l’ont frappé sauvagement depuis le moment même de son arrestation sur les jambes et les bras sur tout le corps. Pendant son transfert vers le camp de Hawara, dans la jeep militaire les soldats l’ont sévèrement battu. Au cours de son interrogatoire les soldats l’ont forcé à insulter ses codétenus d’une façon humiliante.
4) Le prisonnier Wael Mohsen : 45 jours d’interrogatoire et il s’est évanoui deux fois
Selon le prisonnier palestinien Wael Fakhri Mahmoud Mohsen, 17 ans, de Jénine, arrêté en Mars 2012, il raconte que les forces d’occupation ont attaqué la maison de ses parents, l’ont arrêté brutalement en criant et en le rouant à coups de crosses de fusil sur les jambes et sur toutes les parties du corps.
Wael raconte qu’il a subi un interrogatoire dans la prison de Jalama pendant 45 jours sans interruption en ayant les mains menottées à la chaise, et mis dans une cellule où il a été exposé à des lumières puissantes pour le diminuer psychologiquement. Ses geôliers ont frappé à la porte de sa cellule de façon permanente et perturbante de manière à faire pression sur lui et le forcer à avouer.
Il a commencé à souffrir de douleurs intenses dans la tête, s’est évanoui à deux reprises en raison des conditions sévères de l’enquête.
5) le prisonnier, Walid Aïd : « Les soldats ont jeté ma tante à terre et agressé les habitants de la maison »
Selon le prisonnier, Walid Morsi Walid Aïd, 17 ans, du village de Burin, district de Naplouse, arrêté depuis 18/4/2012, il raconte que les forces d’occupation ont attaqué la maison à deux heures du matin, alors qu’il dormait dans la maison de son grand-père. Ils ont fait irruption dans la maison d’une façon brutale, ont agressé ses oncles et jeté sa tante à terre, puis l’ont arrêté et conduit à pied à la colonie de Noreen, où il a été menotté sur une chaise, interrogé et battu.
Traduction : Moncef CHAHED - Groupe de travail prisonniers