Ayant réalisé une tournée triomphale aux Etats -unis pendant laquelle il a reçu de véritables ovations à plusieurs reprises de la part d’un Congrès complaisant, et réussi à amener une Maison Blanche presque aussi complaisante à se rapprocher de son « plan de convergence », Ehud Olmert envisage maintenant sa prochaine action en Cisjordanie.
Dès avant de s’embarquer pour son pèlerinage inaugural dans la capitale américaine, Olmert, sur les conseils de l’ AIPAC, le puissant groupe de pression américain, avait décidé de changer le sens de sa visite, le « plan de convergence » devenant « mieux connaître le Président Bush ».
Quel que soit le parti aux affaires, Washington a toujours été un territoire conquis pour Israël, qui considère dorénavant comme acquis le soutien inconditionnel des Etats -unis.
La visite d’Olmert à Washington en tant que Premier ministre "a réussi au -delà de nos plus folles espérances", a déclaré un commentateur israélien. Cette réussite, vu du côté israélien, se mesure à l’ampleur du succès d’Israël et de ses alliés au Congrès et au Département d’Etat à convaincre le président de la véracité et plausibilité du point de vue israélien.
Avec son taux de popularité au plus bas aux Etats-unis, surtout à cause de l’Irak, Bush n’était pas d’humeur à s’opposer à Olmert sur son plan de convergence, un euphémisme pour le vol global de la terre palestinienne.
S’attirant l’appui d’un homme qu’il ne fallait pas grand chose pour convaincre, Olmert a dit à Bush qu’Israël, en l’absence d’un partenaire palestinien fiable, devait agir seul pour assurer la sécurité et un semblant de paix pour ses citoyens.
Le Premier ministre israélien ne s’est pas embarrassé d’explications sur les raisons de l’absence de partenaire palestinien et Bush n’a pas jugé bon de demander quelles qualifications un « partenaire » palestinien devait avoir pour être accepté par Israël.
En bref, les mains indifférentes de Bush et les mains grossières d’Olmert apparaissaient jongler avec le sort des Palestiniens. Finalement ils ont réussi à s’accorder sur le fait que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qu’Olmert avait récemment catalogué comme "faible et non fiable", était peut être la personne à qui Israël devait parler.
Ce n’est pas qu’ Olmert veuille vraiment parler à Abbas ; c’est simplement qu’en ce moment délicat des manoeuvres américaines par rapport à l’Iran, Olmert doit donner l’ impression qu’ Israël explore toutes les voies possibles pour arriver à la paix avec les Palestiniens, afin que la Maison Blanche puisse donner la même impression à ses alliés de plus en plus méfiants.
Avant de se séparer, Olmert et Bush n’ont pas oublié de faire semblant de s’intéresser à la feuille de route effectivement moribonde, qui a besoin de respiration artificielle régulière pour rester en vie. Bush et Olmert ont dûment ignoré le fait que les actions israéliennes en Cisjordanie, particulièrement la construction du mur de séparation au coeur de la Palestine, rendent hors de propos ce plan soutenu par les Américains.
Sur la question du nucléaire iranien, il est évident que le Premier ministre israélien n’a pas obtenu tout ce qu’il espérait. Ce n’est un secret pour personne qu’Israël aimerait que les Etats -unis attaquent ou même envahissent l’ Iran, afin de s’assurer que l’Etat juif reste la seule puissance nucléaire du Moyen -orient.
Bush, cependant, a montré qu’il n’était pas seulement sensible au lobby juif et au camp des Evangélistes américains qui soutiennent sans hésiter des bombardements de l’Iran. Selon des rapports, des secteurs influents dans le Parti républicain, avec l’Union européenne, ont convaincu Bush de changer d’avis, sinon de sentiment, vis-à-vis de l’Iran, amenant un nouveau lot d’incitations qui pourraient mener à des discussions directes entre les Américains et les Iraniens.
Il est peu probable qu’Olmert a été enthousiaste devant ce changement de tactique mais il a dû se taire après que les dirigeants juifs américains lui ont indiqué que la question du nucléaire iranien ne devait pas apparaître comme un conflit entre Israël et l’Iran, auquel cas l’arsenal nucléaire israélien serait mis en évidence.
Dès son retour de Washington, Olmert a cherché à augmenter son succès par une autre réussite en terme de relations publiques, en Egypte. En effet, la presse israélienne a salué la visite d’Olmert en Egypte cette semaine comme "probablement la plus cordiale qu’ait jamais effectué un premier ministre israélien".
A Charm El-Cheikh Olmert a évité autant que possible la question palestinienne, se contentant de répéter les plaisanteries diplomatiques habituelles sur les efforts conjoints d’Israël et de l’Egypte pour arriver à la paix.
Olmert a dit à Mubarak qu’Israël n’épargnerait aucun effort avec les Palestiniens afin d’arriver à la paix , mais qu’il le ferait seul s’il ne trouvait pas de partenaire palestinien. Il a aussi tenté de mettre en lumière le « problème de la terreur » de manière à suggérer que la terreur est le problème le plus urgent de la région, et que la question de la Palestine n’est qu’un problème secondaire.
Mubarak a dit à Olmert qu’Abbas était le partenaire qui voulait arriver à un règlement de paix avec Israël, basé sur la Feuille de route, tandis qu’ Olmert, soucieux de maintenir un minimum de bonne entente avec la direction égyptienne, a promis de rencontrer Abbas bientôt.
Personne n’attend de résultats substantiels d’une quelconque réunion et quand Israël prétend qu’il n’y a pas de partenaire palestinien pour la paix, c’est, en un certain sens, vrai.
Il n’y a certainement aucun partenaire palestinien qui est prêt à accepter qu’Israël annexe de larges portions de la Cisjordanie, y compris à Jérusalem -est, ni à renoncer au droit au retour de millions de réfugiés palestiniens.
Pour une vaste majorité des Palestiniens un tel dirigeant serait plus un collaborateur qu’un partenaire.