Le choix des images est fort : des portraits des victimes d’attaques palestiniennes, des empreintes de mains ensanglantées sur ce qui semble être un formulaire de sortie de prison et des manifestants portant des keffiehs, les mains couvertes de peinture rouge. Dimanche 28 juillet, plusieurs dizaines d’Israéliens ont manifesté à Jérusalem, devant les bureaux.
Cette contestation est survenue peu avant la décision du gouvernement de libérer 104 prisonniers palestiniens, dans le cadre de la reprise des négociations de paix directes avec les Palestiniens. Une « décision difficile » selon les mots du Premier ministre, qui s’était empressé, un peu plus tôt, de faire approuver un projet de loi prévoyant de soumettre à référendum tout accord de paix conclu lors de ces négociations.
Cette mesure apparaît comme un moyen pour le leader de la coalition de droite de « faire passer la pilule » des concessions que devra faire d’Etat hébreu dans ce processus de paix. Mais il est avant tout un geste inédit au bénéfice de la tranche la plus nationaliste du pays.
Envisager un nouveau plan de désengagement devient plus difficile
En effet, Israël figure parmi les pays n’ayant jamais organisé de référendum, malgré de nombreuses tentatives tout au long de son histoire. Dépourvu de Constitution, le système législatif israélien est fondé sur une série de 14 lois fondamentales adoptées par la Knesset depuis sa création. Aucune d’entre elles ne prévoit la possibilité de soumettre au vote populaire direct une mesure du gouvernement.
Ce n’est qu’en juin 2008 que le Parlement vote une loi prévoyant la tenue d’un référendum avant tout retrait du « territoire souverain israélien ». Le projet de loi annoncé par le gouvernement ce dimanche 28 juillet, s’inscrit dans la lignée de cette démarche. Ce type de référendum deviendrait alors un droit fondamental. « Il est important que, pour de telles décisions historiques, chaque citoyen vote directement sur un sujet qui va décider de l’avenir du pays », a expliqué Benyamin Netanyahu dans un communiqué. Plus concrètement, si ce projet de référendum est adopté par la Knesset, tout plan de désengagement des territoires occupés devient de fait très difficile.
Le Premier ministre a donc rassuré ses partenaires de droite : une telle mesure permet d’éviter ce que beaucoup d’Israéliens considèrent comme un épisode noir de leur histoire. En 2004, le gouvernement d’Ariel Sharon approuve le retrait de 21 colonies de la bande de Gaza et quatre autres de Cisjordanie. L’année suivante sont expulsés quelque 8 000 colons israéliens, de force pour la plupart. A l’époque, un sondage publié par les médias nationaux révèle que plus de la moitié des Israéliens rejette ce plan de désengagement. Benyamin Netanyahu, alors ministre des Finances d’Ariel Sharon, réclame la tenue d’un référendum, qui lui est refusé, puis démissionne en signe de protestation.
Des négociations freinées avant l’heure
En ce sens, le projet de référendum pourrait diminuer les chances de parvenir à un accord avec les Palestiniens, nombre d’Israéliens étant opposés à la cession de territoires sous contrôle de l’Etat hébreu. C’est pourtant sur ce point qu’insistent les négociateurs palestiniens.
Bloquées depuis septembre 2010 à cause de la reprise de la colonisation israélienne en Cisjordanie, les négociations se heurtent constamment à la question territoriale. Pendant trois ans, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmous Abbas, a refusé d’entamer officiellement les pourparlers si l’Etat hébreu n’était pas près de revenir sur les frontières d’avant la guerre des Six jours, en juin 1967, et d’arrêter la colonisation. Aujourd’hui les dirigeants Israéliens expliquent qu’ils ont tenu bon en refusant ces conditions. Mais ils ont dû se résoudre à la libération de 104 détenus palestiniens et arabes-israéliens.