La population de Gaza et la communauté internationale retiennent leur souffle. Les négociateurs israéliens et palestiniens doivent reprendre mercredi 13 août des négociations pour essayer de transformer en paix durable la trêve de 72 heures, respectée depuis lundi, dans la bande de Gaza dévastée par la guerre entre le Hamas et Israël.
Ce cessez-le-feu doit normalement prendre fin jeudi à 00 h 01 heure locale (mercredi 23 h 01 à Paris) : de quoi rendre le contexte de ces discussions éprouvant, après plus d’un mois d’une guerre qui a fait près de 2 000 morts palestiniens et 67 morts israéliens.
COUPS DE SEMONCE
Mardi, au deuxième jour de la trêve, les Gazaouis ont continué à se réinstaller ou à venir récupérer des affaires dans les maisons que les bombes les avaient forcés à quitter.
Dans ce spectacle de dévastation, aucun tir de roquette ou de mortier sur Israël n’a été signalé de Gaza depuis le début de la trêve, et l’armée n’a procédé à aucune frappe en territoire palestinien.
Des coups de semonce ont néanmoins été tirés mardi par la marine israélienne à l’attention d’un petit bateau à moteur : Selon l’armée israélienne, le bateau s’est aventuré au-delà de la limite autorisée de trois milles nautiques (5,5 km).
De quoi rappeler la réalité du blocus maritime sur Gaza, imposé strictement depuis 2007 par Israël et qui asphyxie l’économie d’un territoire exigu où s’entassent 1,8 million de personnes.
« LES NÉGOCIATIONS SONT ÉPUISANTES »
En Égypte, pays qui joue traditionnellement les médiateurs entre les deux parties, les négociateurs d’Israël et du Hamas tentent de trouver au Caire une formule extrêmement complexe pour satisfaire des exigences apparemment contradictoires : la sécurité pour Israël, la levée du blocus de Gaza pour les Palestiniens.
Lundi, Israéliens d’un côté et Palestiniens du Hamas, du Jihad islamique et du Fatah de l’autre ont eu plus de neuf heures de négociations indirectes au quartier général des services de renseignement égyptiens. Ces pourparlers se sont poursuivis mardi.
« Il y a eu un progrès, mais pas suffisant pour signer un accord, les négociations reprennent demain », a déclaré en fin de session un membre de la délégation palestinienne, sans plus de précisions. « Les négociations sont difficiles et épuisantes », avait plus tôtun membre de la délégation palestinienne.
Les négociateurs israéliens ont de leur côté repris l’avion mardi soir à destination d’Israël, sans doute pour consulter le gouvernement comme à la fin de chaque journée de pourparlers.
VERS UN ALLÈGEMENT DU BLOCUS ?
Des informations fragmentaires, contradictoires et difficilement vérifiables ont régulièrement filtré mardi sur la persistance de divergences profondes ou sur la réalisation de progrès.
Selon des négociateurs palestiniens, Israël consentirait à alléger les restrictions à deux points de passage de la frontière entre Gaza et le territoire israélien, l’un pour les personnes, l’autre pour les biens. Ce dernier serait sous supervision internationale.
Les trois parties (Israël, Hamas, Égypte) auraient aussi accepté l’idée que le passage de Rafah, entre Gaza et l’Égypte, soit contrôlé selon des modalités à définir par les Égyptiens et les Palestiniens.
Selon la presse israélienne, Israël aurait par ailleurs accepté de porter à 5 000 chaque mois le nombre de permis délivrés aux Gazaouis pour se rendre en Israël ou en Cisjordanie, et de doubler à 600 le nombre de camions autorisés à franchir chaque jour le point de passage de Kerem Shalom.
Israël accepterait aussi, selon les mêmes sources, l’entrée d’argent sous de strictes conditions pour payer les dizaines de milliers de fonctionnaires qui attendent leur salaire depuis des mois, et d’étendre les zones de pêche. En revanche, Israël ne voudrait pas entendre parler de la construction d’un port ou d’un aéroport.
LA DÉMILITARISATION DE GAZA EN JEU
Le premier ministre Benjamin Netanyahu réclame également, par l’intermédiaire de ses délégués, une démilitarisation de Gaza, dans un contexte l’opinion israélienne est largement favorable à la guerre contre les groupes armés palestiniens, et où les faucons de son gouvernement veulent en finir militairement avec le Hamas.
La délégation palestinienne a en revanche une nouvelle fois opposé au Caire mardi une fin de non-recevoir à cette demande de démilitarisation.