...Israël n’échappe pas à la règle, refusant d’examiner ses actes et poursuivant une terrible occupation, perpétuant l’injustice et détruisant la moindre lueur d’espoir de conclure un accord viable et pacifique pour les Palestiniens et les Israéliens.
Un article publié dimanche 20 juin par Associated Press se fait l’écho des plaintes des colons israéliens de la ligne dure vivant à Gaza et qui rejettent les compensations que leur propose le gouvernement israélien pour leur évacuation, certains d’entre eux refusant d’être "déracinés" de leurs colonies tandis que d’autres trouvent le montant de ces compensations, qui devraient atteindre une moyenne de 300.000 dollars US, insuffisant pour assurer le maintien de leur niveau de vie en Israël proprement dit.
Yossi Ayalon, un garde-du-corps israélien vivant dans la colonie de Dugit, à Gaza, explique que le gouvernement israélien ne pourra jamais attribuer un prix "à l’air frais et au style de vie dans une petite ville." Le mouvement des colons de Gaza constitue à l’heure actuelle la plus sérieuse menace contre l’infâme et vacillant plan de "désengagement unilatéral" de Sharon, plan dont dépend l’avenir de son gouvernement.
Au milieu des 1,3 millions de Palestiniens qui vivent à Gaza, pour la plupart dans de terribles conditions, entassés dans des camps de réfugiés sous-équipés, 7.500 colons israéliens représentant moins de 0,5% de la population de Gaza y vivent et en occupent plus de 15%.
Tandis le gouvernement d’Israël voit la nécessité de donner une compensation aux colons qui seront évacués (et dont la plupart se sont établis au cours des deux dernières décennies), il continue à refuser de reconnaître le déplacement des Palestiniens par Israël en 1948 et 1967 et la nécessité d’une restitution.
Alors que les colons israéliens n’hésitent pas à se décrire comme "déracinés" et "expulsés" par l’évacuation prévue il leur semble impossible, comme à l’essentiel de la société israélienne, de reconnaître les dépossessions et les déplacements des Palestiniens qui ont en grande partie permis l’établissement et l’extension des colonies israéliennes.
Que 7.500 colons ayant tiré bénéfice de l’occupation israélienne illégitime pour s’établir à Gaza reçoivent une compensation du gouvernement pour leur évacuation tandis que l’on continue de refuser aux Palestiniens la reconnaissance de l’expulsion subie est, au mieux, malveillant et hypocrite.
Comment les colons israéliens de Gaza peuvent-ils faire l’impasse sur le fait que les gens qui s’entassent derrière leurs grands jardins et leurs fronts de plage ont été expulsés des maisons qu’ils doivent maintenant regarder avec l’insoutenable douleur de ne jamais pouvoir y retourner ?
Israël ne devrait-il pas comprendre la raison pour laquelle les réfugiés palestiniens n’abandonneront pas leur droit au retour et s’accrocheront aux clefs et aux actes notariés des maisons et des terres dont ils ont été expulsés, ne serait-ce que pour en préserver le souvenir ?
Ayalon sera-t-il maintenant disposé à reconnaître l’injustice faite aux millions de Palestiniens qui vivaient jadis en cet endroit même et qui y connaissaient le même bonheur ?
Quand les Israéliens prendront-ils acte du fait que les Palestiniens ne sont pas seulement des chiffres qui augmentent avec le temps mais des personnes, blessées et humiliées, qui refusent que leurs vies deviennent négociables et qu’elles soient sujettes à un règlement financier ?
Aussi longtemps que le gouvernement israélien refusera de reconnaître la critique situation des réfugiés palestiniens et la nécessité de trouver une solution à cette situation pour assurer le succès de tout règlement futur, il continue d’emprunter un chemin fataliste qui s’avèrera finalement impraticable.
Si Israël n’ouvre pas les yeux maintenant, il sera trop tard pour réaliser un changement fondamental, trop tard pour jeter les bases d’un avenir radieux et stable, trop tard pour rétablir l’humanité et la dignité pour toutes les personnes vivant sur cette même terre.