Hind Khoury, qui remplace désormais à Paris Leïla Shahid à la tête de la Délégation générale de Palestine, donnait hier [1] sa première conférence de presse. Très souriante, d’une voix douce, et dans un français encore un peu hésitant, elle s’est prêtée avec gentillesse au jeu des questions-réponses.
D’emblée, elle a mis l’accent sur la situation tragique de son peuple. « Qu’en sera-t-il demain du peuple palestinien ? » a-t-elle demandé en pointant les intentions du nouveau premier ministre israélien, Ehud Olmert, « de couper la Cisjordanie en morceaux et de pratiquer de nouvelles annexions avec un mur qui s’empare de nos terres les plus fertiles, de nos nappes aquifères, à l’ouest et dans la vallée du Jourdain. »
Rejetant cette politique unilatérale qui ne peut mener selon elle « qu’au désespoir et à la violence », elle a lancé un appel à une reprise rapide des négociations de paix. « Le principal problème, c’est l’occupation. Si Israël accepte d’en parler, on peut facilement trouver une solution en un an, le président Abbas, président de l’OLP, y est prêt », a-t-elle affirmé.
À propos de la méfiance que suscite le gouvernement du Hamas dans la communauté internationale, elle a répété que ce mouvement, depuis sa victoire électorale, multipliait « les indications positives montrant qu’il se rapproche des positions de l’OLP » [2]. « Il doit tenir compte de la volonté de paix exprimée, dans les sondages, par 75 % des Palestiniens, a-t-elle ajouté. Donnez-lui sa chance et accordez-lui le temps de faire ses preuves. Vous lui demandez de reconnaître Israël, mais il faut aussi exiger la réciprocité : qu’Israël reconnaisse notre droit à un État libre et viable. »
Elle a surtout souligné les effets catastrophiques d’une coupure de l’aide internationale. « Sans cette aide, a-t-elle dit, les institutions construites avec votre argent vont s’effondrer et le risque de violence augmentera. »
Quant à la perspective d’une auto-dissolution de l’Autorité palestinienne, dont la menace est agitée par certains parlementaires du Fatah face à l’intransigeance d’Israël, elle a estimé que c’était « une possibilité dont le peuple palestinien parle ouvertement depuis quelque temps. Si l’Autorité palestinienne est privée des moyens de faire face à ses responsabilités, il sera naturel de mettre Israël, puissance occupante, face aux siennes ».
Hind Khoury a indiqué qu’elle avait, le matin même, téléphoné à son successeur, le ministre chargé des Affaires de Jérusalem, après son arrestation par les autorités israéliennes.
Elle a souligné la gravité de la nouvelle législation qui vise à couper totalement les Palestiniens de Cisjordanie de la ville de Jérusalem-Est.