Cela a toujours été le cas de la relation des Etats-Unis avec les Palestiniens en particulier et les Arabes et les musulmans en général, par rapport à Israël.
Rien n’est plus solide que les faits bruts. Cette année le Parlement américain a approuvé l’octroi de 2.46 milliards de dollars US (US$), en assistance à Israël seul pour 2007, ce qui est la somme la plus forte octroyée sur l’ensemble des pays. Sur cette somme, 2.34 milliards de dollars sont affectés à l’aide militaire en plus de 120 millions pour l’aide économique habituelle. Rien à voir avec ce que reçoit l’Autorité palestinienne.
Selon le site Internet www.ifamericansknew.org, en 1997 Israël a reçu 15 139 178 US$ par jour des Etats-Unis, alors que les ONG palestiniennes 232 290 US$ par jour.
Il n’y a rien de caché dans le parti pris américain en faveur d’Israël. Il est bien connu qu’Israël est le plus gros bénéficiaire de l’aide financière des Etats-Unis bien que son produit intérieur brut par tête (17 500 US$ en 1997) en fasse l’un des pays les plus riches de la planète. Bien qu’ayant considérablement plus besoin de l’aide financière des donateurs internationaux, les Palestiniens ne reçoivent que des miettes, comparé à Israël.
Malheureusement le parti pris va beaucoup plus loin que les liasses de billets verts offerts au caniche de l’Amérique.
Creusons un peu la question des citoyens américains -des gens nés sur le sol américain ou naturalisés légalement- qui sont détenteurs du passeport bleu marine, frappé d’un aigle fier. Des centaines de milliers de citoyens américains (et d’autres nationalités) d’origine palestinienne se sont installés en Palestine, pour beaucoup depuis très longtemps. Ils y ont élevé leurs enfants, monté leurs affaires, enseigné dans des écoles et universités, et nombre d’entre eux en sont venus à considérer la Palestine comme leur lieu de résidence permanent.
Depuis des années, ces Palestiniens, dont beaucoup ont demandé et se sont vu refuser le droit de résidence permanent en Cisjordanie ou dans la Bande de Gaza par les autorités israéliennes, sont forcés de sortir des Territoires palestiniens et d’y rentrer, en passant par Israël, avec des visas de touristes de 3 mois.
Bien que compliqué et coûteux, c’était la seule façon pour ces citoyens américains de rester auprès de leurs familles.
Cependant, après le déclenchement de la deuxième Intifada, et dans des proportions qui sont devenues alarmantes l’an passé, des centaines de ces détenteurs de passeports US, ont été refoulés à la frontière israélienne, priés de repartir d’où ils venaient, et informés qu’ils étaient dorénavant “persona non grata” en Israël.
Au début on a pensé que c’était des cas isolés, aussi scandaleux fussent-ils. Mais devant la forte augmentation du nombre de Palestiniens ayant des passeports étrangers qui sont interdits d’entrée, la panique aussi a augmenté dans ce secteur de la société. Des plaintes ont été déposées à de multiples reprises au Consulat américain qui, dans le meilleur des cas, a demandé que des preuves de ces incidents soient apportées.
Une Américaine, gardée pendant 7 heures dans une cellule de détention à l’aéroport Ben Gurion [1], s’est entendu dire qu’elle serait remise dans l’avion suivant pour les Etats-Unis et une voix sèche à l’Ambassade américaine à Tel Aviv lui a signifié qu’Israël était souverain en ce qui concerne ses frontières, et que l’Ambassade ne souhaitait pas intervenir en ce qui touche à la "sécurité" d’Israël.
Après des mois de plaintes et de démarches incessantes, une organisation de citoyens, appelée Campagne pour le Droit d’entrer et sortir des Territoires palestiniens occupés (Campaign for the Right of Entry/Re-Entry to the oPt) a fini par recevoir une réponse officielle indiquant que le département d’Etat américain avait déposé une plainte formelle auprès de l’Ambassade israélienne à Washington concernant les restrictions d’accès imposées aux Américains qui veulent entrer dans les territoires palestiniens.
Il reste à voir quelle conséquence cela va avoir pour les quelque 120 000 personnes concernées par la politique israélienne d’interdiction d’entrée pour les Palestiniens.
La véritable question est de savoir ce qu’auraient fait les Etats-Unis si une telle politique avait été dirigée contre des juifs américains dont l’entrée serait systématiquement interdite, disons dans un pays arabe.
Le Président lui même ne serait-il pas monté au créneau ?
Des accusations d’ "antisémitisme" ne voleraient-elles pas dans tous les sens ? Si tel était le cas, les Etats-Unis n’auraient-ils pas menacé cet "autre" pays de sanctions s’il ne changeait pas de politique ?
Ceci n’est qu’une hypothèse bien sûr, car à notre époque, une telle discrimination contre des Israéliens, ou des juifs, d’ailleurs, ne serait jamais tolérée. Regardez l’incident moins sérieux qui a impliqué la super star d’Hollywood, Mel Gibson, il y a quelque mois. Dans un délire alcoolisé, Gibson s’est énervé contre un officier de police de Los Angeles qui l’avait arrêté en état d’ivresse et il a dit l’indicible. Il paraît que Gibson a dit à l’officier que "les juifs sont responsables de toutes les guerres dans le monde."
Le reste est connu. Pas vraiment réprimandé pour avoir conduit en état d’ébriété à 2 heures du matin, Gibson a par contre été cuisiné sur son attaque "antisémite". L’acteur, dégrisé, a immédiatement présenté ses excuses à la communauté juive pour l’avoir offensée et proposé de s’exprimer dans des synagogues sur ce qu’il pensait "vraiment". Gibson a fait les grands titres pendant plusieurs jours et déclenché des échanges de mails sur des forums. L’un d’eux, signé "Jim", a été envoyé à la BBC, disant :.
"Toute cette affaire est encore une preuve éclatante du deux poids -deux mesures. Si Robert Redford avait dit à un policier qui l’arrêtait pour conduite en état d’ébriété : ’les musulmans sont responsables de toutes les guerres dans le monde’, rien n’aurait filtré dans les médias".
C’est malheureusement vrai.
Un mois plus tard le monde a eu la preuve de cette honteuse politique de deux poids -deux mesures : Quand le Pape Benoit 16, pour corroborer son opinion sur le jihad, a cité un empereur romain du 14ème siècle qui avait déclaré l’Islam "mauvais", on n’a pas entendu un murmure dans le monde non musulman.
Alors que des manifestations violentes avaient lieu dans le monde arabo-musulman, pour protester contre les déclarations du Pape, le Vatican déclarait imperturbablement que "ce n’était pas l’intention du Saint Père d’offenser la sensibilité des croyants musulmans". Pas vraiment une excuse, qui n’a d’ailleurs jamais été exprimée par le pontife.
Il semble donc correct de dire que les réflexions racistes alcoolisées d’une célébrité d’Hollywood attirent davantage l’attention des médias et des excuses à profusion que les remarques calculées du dirigeant spirituel de plus d’un milliard de catholiques.
Les Palestiniens et les musulmans sont terriblement conscients que, dès qu’il s’agit des Etats-Unis et du monde occidental en général, ils se battent à contre-courant contre les stéréotypes et le deux poids - deux mesures.
La maxime : "ce qui vaut pour l’un vaut pour l’autre" ne s’applique certainement pas en ce qui concerne Israël et la Palestine et, globalement les musulmans et les juifs. S’il y a une chose que Mel Gibson a apprise de cette arrestation, ce n’est pas seulement qu’il ne doit pas boire ET conduire, mais aussi qu’il doit garder le silence quand il s’agit du "peuple élu de Dieu".