Je ne crois pas non plus exagérer en affirmant que nul n’aurait cru ne serait-ce qu’une seconde que cette Administration commettrait une telle quantité d’erreurs. Même s’il faut admettre que l’emprise des néo-conservateurs sur les cercles décisionnaires américains est énorme. Ce qui a provoqué des crises importantes à l’échelle mondiale, et laissé des séquelles sur la réputation des Etats-Unis.
Tout ceci, bien entendu, sans rentrer dans les détails du jeu de pouvoir et des huis clos décisionnaires dans un pays comme les Etats-Unis. Par ailleurs, durant ces sept années de mandat, ce qui transparaît de la politique étrangère américaine n’est qu’échec et trébuchement, que ce soit dans son projet de former un grand Moyen-Orient, ou en Afghanistan et en Iraq. Ces échecs répétés reviennent en premier lieu à l’incapacité des Etats-Unis de comprendre l’Histoire, les racines civilisationnelles et la structure sociale des autres peuples.
Sans cette compréhension des caractères et des croyances d’autrui, les preneurs de décision à Washington ont cru que seule la force était capable de tout trancher et d’imposer une réalité que seuls eux désirent et veulent imposer. Ils ont tenté d’un autre côté de couvrir l’imprudence et l’impulsion militaire par des postulats médiatiques trompeurs, en affirmant que l’Amérique était mieux avertie sur les intérêts des peuples que leurs propres gouverneurs.
Il n’était donc pas étrange dans un tel contexte que la situation se retourne contre elle. Les guerres absurdes qu’elle a menées au nom des exigences et des devoirs de la sécurité nationale américaine sont devenues un lourd fardeau pesant sur la sécurité, l’économie et la conscience américaine. La plus grande victime des années du mandat de Bush qui était caractérisée par une arrogance militaire accompagnée d’une ignorance politique est notre nation arabo-musulmane. C’est cette ignorance et cette arrogance qui ont engendré l’imprudence et l’impulsion américaines entraînant ces fausses guerres contre de faux adversaires. Les Etats-Unis évitaient de s’engager dans des guerres régulières, sauf en cas de besoin quel que soit le degré de provocation dont ils avaient fait l’objet. Aujourd’hui nous voyons une Amérique, sous l’emprise des néo-conservateurs qui abusent sans réfléchir du recours aux frappes préventives sans raison valable. Une Amérique qui autorise le droit d’intervention directe, sans mesurer les conséquences.
Contrairement aux espérances de Bush qui a tenté au cours de sa dernière tournée au Moyen-Orient de mobiliser les pays de la région, et surtout du Golfe pour former une coalition à même d’étouffer l’Iran, ces derniers ont élargi leurs transactions avec Téhéran. Ce rapprochement a eu lieu sans aucune contestation des Etats-Unis qui, selon toute vraisemblance, s’apprêtaient à conclure un marché politique avec l’Iran au détriment des pays de la région. Un marché qui pourrait influencer le Hezbollah au Liban, le règlement politique de la cause palestinienne, l’entente autour du dossier nucléaire iranien et l’accalmie en Iraq.
Selon les analyses, le recul relatif dans la position américaine vis-à-vis de l’Iran n’est qu’un nouveau calcul mis sur le devant de la scène à cause de la probabilité que le candidat démocrate Obama accède au siège présidentiel. Une nouvelle situation va s’imposer à la lumière de laquelle de nouvelles voies seront alors accessibles avec Téhéran. Il est incontestable dans ce même ordre d’idées que l’échec américain en Iraq et en Afghanistan et le trébuchement des efforts consistant à trouver un règlement politique à la cause palestinienne ont calmé l’arrogance ainsi que l’ignorance américaine au niveau du dossier iranien malgré l’acuité des pressions israéliennes dans ce sens.
En portant mon regard sur les présidentielles américaines, point de mire du monde entier, je remarque qu’à l’exception de John MacCain, tous les acteurs dans cette course ont tendance à afficher leur opposition à l’invasion de l’Iraq, bien qu’ils tentent tous de satisfaire le lobby juif. Soit en évitant de critiquer Israël et ses pratiques hostiles à la légitimité et au droit international, comme le fait Obama, ou en affichant avec excès l’appui manifeste à Israël comme le font John MacCain et Hillary Clinton. J’aimerais pour finir m’interroger sur les voix arabes et musulmanes qui sont au nombre de 4 millions éparpillées dans les 52 Etats américains.